De nombreux petits rien ne font pas un grand vide
Wim Wenders pointe sa caméra durant 2 heures sur un homme mutique, isolé, à la vie rythmée comme un coucou suisse ; il est nettoyeur de toilettes publiques à Tokyo. Il ne nettoie pas n’importe quelles toilettes, mais de véritables œuvres architecturales construites spécialement pour les JO de 2020 ; qui auront lieu en 2021, sans spectateur. Cet homme fait l’éloge du temps présent, de l’amour du travail bien fait et de la richesse intérieure. Sa vie est emplie de multitudes petites choses, de petits moments bien à lieu, très loin de la société de consommation. Cette vie pourrait paraitre terne et bien triste, mais il fait de cette petite vie sans grand moyen financier, un havre de paix et démontre que la richesse est bien ailleurs que dans le compte en banque et les démonstrations sociales que l’on peut en faire. Il prendra la parole au bout de 1h15 lorsque sa vie bien cadencée sera déréglée par des rencontres ou des retrouvailles. Celles-ci l’amèneront à reconsidérer la sienne, un mouvement non salutaire mais dont il saura se saisir. Certains trouveront ce film ennuyeux et répétitif ; et c’est bien tout ce côté contemplatif qui en fait le sel. La bande musicale qu’écoute ce Monsieur hors du temps est tout simplement magique ; composée de classique que l’on aime à réécouter et qui sied tellement à ce personnage. Auréolé du Prix d’interprétation à Cannes, Koji Yakusho est de tous les plans et tous ses regards et ses gestes sont emplis d’humanité. Terminons juste sur un bémol, le dernier quart d’heure et la dernière rencontre n’est pas à la hauteur du reste du propos ; sans dénoter avec la tonalité générale du film, donc on accepte cette légère facilité scénaristique sous forme de twist final.
Ce film est un poème tout en douceur et bienveillance, un film qui fait du bien. C’est une ode aux gens ordinaires ; aux invisibles. Il n’est pas sans rappeler le « Patterson » de Jim Jarmush.
Sorti en 2023
Ma note: 16/20