Les Gens d'à-Côté (2024) de André Téchiné

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nouveau long métrage de André Téchiné, grand réalisateur français à qui on doit entre autre "Hôtel des Amérique" (1981), "Rendez-Vous" (1985), "J'embrasse pas" (1991), "Les Egarés" (2003), "L'Homme qu'on aimait Trop" (2014), "Nos Années Folles" (2017) ou le dernier en date "Les Âmes Soeurs" (2023). Réalisateur-scénariste il co-signe le scénario avec le méconnu Régis de Martrin-Donos qui a récemment collaboré au scénario du film "La Fille et le Garçon" (2023) de Jean-Marie Besset... Lucie est agent de la police technique et scientifique dont le conjoint s'est suicidé récemment. Son quotidien jusqu'ici solitaire et routinier se voit soudain troublé par l'arrivée dans sa zone pavillonaire d'une jeune couple et de leur petite fille. Alors qu'elle se prend peu à peu d'amitié avec eux elle découvre que Yann, le père, est un activiste anto-flic au lourd passif judiciaire. Le conflit morake de Lucie va faire vaciller ses certitudes... 

Lucie est incarnée par la star Isabelle Huppert vue récemment dans "Mon Crime" (2023) de François Ozon, "Sidonie au Japon" (2023) de Elise Girard et "La Syndicaliste" (2023) de Jean-Paul Salomé, retrouve surtout son réalisateur pas moins de 45 ans après "Les Soeurs Brontë" (1979), puis retrouve après "Un Barrage contre le Pacifique" (2008) de Rithy Panh sa partenaire Hafsia Herzi vue récemment dans "Le Ravissement" (2023) deIris Kaltenbäck et "Borgo" (2024) de Stephane Demoustier, tandis que son époux est joué par Nahuel Pérez Biscayart vu dans "Les Leçons Persanes" (2020) de Vadim Perelman, "Un An, Une Nuit" (2023) de Isaki Lacuesta ou "La Fille de son Père" (2023) de Erwan Le Duc. Citons ensuite Stéphane Rideau qui retrouve Téchiné après "Les Roseaux Sauvages" (1994) et "Loin" (2001), puis retrouve les actrices après "Un Barrage contre le Pacifique" (2008), et enfin Moustapha Mbengue apparu notamment dans "Les Caprices d'un Fleuve" (1996) de et avec Bernard Giraudeau, "Amin" (2018) de Philippe Faucon ou "Les Cinq Diables" (2022) de Léa Mysius... Le film s'ouvre sur un manifestation policière qui dénonce pour une fois le bon côté de la loi, ce qui est assez rare au cinéma. Cette ouverture inédite sur grand écran est pourtant symptomatique de l'écueil du film, à savoir qu'il repose sur un scénario très manichéen alternant entre blanc et noir, entre l'anar gauchiste black block violent et une fonctionnaire de police en fin de carrière et veuve ce qui ouvre la porte à deux problèmes : 1- les deux discours sont trop marqués et oublient que le monde est plus dans des teintes de gris, 2- le personnage de Lucie/Huppert n'est pas policière mais technicienne de police scientifique, nuance !

Les deux discours sont sur le fond réalistes et crédibles mais sont trop démonstratifs pour ne pas dire caricaturaux, notamment la faute à des dialogues hyper écrits et donc peu naturels, voir pompeux ou solennels qui ne permet pas d'y croire ou, plutôt, de subir des messages moralisateurs et donneurs de leçon que ce soit d'un côte comme de l'autre. Et pour appuyer le propos on voit bien que les scénaristes ont voulu éviter les "amalgames" et ont donc choisi un défunt d'origine africaine afin de bien montrer que dans la Police il y a bel et bien de tout, des gens comme les autres. Mais il existe de nombreuses invraisemblances ou incohérences autour du personnage de Lucie/Huppert, étant technicienne elle n'est pas APJ 20 et donc pas grand chose n'est crédible dans le contexte policier. Il aurait fallu qu'elle soit une policière à "part entière". On reste perplexe sur les quelques passages oniriques ou propos spirituels qui sont presques hors sujets si ce n'était pour "atténuer" le position policière de Lucie. Si l'idée de base est aussi intéressante que pertinente le scénario est trop maladroits car sans nuances aucunes. On sent surtout qu'en vérité les auteurs ne connaissent pas leur sujet, à croire que la partie de Yann/Biscayart a été écrite pas un journaliste de Libération, et que celle de Lucie/Huppert par un syndicaliste de Alliance Police.

Note :                 

09/20