Canadian Pacific

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Canadian Pacific » de Edwin L. Marin.

« J’ai appris de ce pays qu’il faut savoir tirer vite si on veut rester en vie ! »

Employé de la Canadian Pacific Railroad, Tom Andrews reçoit pour mission de trouver un passage dans les Montagnes Rocheuses pour finaliser un itinéraire de chemin de fer entre le Canada et les Etats-Unis. Une entreprise qui n’est pas du goût de tout de monde, en particulier des trappeurs qui mettent tout en œuvre pour saboter le projet, allant jusqu’à provoquer une révolte indienne afin de préserver leurs intérêts dans le commerce de la fourrure…

« Puisque vous m’avez donné votre sang et qu’il coule désormais en moi, ne pensez-vous que nous avons quelque chose en commun ? »

Prolifique réalisateur de séries B, Edwin L. Marin aura fait l’essentiel de sa carrière entre la MGM et la RKO, studios au sein desquels il signe quelques succès notables, à l’instar du drame « Maisie » (1939) avec Ann Sothern (qui, fort de son succès populaire, connaitra pas moins de neuf suites, dont trois signées par Marin) ou le western « La captive aux yeux clairs » (1944) avec John Wayne. A la fin des années 40, il signe un contrat avec la Fox, qui prévoit notamment la réalisation de deux westerns en Cinecolor, un procédé concurrent du Technicolor, mais moins onéreux et moins qualitatif. Chose rare dans l’univers westernien, ces deux films – « Canadian Pacific » (1949) et « La piste des caribous » (1950) – prendront pour décor les montagnes canadiennes, alors même que les scénaristes n’ont que trop rarement songé à placer leurs récits de l’autre côté de la frontière. L’occasion pour le cinéaste de retrouver son acteur fétiche Randolph Scott, qu’il dirigea au total près d’une dizaine de fois au cours de sa riche carrière.

« Qu’est-ce que cette femme a fait de toi ? Tu te rends compte que tu ne peux pas résoudre tous les problèmes seulement par de belles paroles ? »

Grande obsession américaine, la conquête de l’ouest s’est faite – aussi – par la volonté pragmatique de construire des moyens de communications à même de réduire les temps de trajet sur l’immensité des distances. Un défi technique autant qu’humain, qui donna lieu à des chantiers titanesques et périlleux comme la construction des voies de chemin de fer et de réseaux télégraphiques au milieu de vestes territoires hostiles. Vaguement inspiré du cinéma de Cecil B. DeMille (« Pacific Express » pour le sujet, « Les tuniques écarlates » pour le décor), « Canadian Pacific » suit ainsi les mésaventure d’un pisteur canadien devant trouver un moyen de faire passer la voie de chemin de fer à travers les Montagnes Rocheuses. Ce qui suscitera la colère des trappeurs, qui y verront une entrave à leurs divers trafics et qui manipuleront les indiens pour empêcher le chantier. Manichéen et très classique dans sa forme avec ses indiens méchants, ses trappeurs manipulateurs et ses scènes d’action (notamment le siège par les indiens du train médical), le film se laisse suivre sans réel déplaisir, d’autant plus que son format est plutôt court. Si on reste assez circonspect devant le traitement réservé des indiens, même au second degré (bêtes au point de fumer des bâtons de dynamite, avec les conséquences que l’on devine), on trouve davantage d’intérêt (une fois n’est pas coutume) aux personnages féminins entre lesquels le héros se retrouve tiraillé : une femme médecin quaker qui rejette tout usage de la violence y compris dans un territoire aussi hostile et une métis indienne qui n’hésitera pas à trahir les siens par amour. Randolph Scott se montre pour sa part plutôt sobre et même vulnérable avec un long passage où il se retrouve hospitalisé. Distrayant.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition restauré et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées par Patrick Brion (14 min.) et Jean-François Giré (15 min.), de « Un homme seul, Randolph Scott » par Edward Buscombe (16 min.), d’un portrait de Randolph Scott par Bertrand Tavernier et Patrick Brion (15 min.), ainsi que d’un Documentaire sur la restauration couleurs du film (60 min.).

Édité par Sidonis Calysta, « Canadian Pacific » est disponible dans la Collection Silver en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD seul depuis le 22 juillet 2024.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici