Premier long métrage en tant que réalisatrice pour Christine Paillard, premier long métrage en duo mais pourtant Christine Paillard et Chad Chenouga se connaissent bien puisqu'ils sont amis depuis leurs études au Cours Florent, et travaillent ensemble depuis le documentaire "Cash" (2007), et jusqu'ici elle était la scénariste et lui le réalisateur sur leur film "De toutes mes Forces" (2016) et "Le Principal" (2023). Après deux drames leur duo aborde pour la première fois le genre de la comédie. Leur histoire est directement inspirée par la prose "Les Bons Chiens" (1869) de Baudelaire, les cinéastes expliquant : "Nos trois personnages commecent dans la solitude, créent des liens dans l'adversité et s'épanouissent ensemble." Notons que le montage est assuré par Héloïse Pelloquet réalisatrice de "La Passagère" (2022) mais aussi et surtout monteuse entre autre pour les récents "L'Homme d'Argile" (2023) de Anaïs Tellenne et "Juliette au Printemps" (2024) de Blandine Lenoir... Wisi est en galère. Il débarque à Bordeaux dans l'espoir de trouver un boulot. Il croise la route de Marina une humanitaire au grand coeur. Pour se faire héberger chez elle il prétend être sans papier. Un soir Wisi rencontre Jérôme à la rue depuis le décès de sa mère, et malgré ses propos racistes et son étrange phobie Wisi accepte de le cacher pour une nuit chez Marina. Mais flairant le bon plan Jérôme décide de s'incruster...
Wisi est incarné par Jean-Pascal Zadi révélé par son film "Tout Simplement Noir" (2020) et vu depuis entre autre dans "Coupez !" (2022) de Michel Hazanavicius et "Fumer fait Tousser" (2022) de Quentin Dupieux après lesquels il retrouve son partenaire Raphaël Quenard alias Jérôme vu tout récemment dans "Le Deuxième Acte" (2024) de Dupieux et dans "Les Trois Fantastiques" (2024) de Michael Dichter. Leur bienfaitrice est jouée par Emmanuelle Devos justement vue dans "L'Homme d'Argile" (2024), puis dans "Un Silence" (2023) de Joachim Lafosse et "Boléro" (2024) de Anne Fontaine. Citons ensuite Judith Magre actrice aux plus de 130 films depuis "Clochermerle" (1948) de Pierre Chenal jusqu'aux récents "Tout s'est Bien Passé" (2021) de François Ozon et "Joyeuse Retraite 2" (2022) de Fabrice Bracq, Camille Rutherford vue dans "Le Livre des Solutions" (2023) de Michel Gondry et "Les Trois Mousquetaires : Milady" (2023) de Martin Bourboulon et retrouve après "Anatomie d'une Chute" (2023) de Justine Triet sa partenaire Anne-Lise Heimburger vue dans "Revoir Paris" (2022) de Alice Winocour ou "Les Pistolets en Plastique" (2024) de Jean-Christophe Meurisse, Hubert Myon aperçu dans "Irréductible" (2022) de et avec Jérôme Commandeur ou "Un Métier Sérieux" (2023) de Thomas Lilti, Stephane Pézérat apparu dans "Incroyable mais Vrai" (2022) et "Yannick" (2023) tous deux de Quentin Dupieux retrouvant ainsi après ce dernier Raphaël Quenard, Vincent Deniard vu dans "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller, "La Nuée" (2020) de Just Philippot ou "Reprise en Main" (2021) de Gilles Perret... Deux cas sociaux plus ou moins débrouillards et au demeurant forcément sympathiques s'incrustent avec deux mensonges chez une bonne samaritaine en détresse sentimentalo-familiale. Deux trublions que tout opposent et qui sont dans l'adversité d'une crise sociale dans laquelle ils se complaisent tant bien que mal, on pense alors fortement à l'excellent succès populaire de l'époque Mitterrand avec "Viens chez Moi, j'habite chez une Copine" (1981) de Patrice Leconte dont clairement ce film est le successeur quasiment trois générations plus tard.
La première partie du film frôle le chef d'oeuvre du genre. Les situations sont d'un réalisme social aussi universel qu'actuel, nos deux trublions sont des personnages de cassos pas si vilains et malgré tout qui amène à l'empathie, surtout les dialogues sont affûtés et servent de poils à gratter aussi hilarants que grinçants merveilleusement assortis au jeu des deux acteurs au diapason, à l'image de la tête de Jérôme/Quenard quand il s'offusque : "Y a une hiérarchie dans la détresse ?" Malheureusement, la seconde partie baisse en régime, devient un peu moins drôle notamment avec des dialogues plus premier degré et donc plus sérieux et moins inspirés. On pense aussi à la déclaration des réalisateurs qui n'ont pas souhaité "parasiter le film avec une histoire d'amour", ce qui était donc d'éviter un écueil de façon salutaire, mais là aussi les réalisateurs semblent ne pas avoir vu le résultat de leur propre film ! Un détail, mais dans une seconde partie qui s'essouffle un peu pour délaisser l'humour au bénéfice d'une émotion facile (deuil, perte d'un enfant...) ce qui différencie nos comédies d'aujourd'hui, trop sérieuse, comparées à nos comédies d'antan qui assumait un rire de A à Z. Malgré la déception sur cette seconde partie (11-12/20), la première partie (16-17/20) est impayable et de haute volée et mérite un détour assurément. Un très bon moment.
Note :