Greenhouse (2024) de Sol-Hui Lee

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage de la sud-coréenne Sol-Hui Lee après quelques courts métrages dont "Anthill" (2021). Pour son premier projet de long la réalisatrice-scénariste s'est inspirée de ses proches, à savoir de sa mère qui s'est occupée de sa grand-mère atteinte de démence : "Alors qu'elle aimait pourtant travailler bénévolement, elle trouvait ça très difficile lorsqu'il s'agissait de sa propre mère. C'est en observant cette relation très intime que m'est venue l'histoire du film."... Aide-soignante à domicile, Moon-Jung s'occupe avec bienveillance d'un vieil homme aveugle et de sa femme. Mais quand un accident brutal les sépare, tout accuse Moon-Jung. Elle se retrouve à devoir prendre une décision intenable... 

L'aide-soignante est incarnée par Seo-Hyeong Kim vue dans "The City of Violence" (2006) et "The Agent" (2013) tous deux de Seung-Wan Ryoo, ou "The Villainess" (2017) de Jung Byung-Gil. Citons ensuite Mi-Won Won vue dans "Lady Vengeance" (2005) de Park Chan-Wook, "Vanishing" (2021) de Denis Dercourt, Jeong-Jong Joon vu dans "The President's Last Bang" (2005) de Im Sang-Soo, "Another Child" (2019) de Kim Yoon-Seok, "La Bataille de Jangsari" (2019) de Kyung-Taek et Kim Tae-Yong, Jae-Sung Yang remarqué surtout récemment dans la série TV "Enquêtes Tactiles" (2023), So-Yo Ahn vue dans "In her Place" (2014) de Albert Shin, "Citizen of a Kind" (2024) de Young-Ju Park, séries TV dont le récent "Pyramid Game" (2024), puis Shin Yeon-Sook vue surtout connue pour la série "Pokpoongui Yeoja" (2014-2015) après une apparition dans le film "Pascha" (2013) de Sun-Kyeong Ahn... Le film impose une atmosphère austère, sèche voire même clinique où une femme à la vie privée difficile a de surcroît un travail très pénible car comme le dirait l'ami médecin dans le film : "même ta fille ne ferait pas tout ça ". La première demi-heure est dans un récit un peu monotone, voire ennuyeuse puisqu'on suit le quotidien de Moon-Jung, seule et mélancolique qui effectue un travail ardue et ingrat. Mais cette partie qui paraît peu intéressante est en fait semée de petits indices sur la vie des personnages. La jeune fille qui semble être victime d'une sorte de "prof" pervers narcissique, le vieux couple en perdition psychologique, leur fils vivant loin, et surtout, évidemment, Moon-Jung dont le passé qui n'est pas totalement dévoilé, judicieusement d'ailleurs. On peut aisément imaginer quand son fils lui rappelle son père.

Mais ce n'est pas le sujet du film, c'est simplement la vieillesse avec tous les tourments que cela peut engendrer avec la démence, Alzheimer, la cécité, le perte d'autonomie mais aussi le problème de prise en charge et le service à la personne. Rarement un film aura abordé autant de fond cette problématique sans en faire un drame pathos, mais de façon plutôt maline de choisir un drame psychologique teinté de thriller. Moon-Jung fait un choix qui ne peut que la mener dans une spirale tragique. Néanmoins, malheureusement, la dernière partie accumule de façon poussive les rebondissements avec trop de coïncidences grossières pour qu'on reste dans la vraisemblance... ATTENTION SPOILERS... Moon-Jung a un passé compliqué, elle a eu un amant qu'elle retrouve, et qui s'avère justement être le "prof" pervers narcissique (?!) sans compter le médecin aveugle ou le fiston qui se retrouve chez sa mère sans réellement sa voir que c'est chez elle... FIN SPOILERS !... Le style du film est tout de même très réaliste, quasi documentaire quand Moon-Jung est au travail, et le dernier quart d'heure vient gâcher un peu le tout avec jeu du hasard et du destin capillotracté. Dommage... Reste pourtant une histoire qui était jusque là pleine d'acuité et de justesse.

Note :                 

14/20