Nouveau film de David Oelhoffen après "Nos Retrouvailles" (2007), "Loin des Hommes" (2014) et "Frères Ennemis" (2018), pour un projet qui a débuté d'abord par la rencontre en 2015 du cinéaste avec un certain Jacques Perrin producteur-réalisateur-acteur éclectique et passionné sur près de 8 décennies, qui avait tourné plusieurs films sur la même thématique dont "La 317ème Section" (1965) de Pierre Schoendoerffer ou "La Légion saute sur Kolwezi" (1978) de Raoul Coutard mais malheureusement qui meurt pendant la production sans avoir vu le film. A la base David Oelhoffen s'inspire d'une histoire vraie, celle d'un légionnaire qui tentait de fuit l'Indochine en 1946 en usurpant l'identité de son officier mort alors qu'ils traversaient la jungle, puis à force de discussion et de travail avec Jacques Perrin le projet a été enrichi aussi par une adaptation libre du roman "Les Chiens Jaunes" (1991) de Alain Gandy, auteur qui est surtout ex-légionnaire en Indochine. Le film est donc situé en plein coup de force de l'armée japonaise en Indochine (Tout savoir ICI !)... Indochine, mars 1945, l'armée japonaise lance un assaut foudroyant sur les troupes françaises qui se retrouvent en déroute. Traquée par l'ennemi, une colonne de légionnaires déjà affaiblis s'élance au travers de la jungle pour tenter de rallier la base alliée la plus proche, soit 300km à parcourir à pied...
Il s'agit de légionnaires, et donc de façon cohérente le casting est international avec Guido Caprino vu dans "Fais de Beaux Rêves" (2016) de Marco Bellochio ou "Le Redoutable" (2017) de Michel Hazanavicius, Andrzej Chyra vu dans "Katyn" (2007) de Andrzej Wajda, "La Terre Outragée" (2012) de Michale Boganim ou "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller, Nuno Lopes vu surtout en France récemment dans "Chamboultout" (2019) de Eric Lavaine, "Une Fille Facile" (2019) de Rebecca Zlotowski et "Tout le Monde aime Jeanne" (2022) de Céline Devaux, Yann Goven qui retrouve son réalisateur après "Loin des Hommes" (2014) et "Frères Ennemis" (2018), et retrouvant donc après ce dernier et "Simone, le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan son partenaire Guillaume Verdier vu récemment dans "Les Enfants des Autres" (2022) de Rebecca Zlotowski et "Le Bonheur est pour Demain" (2024) de Brigitte Sy, Félix Meyer vu dans "Memento Mori" (2018) de Michael Vermaercke ou "La Petite" (2023) de Guillaume Nicloux, Wim Willaert vu entre autre dans "Grand Froid" (2017) de Gérard Pautonnier, "Entre la Vie et la Mort" (2022) de Giordano Gederlini ou "La Maison" (2022) de Anissa Bonnefont, Francesco Casisa vu notamment dans "Respiro" (2002), "Golden Door" (2006) et "L'Immensita" (2023) tous trois de Emmanuele Crialese, puis enfin Maxence Perrin, fils du producteur défunt, vu enfant dans "Les Choristes" (2004) et "Faubourg 36" (2008) tous deux de Christophe Barratier et plus récemment dans "Abdel et la Comtesse" (2018) de Isabelle Doval et "A Cause des Filles... ?" (2019) de Pascal Thomas... Le premier point repose sur un casting dénué de stars, quasiment que des inconnus ou très peu, ce qui facilite l'universalité du sujet et l'immersion dans un style quasi documentaire avec une reconstitution minutieuse et notamment sur l'aspect physique et psychologique des soldats français comme le précise Eric Deroo, historien de l'armée consultant technique sur le tournage : "La colonie était complètement coupée du monde. Beaucoup de légionnaires &étaient coincés là-bas sans espoir de retour pour la Métropole. La plupart avaient fini leur contrat et n'étaient même plus payés. Ce qui entraînait des problèmes d'alcoolisme, de drogue. Les plus atteints étaient isolés dans des camps de repos. Khan Khaï, que nous avons recréé pour le film a réellement existé. C'était un mouroir. C'est l'une des nombreuses faces sombres du colonialisme."
Dès les premières images on est plongé dans le désarroi des légionnaires, un camp de fortune à l'image d'une discipline oubliée depuis longtemps, des soldats en haillons, physiquement et moralement usés, et qui soudain doivent traversés un pays hostiles. Après le départ le scénario reprend un peu le cahier des charges du genre, et on pense logiquement "La 317ème Section" (1965) dont il se démarque, outre le Noir et Blanc, par une dernière partie qui use de trop nombreux rebondissements en trop peu de temps après une première partie très contemplative et lancinante même si les conflits multiples et logiques sèment le récit. Par contre le film retranscrit parfaitement les détresses et les failles de ces hommes isolés, entre peur, démence, paranoïa, on pense ainsi un peu à "Aguirre la Colère de Dieu" (1972) de Werner Herzog où l'odyssée dans la jungle perdue d'avance. C'est foncièrement un bon film, avec des acteurs investis mais finalement trop interchangeables, le rythme est trop monotones et ce même dans sa dernière partie alors qu'il y aurait dû avoir une montée en puissance. A conseiller néanmoins ne serait-ce que par intérêt ou curiosité historique.
Note :
13/20