Elyas (2024) de Florent Emilio-Siri

Ce projet est né grâce à Mathias Rubin, producteur entre autre de "Möbius" (2013) de Eric Rochant et "Novembre" (2022) de Cédric Jimenez, qui a demandé à Florent Emilio-Siri s'il avait envie de refaire un film d'action. En effet, le réalisateur qui s'est fait d'abord remarqué avec l'efficace "Nid de Guêpe" (2001), suivi d'une virée hollywoodien avec "Otage" (2005) et du film de guerre "L'Ennemi Intime" (2007), mais avait ensuite changer son fusil d'épaule pour signer le biopic "Cloclo" (2012) et la comédie "Pension Complète" (2015). Le cinéaste explique : "... je suis toujours dubitatif parce qu'il n'y a pas beaucoup d'acteurs français qui peuvent faire des films - et je le dis en mettant des guillemets - d'action. Ce sont des rôles très physiques où il faut jouer des émotions extrêmes et variées. Ce n'est pas facile du tout. C'est donné à très peu d'acteur. Puis Mathias me parle de Roschdy Zem pour incarner un rôle principal. Et là, ça change tout pour moi. Je suis Roschdy Zem depuis deux décennies et j'ai toujours eu très envie de travailler avec lui mais on avait jamais trouvé l'occasion de le faire." Florent Emilio-Siri précise qu'il s'ets inspiré d'histoires vraies, surtout autour d'enlèvements de jeunes filles du Moyen-Orient qui fuyaient des mariages forcés. Le réalisateur-scénariste co-écrit son scénario avec Nicolas Laquerrière qui a travaillé essentiellement sur la série TV "Validé (2020-2021)... Ancien membre des Forces Spéciales, Elyas s'est retiré après avoir combattu en Afghanistan, mission qui l'a particulièrement marquée. Il est engagé comme garde du corps de Nour, jeune ado de 13 ans, qui vient des Emirats Arabes Unis et qui vit désormais dans un château avec sa mère Amina réfugiée politique. Très vite Elyas doit faire face à la menace d'un commando... 

Le rôle titre est donc incarné par Roschdy Zem vu récemment dans l'excellent "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Pérez ou le plus oubliable "Paradis Paris" (2024) de Marjane Satrapi et qui retrouve un rôle musclé comme dans "Go Fast" (2008) de Olivier Van Hoofstadt, "A Bout Portant" (2010) de Fred Cavayé ou "Mains Armées" (2012) de Pierre Jolivet. La jeune fille est jouée par Jeanne Michel aperçue dans "Ducobu Président !" (2022) de et avec Elie Semoun, tandis que sa mère est interprétée par Laëtitia Eïdo vu entre autre dans "Mon Fils" (2014) de Eran Riklis, "L'Homme à la Cave" (2021) de Philippe Le Guay, "Les Choses Humaines" (2021) de Yvan Attal et "Un Homme Heureux" (2023) de Tristan Séguéla. Citons ensuite Dimitri Storoge vu dans "Les Lyonnais" (2011) de Olivier Marchal, "L'Odeur de la Mandarine" (2015) de Gilles Legrand ou "Loin du Periph" (2022) de Louis Leterrier, Frédéric Maranber vu récemment dans "Anti Squat" (2022) de Nicolas Silhol et qui retrouve son réalisateur de "Nid de Guêpe" (2000) et Roschdy Zem après "36 Quai des Orfèvres" (2004) de Olivier Marchal, Sherwan Haji aperçu dans "L'Autre Côté de l'Espoir" (2017) et "Les Feuilles Mortes" (2023) tous deux de Aki Kaurismaki et entre temps le très bon "La Conspiration du Caire" (2022) de Tarik Saleh, Leonid Glushchenko aperçu dans "Les Garçons et Guillaume, à Table" (2013) de et avec Guillaume Gallienne puis ensuite surtout apparu dans diverses séries TV, Sième Milady aperçue dans "Mektoub my Love : Canto Uno" (2016) de Abdellatif Kechiche, "Goliath" (2022) de Frédéric Tellier et "A mon Seul désir" (2023) de Lucie Borleteau, Olivia Bonamy vue dans "Sur mes Lèvres" (2001) de Jacques Audiard, "MR 73" (2007) de Olivier Marchal ou "Paris" (2008) de Cédric Klapisch, puis enfin Toussain Martinetti aperçu dans "Une Vie Violente" (2017) de Thierry De Peretti, "Rock'n Roll" (2017) de et avec Guillaume Canet ou plus récemment "Fratè" (2022) de et avec Karole Rocher et Barbara Biancardini... Evidemment, vu le speech, un ancien soldat d'elite devenu aussi taciturne que cynique se retrouve un but dans la vie en s'attachant à un enfant qu'il doit protégé, logiquement un sous-genre ne soi on pense donc à de nombreux autres films avec pêle-mêle "Taxi Driver" (1976) de Martin Scorcese, surtout "Man on Fire" (1987) de Elie Chouraqui et son remake hollywoodien "Man on Fire" (2004) de Tony Scott, ou plus récemment des films comme "Lukas" (2018) de Julien Leclercq, "Bluebird" (2018) de Jeremie Guez voir le trop méconnu "Maryland" (2015) de Alice Winocour ou encore la trilogie "Equalizer" (2014-2024) de Antoine Fuqua... Le premier atout est le choix du casting, Roschdy Zem est à la fois crédible et humain sans jouer la bête de foire, et sert donc à merveille un personnage aux failles psychologiques plus probantes et intéressantes que dans la plupart des films sus-cités. C'est d'ailleurs le point fort du film, le trauma post-traumatique de Elyas/Zem est solidement intégré dans le récit, pas seulement un élément plus ou moins accessoire, il reste un paramètre essentiel dans l'intrigue et influe directement sur les faits et gestes de Elyas, surtout dans la première partie insinuant même que Elyas pourrait peut-être, sans doute, être sous influence psychotique et paranoïaque.

Le point faible du film est justement que le scénario délaisse trop vite ensuite ce point complexe pourtant passionnant dans la psychologie du personnage et surtout dans un suspense qui s'évapore pour un film d'action plus basique ensuite. Roschdy Zem est impressionnant jusque dans les scènes d'action qui ne réinventent pas grand chose (difficile tant tout à été fait) mais qui reste diablement efficace sans jouer sur des dialogues inutiles (attention je vais te tuer) ou des combats trop longs et donc surréalistes (John Wick). Par contre la partie parachute et saut sur un gratte-ciel (qui ressemble être Burj al Arab à Dubaï ?!) et l'assaut qui suit sont la partie la moins intéressante et la moins réaliste du film. Cette partie semble tirée d'un autre film, sensation bizarre. Notons la jolie révélation de la jeune Jeanne Michel, et l'ambiguïté bien gérée autour du personnage de Yann alias Dimitri Storoge. Néanmoins, pour un film de genre français c'est plutôt une belle réussite, et si le public suit il y a le potentiel certain (malheureusement) d'une nouvelle franchise.

Note :                 

Elyas (2024) Florent Emilio-SiriElyas (2024) Florent Emilio-Siri

13/20