Et Dieu... créa la femme fut d'abord un succès (de scandale) aux États-Unis avant de réveiller la France et surtout de révéler au grand public Brigitte Bardot. Malheureusement pour lui, le film fait partie de ces œuvres où le scandale à mal vieillit, notamment sur ses quelques scènes osées qui, à l'époque, masquait les défauts du film. Le temps a passé, les scènes se sont atténuées faisait apparaitre clairement ses failles. Doté d'une intrigue flottante et d'un rythme anémié, le film peine à décoller avec bon nombre de scènes poussives. Pourtant le ton osé du film est rapidement donné avec la scène d'ouverture où nous découvrons les courbes de Juliette, le personnage interprété par Brigitte Bardot, étendue nue derrière un drap blanc. Curd Jürgens fait irruption et l'observe en lui disant " j'ai apporté la pomme" , Juliette rétorque " quelle pomme? " pour qu'il lui réponde finalement " la tentation ". On obtient une libre interprétation du péché originel version Roger Vadim, qui fera beaucoup parler à la sortie du film. Comme on le comprend vite, le film suit Juliette, une jeune femme d'une beauté redoutable qui attire la convoitise de trois hommes, monsieur Carradine ( Curd Jürgens), un riche homme d'affaires, Antoine ( Christian Marquand), un charmeur invétéré et grand frère du sentimental Michel ( Jean-Louis Trintignant) lui aussi épris de Juliette. Plus absorbé par sa beauté que par ce qu'elle peut ressentir au fond d'elle, aucun des trois n'arrive à comprendre les attentes de Juliette, chacun tente de lui imposer ses idées, or c'est une femme non-conventionnelle dans la société patriarcale de l'époque. Elle est libre, jeune et veut s'affranchir des codes sociaux.
Quand on découvre Et Dieu... créa la femme, on s'aperçoit très vite, que le film a (presque) tous misé sur Brigitte Bardot, sensuelle et éprise de liberté, elle fait jaillir l'amour et le charme de l'écran. La contrepartie est qu'elle laisse les miettes aux autres, les seconds rôles sont délaissés et ne sont absolument pas à la hauteur des acteurs qui les interprètent. Rayonnante et pleine de vie, elle nous partage son envie de vivre, d'aimer et de danser, la danse qui ici trouve une place particulière, que ce soit dans sa sublime scène finale où dans des compositions vibrantes. On redécouvre les classiques des années 1950, de Solange Berry à Gilbert Bécaud, et nous sommes plongés dans rythme aussi endiablé que romantique.
Malgré des défauts scénaristiques, quelque chose accroche, cela tient en particulier de la fascination d'un homme pour une femme, celle de Vadim pour Bardot. Le film offre ses meilleures scènes, meilleurs plans, lorsqu'il nous montre ces courts moments de liberté où elle marche sur la plage, se prélasse. Quand le cinéaste oublie sa volonté de raconter une histoire, et qu'il se perd dans une contemplation amoureuse, quand il se contente tout simplement de la filmer en train de vivre, on se perd alors dans cette photographie et dans la beauté des paysages.
Ce film est souvent considéré comme l'œuvre précurseure de la nouvelle vague française, une période où les cinéastes plein d'énergie ne veulent plus faire du superficiel. Ils veulent filmer la vie sincèrement, librement telle qu'elle est, et en particulier changer le regard sur les femmes, souvent tabous et mal vus auparavant. Ce premier long métrage de Roger Vadim sorti en 1956 est devenu un classique incontournable. Film jugé sulfureux aux mœurs légères lors de sa sortie, il a fait éclore une actrice, Brigitte Bardot qui est devenue, tout comme Marylin Monroe à ce moment-là outre-Atlantique, une icône d'un temps moderne et affranchi. Malgré des critiques mitigées, l'audace et le courage du couple de l'époque Bardot-Vadim fut récompensé par un succès international qui lancera le mythe d'une femme aux initiales célèbres : B.B
Titre Original: ET DIEU... CRÉA LA FEMME
Réalisé par: Roger Vadim
Casting: Brigitte Bardot, Curd Jürgens, Jean-Louis Trintignant, ...
Genre: Drame, Romance
Sortie le: 28 Novembre 1956
Distribué par: -