Le maitre de guerre

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Warner Bros. Entertainment France pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le maitre de guerre » de Clint Eastwood.

« Ce n’est pas parce que notre pays n’est plus en guerre que vous devez vous sentir obligé d’en déclarer une à chaque fois que vous êtes saoul »

Des tranchées de Corée à l’enfer du Vietnam, le sergent Tom Highway a passé trente ans au service de l’armée pour se voir remercié. Sa dernière chance : l’instruction de jeunes recrues. Il se trouve confronté à une garnison qui se laisse aller, encadrée par des officiers ambitieux ou inefficaces. Tom Highway prend les choses en mains, sa méthode : la dure ! Alors que les classes touchent à leur fin, les Marines reçoivent l’ordre d’embarquer pour un obscur îlot des Caraïbes…

« Mauvais whisky, mauvais mari, mauvaise baise : ça ne s’oublie pas ! »

En ce milieu des années 80, le cinéma américain est en proie à de grandes mutations: le Nouvel Hollywood brûle ses derniers feux et, sous la houlette d'une poignée de petits génies nommés principalement Steven Spielberg et George Lucas, Hollywood se met à l'heure de l'entertainment et des superproductions à grand spectacle. Artiste à part évoluant toujours en marge des modes, Clint Eastwood change lui aussi son fusil d'épaule. Exit la saga de « L'inspecteur Harry », les westerns crépusculaires ( et les farces musclées façon « Doux, dur et dingue ». L'heure est au retour de la puissance américaine et le cinéaste trouve là un prétexte pour revenir au film de guerre, genre dans lequel on ne l'a plus vu depuis la fin des années 60 (« Quand les aigles attaquent », « De l'or pour les braves »), avec « Le maître de guerre », qui puise une partie de son inspiration dans l'invasion controversée menée trois ans plus tôt par les américains de l'île de la Grenade afin d'y renverser le gouvernement local d'obédience communiste. 

« Une visite médicale ? J’espère que ça ne vous empêchera pas de participer à la prochaine guerre ! »

Ouvertement inspiré par le film « Sergent la terreur » (1953) de Richard Brooks dont il reprend globalement la trame, « Le maître de guerre » fait le portrait d'un instructeur militaire vieillissant devant former un bataillon de jeunes recrues pour le moins désinvoltes et indisciplinées. Un personnage de dur à cuire, limite despotique alors très en vogue dans le cinéma américain (« Officier et gentleman », « Full métal jacket »), auquel Eastwood ajoute une certaine forme de complexité. C'est que ce personnage d'antihéros abimé (par ses années de service et les horreurs vues et commises), alcoolique, cynique et blasé a voué sa vie à une institution militaire qui ne l'a pas nécessairement reconnu à sa juste valeur. Il faut dire qu'en dépit d'un caractère intransigeant, qui exige la plus stricte discipline de la part de ses hommes, il n'en est pas moins lui même insubordonné quand il estime que sa hiérarchie ne prend pas les bonnes décisions. Ce qui donne lieu à des scènes savoureuses d’entrainement et de rivalité avec les bataillons concurrents et leurs officiers, qui trouve son paroxysme dans une jouissive scène de duel dans la boue. Surtout, il porte ici par le prisme de l'armée un regard assez critique sur l'évolution de l'Amérique et de ses institutions, confiées à des arrivistes qui n'ont jamais connu l'épreuve du feu et qui ne pensent qu'à leur carrière plutôt que de privilégier l’expérience et le savoir-faire. En cela, si le Sergent Highway n’est pas des plus sympathiques, il reste avant tout un homme de devoir qui assure l'essentiel: atteindre ses objectifs tout en préservant autant que possible la vie de ses hommes. Peut être pas le Eastwood le plus spectaculaire, mais, à sa manière bien bourrine, sans doute l'un de ses plus divertissants et des plus acerbes. 

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en versions française, allemande, espagnole et italienne (toutes 2.0). Des sous-titres français, néerlandais, allemands, espagnols, italiens, suédois, danois, norvégiens et finlandais sont également disponibles.

Aucun bonus ne vient compléter cette édition.

Édité par Warner Bros. Entertainment France, « Le maitre de guerre » est disponible en blu-ray depuis le 9 juin 2010. Il est aussi inclus dans le coffret « 100 ans Warner – 10 films de guerre » disponible depuis le 3 mai 2023.

Le site Internet de Warner Bros. Entertainment France est ici. Sa page Facebook est ici.