The Bikeriders (2024) de Jeff Nichols

Par Seleniecinema @SelenieCinema

6ème long métrage pour le réalisateur après "Shotgun Stories" (2007), "Take Shelter" (2011), "Mud : sur les Rives du Mississippi" (2012), "Midnight Special" (2016) et "Loving" (2017). Autant dire qu'on a attendu longtemps le retour de Jeff Nichols qui avait pourtant annoncé ce projet dès 2018 s'inspirant d'un livre de reportage photos (1967) de Danny Lyon sur un gang de motards, The Vandals, rivaux des Hells Angels. Son acteur fétiche Michael Shannon lui aurait alors dit : "Tu parles de cette foutue idée depuis si longtemps. Tu ne feras jamais ce film." Ainsi le cinéaste se voit proposer la réalisation de "Sans un Bruit : Jour 1" (2024) dès 2020, qu'il accepte puis finalement refuse en 2021. En 2022, le réalisateur-scénariste annonce et confirme en 2022 que son prochain film sera bien "The Bikeriders". Au départ le film devait être distribué par Disney mais préfère abandonné, et c'est finalement Universal qui achète les droits. La production précise que le gang dont il est question dans le film existe toujours et sont rivaux des célèbres Hell's Angels, à savoir si ce sont donc les Bandidos, les Outlaws, les Mongols ou les Pagans. Le film est classé R interdit aux moins de 17 ans non accompagnés, mais il est tout public en France... Années 60. Dans un bar, Kathy, jeune femme au tempérament bien trempé, croise Benny qui vient d'intégrer la bande de motards des Vandals. Ils tombent amoureux, mais à l'image du pays tout entier, le gang dirigé par Johnny évolue au fil du temps et devient de plus en plus violent. Bientôt Benny va devoir faire un choix entre sa loyauté au gang et son amour pour Kathy... 

Le couple est incarné par deux acteurs tout récemment révélés au public, le premier Austin Butler a explosé grâce à sa performance dans "Elvis" (2022) de Baz Luhrmann et remarqué ensuite dans "Dune 2" (2024) de Denis Villeneuve, la second Jodie Comer a été révélé dans deux films à la suite avec la comédie d'action "Free Guy" (2021) de Shawn Levy et surtout le drame historique "Le Dernier Duel" (2021) de Ridley Scott. Le leader Johnny est incarné par Tom Hardy vu dernièrement en alter ego maléfique dans "Venom : Let There Be Carnage" (2021) de Andy Serkis et "Spider-Man : No Way Home" (2021) de Jon Watts. Citons ensuite Michael Shannon acteur fétiche de Jeff Nichols dans tous ses films et vu plus récemment dans "Bullet Train" (2022) de David Leitch, "Amsterdam" (2022) de David O.Russell et "The Flash" (2023) de Andrès Muschietti et retrouve après "Nocturnal Animals" (2017) de Tom Ford son partenaire Karl Glusman vu récemment dans "God is a Bullet" (2023) de Nick Cassavetes et "Civil War" (2024) de Alex Garland, Boyd Holbrook remarqué dans "Logan" (2017) et  "Indiana Jones et le Cadran de la Destinée" (2023) tous deux de James Mangold, Norman Reedus vu dans "American Gangster" (2007) de Ridley Scott, "La Conspiration" (2011) de Robert Redford ou "Triple 9" (2016) de John Hillcoat, Damon Herriman vu dans "The Nightingale" (2018) de Jennifer Kent ou "Once upon a Time in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino, Toby Wallace vu dans "Milla" (2019) de Shannon Murphy ou "Finestkind" (2023) de Brian Helgeland, Beau Knapp vu dans "The Guilty" (2021) de Antoine Fuqua, "Ida Red" (2021) de John Swab et "Road House" (2024) de Doug Liman, Emory Cohen vu notamment dans "The Duel" (2015) de Kieran Darcy-Smith, "Detour" (2016) de Christopher Smith et "Blue Bayou" (2021) de Justin Chon, Happy Anderson vu dans "Bird Box" (2018) de Susanne Bier ou "Les Nouveaux Mutants" (2020) de Josh Boone, puis enfin, le photographe Danny Lyon est incarné par Mike Faist remarqué dans "West Side Story" (2021) de Steven Spielberg et "Challengers" (2024) de Luca Guadagnino... Les bikers ont déjà eu leurs films, encore faut-il distinguer les films de bikers et ceux avec des gangs, on peut par exemple citer "The Loveless" (1982) de Kathryn Bigelow, "Les Rues de Feu" (1984) de Walter Hill, "Biker' Street" (1992) de Larry Ferguson ou "Biker Boyz" (2003) de Beggie Rock Bythewood mais on pense surtout au récent à la série TV "Sons of Anarchy" (2008-2014) et plus logiquement à la référence ultime, "L'Equipée Sauvage" (1953) de Lazslo Benedek avec Marlon Brando mythe du Blouson Noir des fifties qui est clairement cité dans le film. La référence est logique autant sur la thématique que sur l'influence "historique" qu'a pu avoir ce film sur la génération des sixties. Le réalisateur abuse un peu des images ou plans icôniques mais ça a toujours de la gueule surtout avec deux acteurs principaux aussi charismatiques. Tom Hardy reste un bad guy toujours solide et Austin Butler finit d'imposer son sex appeal en renvoyant à James Dean juste après avoir été "Elvis", la classe ! Entre eux n'oublions pas une Jodie Comer sublime et divine et surtout faussement ingénue.

On aime la construction narrative, qui prend comme ligne directrice le reportage de l'étudiant Danny Lyon, témoin discret de l'évolution d'un petit club de motards vers un gang de bikers de plus en plus mafieux notamment et surtout avec l'arrivée d'une nouvelle génération et le retour des vétérans abîmés de la guerre du Viêtnam. De simples rebelles qui roulent des mécaniques des années 1965-1967 on vire doucement vers des gangsters en grosses cylindrées à deux roues dès les années 1969-1970. Le contexte géo-politique reste par contre un peu trop survolé, se résumant justement au retour du Viêtman alors que les sixties aux Etats-Unis restent sans doute la décennie la plus passionnante. Par là même on est un peu déçu par la B.O., quasi inexistante elle aurait permis de participer à un rythme plus soutenu et une immersion dans les sixties plus fun pour les oreilles. Heureusement on aime les personnages, on aime la mise en scène, on aime cette façon d'instaurer la légende de Benny/Butler qui rappelle un peu la construction narrative de "Légendes d'Automne" (1995) de Edward Zwick, transposer chez les bikers des sixties. En conclusion Jeff Nichols signe une chronique mécanique sans doute un peu trop élégante, mais le couple de tous les paradoxes Butler/Comer impose sa grâce, il évite les clichés avec un Johnny/Hardy loin du motard bourrin et macho aux doigts plein de cambouis, et quoi qu'on en dise la dimension icônique fascine assez pour passer un très bon moment cinéma.

Note :                 

15/20