Mortelle Randonnée (1983) de Claude Miller

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Remarqué avec son premier long métrage "La Meilleure Façon de Marcher" (1976), Claude Miller a connu succès et César avec "Garde à Vue" (1981) ce qui a poussé le producteur Charles Gassot à capitaliser aussitôt en proposant au réalisateur un nouveau projet dans la foulée, à savoir l'adaptation du roman "Eye of the Beholder" (1980) de Marc Behm ; précisons que l'auteur avait d'abord écrit un scénario mais le producteur hollywoodien Samuel Bronston refusa ne semblant pas comprendre le héros déclarant : "Qu'est-ce que c'est que cet homme qui suit une fille, ce n'est pas naturel ça. Pourquoi ne l'invite-t-il pas à dîner ?" C'est alors que l'auteur se décida à écrire un roman tout en espérant être adapté. Le scénario est confié à un certain Jacques Audiard et futur grand réalisateur à partir de "Regarde les Hommes Tomber" (1994), et qui va être rejoint sur ce projet par son père, le fameux Michel Audiard scénariste cultissime avec qui il avait débuté sur son film "Bons Baisers... à Lundi" (1974) et avec qui il a collaboré sur "Le Professionnel" (1981) de Georges Lautner. Le film reste sans doute un projet assez personnel pour les Audiard et l'acteur principal Michel Serrault, en effet le thème de la perte d'un enfant ne peut que les avoir touché puisque Michel Audiard et Serrault ont tous deux perdu un enfant à la fin des années 70. Notons que la version originale du film à sa sortie et la version DVD aujourd'hui sont légèrement différentes, un remontage et des scènes oint été modifiés. Précisons que le roman sera à nouveau porté sur grand écran avec "Voyeur" (1999) de Stephan Elliott avec Ewan McGregor et Ashley Judd... Un détective privé surnommé L'Oeil est chargé d'enquêter sur une certaine Lucie Brentano, qui a tout de l'aventurière arriviste qui fréquente un fils de bonne famille.  Très vite il découvre que cette jeune femme est une tueuse en série mais il ne la dénonce pas, fascinée mais aussi il voit en elle sa propre fille qu'il n'a pas vu depuis une vingtaine d'années. Il se met donc à suivre cette mystérieuse jeune femme à travers l'Europe... 

La jeune femme est incarnée par Isabelle Adjani star grâce à des films comme "La Gifle" (1974) de Claude Pinoteau, "Le Locataire" (1976) de Roman Polanski ou "Possession" (1981) de Andrzej Zulawski et tourne cette même année dans le chef d'oeuvre "L'Été Meurtrier" (1983) de Jean Becker. L'Oeil est joué par Michel Serrault vu la même année dans "À Mort l'Arbitre" (1983) de Jean-Pierre Mocky et surtout retrouve le réalisateur et une partie de l'équipe de "Garde à Vue" (1981) dont Michel Such qui était aussi dans "La Meilleure Façon de Marcher" (1975) avec Patrick Bouchitey qui retrouvera Serrault également dans "Le Bonheur est dans le Pré" (1995) de Etienne Chatiliez, puis Guy Marchand aussi dans "Garde à Vue" (1981) qui retrouve de son côté après "Au-Delà de la Gloire" (1980) de Samuel Fuller sa partenaire Stephane Audran fidèle muse de Claude Chabrol sur plus de trente films. Citons encore Geneviève Page vue dans "Michel Strogoff" (1956) de Carmine Gallone, "Le Cid" (11961) de Anthony Mann ou "Buffet Froid" (1979) de Bertrand Blier et retrouve après "Belle de Jour" (1967) de Luis Bunuel l'actrice Macha Méril vue dans "Une Femme Mariée" (1964) de Jean-Luc Godard ou "Beau-Père" (1981) de Bertrand Blier et se retrouve cette même année à l'affiche de "Au Nom de tous les Miens" (1983) de Robert Enrico avec Dominique Frot (soeur de Catherine), citons ensuite Sami Frey vu dans "La Vérité" (1960) de Henri-Georges Clouzot, "Bande à Part" (1964) de Jean-Luc Godard ou "César et Rosalie" (1972)  de Claude Sautet, Jean-Claude Brialy qui retrouve Adjani après "Barocco" (1976) de André Téchiné et particulièrement prolifique avec pas moins de 8 films cette même année avec entre autre "Edith et Marcel" (1983) de Claude Lelouch, "Stella" (1983) de Laurent Heynemann ou "Papy fait de la Résistance" (1983) de Jean-Marie Poiré, puis enfin Chantal Bandler actrice fétiche de Claude Miller dans pas moins de 7 films dont "L'Effrontée" (1985), "La Classe de Neige" (1998) ou "Un Secret" (2007)... Le film débute comme nun simple polar mais dévie très vite vers un thriller psychologique où un enquêteur se retrouve séduit et perturbé par une femme fatale qui pourrait ou semblerait être sa propre fille disparue. Dès lors, le film oscille constamment entre  comédie de moeurs, drame psychologique, polar avec une dose de surréalisme qui crée une atmosphère singulière qui nous perd au fil du récit.

En effet, avec ce détective et père on alterne entre plusieurs options : est-il en train de perdre la mémoire, peut-être va-t-on apprendre qu'il a Alzheimer ?! Est-elle vraiment sa fille disparue ?! Si oui quel est le secret de leur passé ?! Si non pourquoi est-il si obnubilé par elle ?!... La première partie du film, entre l'enquête, le charme de Adjani, le trouble de Serrault, le doute et les meurtres, tout est parfait avec un mystère qui s'instaure et un climax assez envoûtant et mélancolique. Etonnamment le récit prend une autre tournure avec l'arrivée d'un couple détonant, Guy Marchand en sorte de ripoux libidineux et une Stephane Audran très enlaidie façon consanguin du nord, formant un couple de Bidochon qui ne colle pas à l'élégance générale du film. On tombe presque dans la farce alors que la fin du film souligne un drame certain entre la fuite en avant et la perte d'un enfant. Claude Miller signe un film intéressant qui pêche surtout par ce couple qui ne colle pas comme issu d'un autre film. 

Note :                 

13/20