LA JEUNE FEMME A L’AIGUILLE (Critique)

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

SYNOPSIS : Copenhague, 1918. Karoline, une jeune ouvrière, lutte pour survivre Alors qu'elle tombe enceinte, elle rencontre Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d'adoption clandestine. Un lien fort se crée entre les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.

Troisième long métrage du suédois Magnus Von Horn, pour La jeune femme à l'aiguille, le réalisateur dira que son film " dénonce la situation des femmes à l'époque mais aussi aujourd'hui, à partir d'un fait historique atroce" . Il ajoute qu'il se sent concerné d'autant plus qu'inspiré par l'expérience personnelle de sa femme ayant du subir un avortement en Pologne en 2017. Autant prévenir d'emblée, La jeune femme à l'aiguille est d'une inouïe et effroyable violence. A tel point que l'on peut se demander si c'était réellement utile. Un sentiment de malaise certain tant certaines scènes pourraient être soupçonnées d'une forme de gratuité. D'autant que le message du film n'apparaît pas aussi clairement que ce qui est signifié par le cinéaste, et avec des scènes qui entraînent de fait des suffocations par moment. Après, si le cinéma c'est ressentir des émotions, alors en l'espèce on peut ici crier au chef-d'œuvre car La jeune femme à l'aiguille laisse difficilement indifférent. C'est d'ailleurs là que certains crieront au scandale et d'autres, moins nombreux au génie. Même si la musique ultra saccadée aux moments insoutenables comme pour nous prévenir " Attention, c'est là maintenant " est un peu ridicule. Mais pas autant que les images en surimpressions dans des effets douteux de fantômes ou autres difformités. On frôle la caricature et c'est toute la question de la sincérité de la démonstration qui se pose alors.


En tous les cas, dans ce Copenhague de 1918, rien ne sera épargné à Karoline, et disons-le quand un avion s'écrase, c'est quand même un peu sur ses pompes... Enfin sur ses espadrilles élimées... Un mari possiblement mort à la guerre, mais qui finalement revient défiguré donc c'est presque pire. Un mariage avec son boss qui peut la sortir définitivement de sa condition, mais la belle-mère marâtre et castratrice à souhait en décidera autrement pour raison d'inconvenance sociale en somme. Et cette rencontre avec Dagmar, qui ne sera pas autre chose que le début de la fin et va inscrire sa propre tragédie.


Cette histoire, sans la déflorer ici, qui a traumatisé en son temps le Danemark est narrée sur un ton exigeant et dérangeant, qui va quand même trifouiller dans le pire de l'âme humaine attendu qu'il s'agit du sort de bébés, plus haut symbole de pureté et d'innocence. La question du déterminisme social est latente tout au long de l'œuvre mais plutôt en ellipse, et amenée assez habilement. Il demeure également l'intrigue dont le dénouement demeure relativement surprenant et qui prend même un peu à contre-pied tout ce que le cinéaste nous a dit avant sur la notion de maternité.

Le casting est emporté par une double performance féminine. Trine Dyrholm dans le rôle de Digmar, dont on ne sait pas tout de suite les intentions, joue sur ce fil ange et démon. Elle semble la sauveuse, mais qui dissimule peut-être les raisons de cette âme salvatrice. Elle alterne raideur et douceur et son visage s'imprime en nous, surtout quand elle se défendra face à ses accusateurs. Victoria Carmen Sonne est une Karoline évidemment battante, mais qui ne fait pas que s'en laisser compter. Elle sera en permanence malmenée, et au-delà de l'évidente empathie pour le personnage, l'actrice avec une interprétation nuancée rend son personnage plus complexe. Au final, La jeune femme à l'aiguille est un incontestable choc, donc on ne l'oubliera pas, mais on aurait aussi pu s'en passer, car la caricature formelle, ajoutée aux questionnements sur l'intention réelle du réalisateur viennent jeter le trouble sur ce qui aurait pu être une œuvre profondément marquante.

Titre Original: PIGEN MED NALEN

Réalisé par: Magnus von Horn

Casting: Trine Dyrholm, Victoria Carmen Sonne, Besir Zeciri...

Genre: Drame, Historique

Sortie le: Prochainement

Distribué par: Bac Films

BIEN