Memory (2024) de Michel Franco

Nouveau film du mexicain Michel Franco après plusieurs jolis films comme "Despuès de Lucia" (2012), "Les Filles d'Avril" (2017) ou "Sundown" (2021). Le cinéaste est au départ parti d'une simple idée, un thriller qui débuterait par une femme suivie par un homme : "Je pensais débuter-là un polar, sur le thème de la vengeance. Mon instinct était de me dire que lui se sent coupable et qu'elle a raison de s'inquiéter, et puis en discutant avec ma soeur, Victoria, j'ai décidé de partir dans une autre direction, tout en continuant à m'interroger : pourquoi cette femme se rendrait-elle à une soirée d'anciens élèves du lycée, à laquelle elle n'a clairement aucune envie de participer, et lorsqu'elle s'en va, pourquoi quelqu'un la suit ?" Le réalisateur-scénariste avoue avoir comme référence unique le film "Ainsi va l'Amour" (1971) de John Cassavetes. Le film a été présenté à la Mostra de Venise 2023 où l'acteur principal Peter Sarsgaard a obtenu la Coupe Volpi du meilleur acteur... Sylvia mène une vie simple et tranquille organisée autour de sa fille, son travail et ses réunions des Alcooliques Anonymes. Un jour elle prend peur quand elle croit qu'un homme la suit, mais finalement elle le rencontre et l'aborde. Il s'agit de Saul, qui a des problèmes bien différents et qui va bouleverser son existence... 

Sylvia est interprétée par Jessica Chastain vue dernièrement dans "Armageddon Time" (2022) de James Gray et "The Forgiven" (2022) de John Michael McDonagh, tandis que Saul est joué par Peter Sarsgaard vu dans "The Guilty" (2021) de Antoine Fuqua ou "The Batman" (2022) de Matt Reeves. Citons ensuite la jeune Brooke Timber révélée dans la série TV "Poupées Russes" (2019-...), Merritt Wever vue entre autre dans "Into the Wild" (2007) de Sean Penn, "Bienvenue à Marwen" (2018) de Robert Zemeckis ou "Marriage Story" (2019) de Noah Baumbach, Elsie Fisher jeune actrice ayant débuté en prêtant sa voix à Agnès dans les films d'animations "Moi, Moche et Méchant" (2010-2013) de Pierre Renaud et Pierre Coffin et vue dans le film "Massacre à la Tronçonneuse" (2022) de David Blue Garcia, Josh Charles vu dans "Hairspray" (1988) de John Waters, "Le Cercle des Poètes Disparus" (1989) de Peter Weir et retrouvera Jessica Chastain juste après dans "Mother's Instinct" (2024) de Benoît Delhomme, puis enfin Jessica Harper actrice révélée dans "Phantom of the Paradise" (1974) de Brian De Palma et "Suspiria" (1976) de Dario Argento et qui jouera dans le remake "Suspiria" (2018) de Luca Guadagnino qu'elle retrouvera pour "Bones and All" (2022)... Le début est très académique, la réunion classique et très répandue dans le cinéma américain des fameux Alcooliques Anonymes avant une rencontre avec un homme qui soulève surtout des questions dont on aura jamais de réponses... ATTENTION SPOILERS !... d'abord Sylvia qui vit dans une certaine angoisse, qui a logiquement peur d'être suivi un soit par un homme mais finalement elle n'a pas si peut et va lui parler (?!), les faits dévoilés se seraient donc passés il y a environ 35 ans avec entre temps il semblerait une vie normale, une fille de 13 ans, et alcoolique à partir de la grossesse ou de la naissance soit plus d'une vingtaine d'année après l'agression (?!) mais on ne suara rien du pourquoi du comment, et le pire on ne voit ou remarque jamais que Sylvia reconnaît Saul mais soudain elle lui parle et agit comme si elle savait qui il était depuis le début, dans la mise en image c'est particulièrement maladroit... FIN SPOILERS !... 

La mise en place de l'histoire et des personnages est donc peu probante, ou en tous cas pas assez travaillée. Par là même le lien agression + alcoolisme n'est pas du tout convaincant, le second paramètre est même finalement assez superflu et ne sert qu'à rajouter du pathos au mélo (ou l'inverse !) car le sujet reste bel et bien la mémoire. Le titre évocateur est simple et sobre, à l'image du film d'ailleurs. La mémoire sous toutes ses formes, savoir gérer un passé douloureux et pourquoi pas l'oublier, la maladie qui aurait pu tout aussi bien être Alzheimer, mais aussi toutes les conséquences qui touchent forcément les proches. Sur ce point le scénario est par contre très bien écrit, pertinent sur le fond, juste sur la forme. Néanmoins, la sobriété extrême tout du long du film donne deux petit soucis, un rythme assez monotone et des protagonistes tous d'une étonnante maîtrise de soi ce qui paraît presque surréaliste quand on parle d'amnésie ou de démence. En conclusion, si ça manque d'intensité ça reste une jolie histoire d'amour, quasi improbable mais crédible et touchante entre deux âmes brisées.

Note :                 

Memory (2024) Michel FrancoMemory (2024) Michel Franco

13/20