BECOMING KARL LAGERFELD (Disney +) – 16/20
Dépassant le stade du simple biopic, Becoming Karl Lagerfeld est une flamboyante histoire de mode et d’amour, qui offre un éclairage inédit et surprenant sur l’extravagant créateur allemand. Derrière une carapace faite de provocation, d’arrogance et de fierté souvent mal placée, se cache l’ambition d’un outsider bouffé par ses insécurités. Son parcours professionnel chahuté, marqué par sa rivalité légendaire avec la maison Saint-Laurent est indissociable de sa passion aussi tumultueuse que platonique pour Jacques de Basher, jeune dandy décadent et amour de sa vie.
La série est très réussie, aussi documentée qu’émouvante. Concentrée dans le temps (les années 70) elle permet de traiter son sujet en profondeur, appuyée par une reconstitution solide et une mise en scène classique mais rythmée (excellente BO), au service d’interprètes exceptionnels. Lagerfeld est magistralement interprété par Daniel Brül, vraiment impressionnant dans son mimétisme, mais Théodore Pellerin est un révélation. Il apporte à De Basher sa beauté singulière et intrigante, tout en jouant sur un fil le mélange de désinvolture, d’insouciance et d’extrême solitude.
Le final tease la possibilité d’une saison 2 qui couvrirait les années 80. On répondra présent.
DARK MATTER (AppleTV+) – 16/20
Dark Matter décline à son tour la thématique du multivers et de la physique quantique, mais en mode thriller SF cette fois. Elle s’avère vite prenante, passionnante même, en grande partie grâce à la partition double de Joe Egerton qui incarne deux versions d’un même personnage, l’un qu’on déteste, l’autre pour lequel on a une sincère empathie. C’est costaud.
Ajoutez-y un scénario bien troussé, de bons effets spéciaux, un suspense haletant et même un peu d’émotion, vous obtenez l’une des meilleures séries AppleTV de l’année. Malgré un petit trou d’air au milieu et quelques facilités scénaristiques, Dark Matter vous cueille sur les derniers épisodes avec un final vertigineux qui valide absolument le concept. De l’excellente SF.
DEAD BOY DETECTIVES (Netflix) – 12/20
Spin-off de la très dark (mais belle) série DC Sandman, à l’imaginaire gothique foisonnant, Dead Boy Detectives est une amusante digression sur la mort, mais moins dense, riche ou inspirée que son aînée.
Rythmée par un chapitrage malin, elle se forge un joli capital sympathie grâce à ses personnages attachants et hauts en couleur, au grès d’aventures tour à tour sombres ou loufoques.
Basique mais fun et divertissant.