Fille de Hervé Palud connu surtout pour la comédie "Un Indien dans la Ville" (1994), Jessica Palud revient avec son troisième long métrage après "Les Yeux Fermés" (2013) et "Revenir" (2019). La cinéaste adapte le livre "Tu t'appelais Maria Schneider" (2020) de Vanessa Schneider, cousine de l'actrice Maria Schneider connue pour son rôle dans "Dernier Tango à Paris" (1972) de Bernardo Bertolucci avec le monstre sacré Marlon Brando dont le tournage a été source de polémique (Tout savoir ICI !). Enfant de la balle, Jessica Palud a été touchée par le destin de Maria Schneider, enfant illégitime de l'acteur Daniel Gélin, d'autant plus que la cinéaste a débuté comme assistante de Bertolucci sur le film "The Dreamers - Innocents" (2003) : "Il y a encore une dizaine d'années, sur un plateau, il y avait peu de femmes. j'étais souvent la plus jeune et toujours entourée d'hommes. J'ai assisté à de scènes compliquées, des acteurs et des actrices humiliés et j'ai ressenti moi-même l'emprise dont certains réalisateurs abusaient. J'ai vécu des situations qu'aujourd'hui je qualifierais d'anormales, sans pour autant parvenir à m'exprimer. Alors, c'est vrai que l'histoire de Maria Schneider m'a bouleversé. Je ne cherche pas à accuser, ni à juger, mais à faire avec l'héritage et à offrir un portrait de cette société, à travers un regard inédit, celui de Maria Schneider." Pour écrire son scénario la réalisatrice-scénariste a rencontré de nombreuses personnes qui ont connu Maria Schneider et notamment sur la période du tournage. Mais notons que la cinéaste a choisi de changer le point de vue du livre, à savoir celui de l'actrice elle-même en mettant l'actrice au centre de chaque scène. La réalisatrice-scénariste co-signe le scénario avec Laurette Polmanss, fidèle collaboratrice de Catherine Corsini sur les films "La Belle Saison" (2015), "Un Amour Impossible" (2018) et "La Fracture" (2021). Notons que pour en apprendre plus on peut conseiller également le César du meilleur court documentaire "Maria Schneider, 1983" (2022) de Elizabeth Subrin...
Après des apparitions dans quelques films, Maria se voit offrir à 19 ans le premier rôle d'un drame par son réalisateur Bernardo Bertolucci. La jeune actrice voit donc enfin sa chance arrivée pour exploser au cinéma. Mais le tournage est plus difficile qu'elle aurait cru jusqu'à une scène particulièrement gênante où le réalisateur et son partenaire Marlon Brando la mette sur un fait accompli qui va la déstabiliser. néanmoins, le film est un succès dopé par la fameuse scène qui fait scandale. Maria devient une star... Maria Schneider est incarnée par Anamaria Vartolomei vue dernièrement dans le remarqué "L'Événement" (2021) de Audrey Diwan, "Méduse" (2022) de Sophie Lévy et le navrant "L'Empire" (2024) de Bruno Dumont. Son partenaire Marlon Brando est incarné par une autre star, Matt Dillon qui a débuté dans "Outsiders" (1983) et "Rusty James" (1983) tous deux de Francis Ford Coppola, qui retrouve un film français après "Proxima" (2019) de Alice Winocour et vu entre temps dans "Capone" (2020) de Josh Tank ou "Asteroid City" (2023) de Wes Anderson. La mère de l'actrice est jouée par Marie Gillain vue récemment dans "Les Choses Simples" (2023) de Eric Besnard ou "Le Petit Blond de la Casbah" (2023) de Alexandre Arcady, tandis que le père et acteur Daniel Gélin est joué par Yvan Attal vu récemment dans "Un Coup de Dés" (2024) de lui-même et "Frères" (2024) de Olivier Casas. Le réalisateur Bernardo Bertolucci est incarné par Giuseppe Maggio aperçu entre autre dans "Un Fantastico via Vai" (2013) de Leonardo Pieraccioni ou "Sul Piu Bello" (2020) de Alice Filippi. Citons ensuite Hugo Becker vu dans "Vaincre ou Mourir" (2023) de Vincent Mottez et Paul Mignot, "Apaches" (2023) de Romain Quirot et "Ici et Là-Bas" (2024) de Ludovic Bernard, Céleste Brunnquell vue dans "Une Affaire de Principe" (2024) de Antoine Raimbault et "En Attendant la Nuit" (2024) de Céline Rouzet, puis Stanislas Merhar vu récemment "Les Secrets de la Princesse de Cadignan" (2023) de et avec Arielle Dombasle et "Bonnard, Pierre et Marthe" (2023) de Martin Provost... Notons que le film a été tourné en majorité en Bretagne en Ille-et-Vilaine, notamment pour le tournage du film "Dernier Tango à Paris" au Château d'Apigné au Rheu, les scènes de discothèque à l'Ubu à Rennes et quelques séquences à Dinard. Le film débute alors que Maria a 16 ans peu de temps après avoir rencontré son père Daniel Gélin, puis se termine au début des années 80. Le début marque aussi les soucis familiaux avec les relations tendues avec sa mère et ce père soudain présent tandis qu'on nous rappelle qu'il a fallu l'autorisation de maman pour le tournage puisqu'effectivement Maria était encore mineure à l'époque. Mais d'emblée ce qui frappe c'est le casting qui s'avère judicieux, cohérent et pertinent, entre Matt Dillon qui est juste une incarnation de Brando parfaite et surtout la ressemblance troublante entre Maria Schneider et Anamaria Vartolomei.
Un casting qui accentue d'autant le malaise quand le tournage fatidique et central du "Dernier Tango à Paris". C'est d'ailleurs la reconstitution de la scène polémique qui pose un léger problème, le même qu'on n'avait pu constater sur "Mignonnes" (2020) de Maimouna Doucouré, à savoir dénoncer en utilisant pourtant les mêmes méthodes. Ainsi, on revit la scène du beurre avec quasiment autant de malaise que le film original lui-même !... ATTENTION SPOILERS !... était-ce nécessaire d'être aussi cru pour la reconstitution ?! Etait-ce nécessaire de filmer aussi directement la main beurrée de Brando/Dillon entre les cuisses de Maria/Vartolomei ?! Le visage en gros plan de l'actrice se suffit à lui-même... FIN SPOILERS !... Par contre précisons que le film, et notamment toute cette partie est authentique dans les faits et la reconstitution factuelle est aussi éprouvante que déchirante. La réalisatrice-scénariste a pu entre autre se reposer sur le scénario original du film ainsi que la version annoté sur l'instant sur le tournage. Le film est ensuite un peu moins intéressant, la petite descente aux enfers suit un canevas archi éculé entre drogues et alcool. On remarque que la cinéaste s'est focalisé sur la tragédie humaine alors qu'on peut deviner que l'actrice a été au moins heureuse dans sa période pré-"Dernier Tango..." ce qui ne se voit pas, on rappelle qu'elle a connu un léger sursaut dans sa carrière avec tout de même une nomination au César en 1980 qui est complètement occultée. C'est sûr, le drame dans le drame est plus facile sans doute. Néanmoins le film reste un bel hommage à l'actrice qui a osé parler et dénoncer mais à une autre époque, un autre temps, malheureusement les précurseur(ses) sont souvent des martyrs. Jessica Palud signe un film parfois maladroit mais il a le mérite de la sincérité et de l'authenticité avec en prime une actrice pour le prix de deux d'un talent bluffant.
Note :
15/20