De Artus
Avec Artus, Clovis Cornillac, Alice Belaïdi
Chronique : Il arrive parfois qu’un film venu de nulle part s’impose par surprise comme un phénomène populaire. Cela se produit peut-être tous les cinq/six ans, sans qu’il n’y ait forcément d’explication rationnelle. Un peu à l’image de Bienvenue chez les Ch’tis, Intouchable ou encore Les Choristes en leur temps, personne n’a vu venir le succès stupéfiant que rencontre Un P’tit Truc un plus actuellement.
L’humoriste Artus, dont c’est la première réalisation, dégage un énorme capital sympathie, tout en étant capable de débiter les pires des horreurs. Son humour noir très trash pouvait légitimement faire craindre de sacrées sorties de route dans un film porté par des handicapés mentaux.
Mais il se passe un petit miracle. Mix improbable entre Intouchable, le 8ème jour et Nos jours heureux, Un P’tit truc en Plus pourrait se casser la gueule 20 fois, se fourvoyer dans une comédie cringe et malaisante, mais parvient en étant constamment sur le fil à rester digne et bienveillante, jamais méchante. Mais drôle, très drôle.
Certes, la mise en scène ne vole pas bien haut, mais l’écriture est brillante, dégoupillant des répliques qui font mouche et des situations hilarantes. Il gère même haut la main un running gag pourtant simpliste.
Surtout, on sent qu’Artus a laissé plus de place à son cœur qu’à son cynisme pour écrire son film. On rigole avec les jeunes du centre, et pas d’eux. Ce qui explique aussi sans doute la belle alchimie entre eux et les comédiens professionnels. Artus noue une complicité qu’on sent sincère avec les jeunes alors qu’Alice Belaïdi semble faite pour être éducatrice. Et Clovis Cornillac est très touchant dans ce rôle de malfrat qui se découvre une fibre paternelle aux contacts d’un gamin handicapé.
Evidemment, la bienveillance du film est aussi sa limite, et Un P’tit truc en Plus montre peu la dureté de la gestion du handicap et les moments moins joyeux du quotidien des enfants et des accompagnants. Mais il capitalise sur une idée de vivre ensemble qui fait un bien fou. C’est un joli film, émouvant et drôle. Et c’est déjà beaucoup.
Synopsis : Pour échapper à la police, un fils et son père en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé. Le début des emmerdes et d’une formidable expérience humaine qui va les changer à jamais.