Ca Tourne à Seoul ! Cobweb (2023) de Kim Jee-Woon

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Surtout connu pour ses films d'action ou ses thrillers comme "A Bittersweet Life" (2005), "Le Bon, la Brute et le Cinglé" (2008) ou "J'ai Rencontré le Diable" (2010) le réalisateur coréen Kim Jee-Woon revient pourtant à un genre qu'il n'a plus abordé depuis longtemps, la comédie avec ses premiers films "The Quiet Family" (1998) et "Foul King" (2000). C'est lors de la pandémie Covid que le cinéaste a connu de nombreux questionnements et notamment sur le cinéma, il précise : "Avec le procédé de la mise en abyme du film-dans-le-film, je veux montrer que les films, et ici Cobweb, ne sont achevés qu'au prix d'un grand nombre de luttes. Je veux envoyer un message d'espoir et d'optimisme provisoire : le cinéma continuera, tout comme la vie continue en dépit de toutes ses ironies et de ses difficultés." Bien qu'il soit à l'origine du projet le réalisateur porte à l'écran un scénario signé de Shin Yeon-Shick, réalisateur-scénariste de films comme "The Fair Love" (2009) ou "One Win" (2023) qui écrit aussi pour les autres avace auparavant "Dongju : Portrait d'un Poète" (2016) et "Men of Plastic" (2022) tous deux de Lee Joon-Ik. Précisons que le film en V.F. est aussi connu sousle titre de "Dans la Toile". Le film raconte donc le tournage d'un film, un film-dans-un-film donc un concept très courant au cinéma dont on peut citer les tous récents "Babylon" (2023) de Damien Chazelle ou "Vers un Avenir Radieux" (2023) de Nanni Moretti, mais on pense aussi un peu à "Ne Coupez Pas !" (2017) de Shin'Ichiro Ueda et son remake français "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius... 

Séoul, début des années 1970, le réalisateur Kim souhaite refaire la fin de son film "Cobweb" mais les soucis avec des acteurs, les producteurs qui interfèrent et même la censure parasitent le tournage. Mais Kim est va se battre contre ce chaos pour obtenir le résultat escompter, signer son chef d'oeuvre... Le réalisateur est incarné par Song Kang-Ho vu dans les succès "Parasite" (2019) de Bong Joon-Ho et "les Bonnes Etoiles" (2022) de Hirokazu Kore-Eda mais surtout acteur fétiche de Park Chan-Wook et Bong Joon-Ho (4 films chacun) mais aussi de Kim Jee-Woon qu'il retrouve pour la 5ème fois depuis "The Quiet Family" (1998) et dont "Le Bon la Brute et le Cinglé" (2008) après lequel il retrouve son partenaire Jung Woo-Sung, vvu entre autre dans "Musa, la Princesse du Désert" (2001) de Sung-Su Kim, "Lucky Strike" (2020) de Kim Yong-Hoon ou "Hunt" (2022) de Lee Jung-Jae, mais il retrouve aussi après "Illang : la Brigade des Loups" (2018) de Kim Jee-Woon l'actrice Jeon yeo-Been vue depuis dans "After my Death" (2018) de Kim Ui-Seok et "Night in Paradise" (2020) de Park Hoon-Jeong. Citons encore Im Soo-Jeong qui retrouve également le réalisateur après "Deux Soeurs" (2003), vue depuis dans "Je suis un Cyborg" (2006) de park Chan-Wook, "Woochi le Magicien des Temps Modernes" (2009) de Choi Dong-Hoon, "Time Renegades" (2016) de Kwak Jae-Yong, Oh Jung-Se vu dans "Breathless" (2009) de Yang Ik-Joon, "Man on High Heels" (2014) de Jang Jin ou "The Call" (2020) de Lee Chung-Hyun, Jung Soo-Jung surtout connue au Pays du Matin Calme comme étant Krystal chanteuse essentiellement vue à la télévision entre séries TV et émissions de téléréalité, pus enfin Kim Min-Jae remarqué entre autre dans "Poetry" (2010) de Lee Chang-Dong, "A Girl at my Door" (2014) de July Jung et "Peninsula" (2020) de Yeon Sang-Ho... L'histoire se déroule au début des années 70 en Corée du Sud, une époque qui n'est pas anodine puisqu'elle correspond à un déclin du cinéma coréen, la dictature militaire (1962-1979) impose une censure sur le cinéma en 1970, alors que son cinéma national quand il devait survivre, quand il fallait être assez malin pour contourner la censure tout en faisant référence à plusieurs genres du Film Noir hollywoodien aux films d'horreur asiatiques des années 2000. 3% des scénarios sont révisés le taux monte à 80% dès 1975 faisant chuter la production de plus de 200 films à moins de 100 en moins d'une décennie. Le réalisateur rend ainsi hommage à toutes les petites mains sur un tournage, à tous les artistes qui ont su détourner les règles pour terminer leur film.

L'ouverture du film est parfaitement raccord, un film en Noir et Blanc avec style et genre à références assumées avant de revenir en couleur sur le tournage chaotique. Un réalisateur qui pense être sous-estimé trouve le moyen de tourner une ultime journée croyant sauver son film et en faire un chef d'oeuvre après avoir rêvé d'une nouvelle fin. On commence alors à apprendre les petits secrets des uns et des autres, qui vont avoir plus ou moins d'importance sur le récit et/ou sur le film final, sans compter les agents de la censure qui vont évidemment arriver au mauvais moment. Le scénario est savamment alambiqué, mêlant conflits relationnels au soucis de tournage tout en faisant une jolie démonstration de mise en scène  dans une mise en abîme savoureuse. C'est parfois drôle, parfois avec des longueurs mais toujours d'une créativité formelle foisonnante. Un superbe moment cinoche. 

Note :  

15/20

Pour info bonus, Note de mon fils de 14 ans :               

14/20