Les Géants de l'Ouest (1969) de Andrew V. McLaglen

Enième western pour Andrew V. McLaglen, fils de Victor McLaglen acteur fétiche de John Ford dont le jeune cinéaste a été le disciple notamment comme assistant-réalisateur sur "L'Homme Tranquille" (1952) avec son père et un certain John Wayne. Devenu "grand" le jeune réalisateur a poursuivi sur le sillon du western classique en reprenant d'ailleurs souvent les fidèles de John Ford comme sur "Le Grand McLintock" (1963). Le cinéaste adapte pour ce projet un roman de Lewis B. Patten, et s'inspire surtout de l'histoire vraie de Joseph Orville Shelby (Tout savoir ICI !). Le scénario est écrit par James Lee Barrett qui venait de signer "Les Bérets Verts" (1968) de et avec John Wayne, puis "Bandolero !" (1968) de Andrew V. McLaglen, réalisateur qu'il retrouvera encore pour "Rio Verde" (1971) et "Le Rendez-Vous des Dupes" (1971). Pour l'anecdote, le début du tournage a été tendu entre les deux stars Rock Hudson et John Wayne, le premier étant gay, un secret de polichinelle, Wayne étant un tantinet homophobe, mais Hudson a tenu tête et finalement devinrent amis et se trouvèrent un goût commun pour les échecs et le bridge... 1865, la Guerre de Sécession s'achève tout juste. Un groupe de sudiste mené par le colonel James Langdon s'exile vers le Mexique où l'empereur Maximilien leur a promis l'asile et des terres. Ce groupe de confédérés croise la route d'un autre groupe qui s'avère être des nordistes menés par l'ex-colonel John Henry Thomas et qui mènent des milliers de chevaux vers le Mexique. Petit à petit les deux groupes se lient d'amitié malgré quelques tensions... 

Au casting le réalisateur réunit la plupart des acteurs fidèles de John Ford et/ou aux côtés de John Wayne et que Andrew V. McLaglen a su fidéliser également. Le colonel sudiste est incarné par la star Rock Hudson acteur fétiche de Douglas Sirk mais également habitué du western avec entre autre à ses débuts avec "Winchester 73" (1950) et "Les Affameurs" (1952) tous deux de Anthony Mann. Le colonel nordiste est joué par le Monstre Sacré John Wayne acteur fétiche de John Ford depuis "La Chevauchée Fantastique" (1939) et une vingtaine de films et retrouve donc Andrew V. McLaglen qu'il connaît depuis qu'il est enfant, et retrouve donc aussi la plupart des acteurs du casting, tous des fidèles, des amis, des collègues et camarades avec qui il aura tourné plusieurs films et souvent même jusqu'à une douzaine voir une quinzaine de films. Citons Bruce Cabot (11 films avec John Wayne dont 4 sous la direction de McLaglen), Harry Carey Jr. et Ben Johnson (10 films avec Wayne dont 2 avec McLaglen), Edward Faulkner (6 films sous la direction de McLaglen dont 4 avec Wayne), Paul Fix (record avec 19 films avec Wayne !), John Agar (5 avec Wayne dont 2 avec McLaglen), Big John Hamilton (5 avec Wayne et 3 sous la direction de McLaglen), Robert Donner (5 films dont 1 avec McLaglen)... Puis citons Gregg Palmer qui est un des rares au casting à avoir tourné avec le duo de stars, retrouvant Rock Hudson après "Taza, Fils de Cochise" (1954) et "Le Secret Magnifique" (1954) tous deux Douglas Sirk, et compte 5 films avec Wayne et 3 avec McLaglen dont deux en communs avec aussi "Chisum" (1970) et "Big Jake" (1971) dans lesquels une grande partie du casting se retrouveront aussi. Puis citons Pedro Armendariz Jr. fils de Pedro Armendariz partenaire de Victor McLaglen et John Wayne (et de Harry Carey Jr., Paul Fix...) sur "Le Fils du Désert" (1948) et "Le Massacre de Fort Apache" (1948) tous deux de John Ford, Jr. sera juste après dans "Chisum" (1970). Citons encore Royal Dano habitué aussi des westerns, retrouvant Rock Hudson après "Les Affameurs" (1952) et vu dans quelques grands classiques comme "Johnny Guitar" (1954) de Nicholas Ray ou plus tard dans "Josey Wales Hors la Loi" (1976) de et avec Clint Eastwood. Citons Dub Taylor acteur fétiche de Sam Peckinpah mais qui retrouve aussi plusieurs partenaires après des films comme "Bandolero !" (1968) et "Une Poignée de Plombs" (1969) de Don Siegel. Citons encore Carlos Rivas vu cette même année dans "L'Etau" (1969) de Alfred Hitchcock et "Cent Dollars pour un Shérif" (1969) de Henry Hathaway avec aussi John Wayne, Merlin Olsen acteur qui jouera dans encore trois fois sous la direction de McLaglen mais qui sera surtout populaire avec la série TV "La Petite Maison dans la Prairie" (1977-1981), n'oublions pas le débutant Jan Michael Vincent vu ensuite dans "Le Flingueur" (1972) de Michael Winner ou "La Chevauchée Sauvage" (1975) de Richard Brooks mais qui sera surtout connu plus tard avec la série TV culte "Supercopter" (1984-1986), puis enfin les femmes avec Marian McCargo vue auparavant dans "Un Truand" (1966) de Bernard Girard ou "Buona sera Madame Campbell" (1968) de Melvin Frank, et enfin Lee Meriwether connue comme la Catwoman du film et série TV "Batman" (1966-1967)... Ce qui frappe d'abord c'est le contexte historique, la fin de la Guerre de Sécession ainsi liée avec la guerre civile mexicaine qui tente de faire tomber Maximilien, empereur européen placé là par l'empereur français Napoléon III. Si il y a évidemment des libertés, l'action repose sur un fait réel méconnu mais passionnant. Ensuite on note que le film reste de facture très classique (logique pour un disciple de John Ford issu de l'Âge d'Or de Hollywood) alors que le genre est en déclin, et qu'il est désormais dynamité par le western spaghetti pour une vision plus crépusculaire du genre avec Sergio Leone ou Sam Peckinpah.

Le face à face Nordiste-Sudiste est assez savoureux, et correspond logiquement au face à face John Wayne vs Rock Hudson entre honneur et franche camaraderie. Les femmes ne sont pas en reste, des femmes fortes même si on reste dans une époque patriarcale et surtout guerrière. Les scènes d'action ne sont pas gratuites, pour le genre l'action reste parcimonieuse privilégiant ainsi les rapports humains entre deux parties aux idées différentes mais c'est effectivement bien malheureux de se faire la guerre entre américains. Par contre on note deux passages incohérents : pourquoi refuser l'argent des acheteurs si c'est pour mettre le feu ensuite ?! C'est juste stupide. Et ensuite la conclusion démago et politiquement correcte est invraisemblable où comment les sudistes, dont le père, accepte aussi facilement que leur fille blanche se fiance à un peau-rouge. Si ce final est un peu trop bisounours, le film est néanmoins un vrai plaisir qui coche les cases du cahier des charges inhérent au genre comme la bagarre générale (sans saloon), le cuistot mauvais, la camaraderie, les vachers, mais avec ne prime un contexte historique très peu traité et un casting de légende pour tous les amateurs du genre. Un bon moment.

Note :                 

Géants l'Ouest (1969) Andrew McLaglenGéants l'Ouest (1969) Andrew McLaglen

13/20