Dos Madres (2024) de Victor Iriarte

Premier long métrage de Victor Iriarte après son court métrage "Decir Adios" (2007) et avoir produit le film "Buenas Noches, Espana" (2011) de Raya Martin. Des années bien discrètes après il revient avec un drame filial qu'il co-écrit avec Andrea Queralt pour son premier scénario après avoir été productrice entre autre de "Avant la Fin de l'Eté" (2017) de Maryam Goormahtigh, "L'Amour des Hommes" (2018) de Mehdi Ben Attia ou "Viendra le Feu" (2019) de Oliver Laxe, puis avec Isa Campo fidèle collaboratrice de Isaki Lacuesta qui est ici producteur, après avoir travaillé ensemble sur pas moins de 9 films depuis "Los Condenados" (2009) en passant par "La Propera Pell" (2016) seul film où elle est également créditée en co-réalisatrice puis le récent "Un An, Une Nuit" (2023) lauréat du Meilleur scénario au Goyas 2023... 

20 ans auparavant, Vera s'est vu séparée de force de son fils à sa naissance. Depuis elle le recherche sans relâche mais le temps passe vite quand son dossier a mystérieusement disparu des archives espagnoles. Malgré tout Vera retrouve Cora, une mère qui a adopté Egoz il y a 20 ans. Le destin les réunit tous les trois, ils vont tenter de rattraper le temps perdu mais aussi prendre leur revanche sur ceux qui leur ont volé une partie de leur vie... Vera est incarnée par Lola Duenas, actrice fétiche de Pedro Almodovar depuis "Parle avec Elle" (2002),vue aussi en France dans "Les Femmes du 6ème Etage" (2011) de Philippe Le Guay, "Suzanne" (2013) de Katell Quillévéré ou "Alleluia" (2014) de Fabrice Du Welz et récemment dans "Bird Box : Barcelona" (2023) de David et Alex Pastor. Cora est interprétée par Ana Torrent remarquée dans "L'Esprit de la Ruche" (1973) de Victor Erice et vue depuis dans "Tesis" (1996) de Alejandro Amenabar, "Deux Soeurs pour un Roi" (2008) de Justin Chadwick, "Veronica" (2017) de Paco Plaza ou "Fermer les Yeux" (2023) de Victor Erice, tandis que le fils est joué par Manuel Egozkue qui n'avait jusque là apparu que dans quelques courts métrages. Citons ensuite Maria Vazquez vue dans "Mataharis" (2007) de Iciar Bollain, "Eye for an Eye" (2019) de Paco Plaza ou "Matria" (2024) de Alvaro Gago, Katia Borlado vue dans "El Ultimo Invierno" (2018) de Julio De La Fuente ou "A Contretemps" (2022) de Juan Diego Botto puis Lina Rodrigues qui joue seulement dans son second film après "Le Consul de Bordeaux" (2011) de Joao Correa et Francisco Manso... Comment peut-on râter un film avec deux actrices aussi talentueuses et surtout un contexte historique et politico-social aussi riche et dense ?! Dès le départ on doit subit une voix Off qui va s'avérer omniprésente ce qui, grand paradoxe, va rendre le film beaucoup trop bavard alors même qu'il n'y a quasi aucun réel dialogue ! Cette voix Off va surtout déblatérer des choses d'une grande banalité et qui vient de l'évidence même, en effet après vingt ans de recherches on se doute bien que cela a été difficile et compliqué. Pourtant sur d'autres points le film occulte complètement des éléments qui pourraient être des détails si ce n'étaient pas des choses essentielles dans la démarche de la maman, par exemple elle a dépensé une fortune mais comment e-t-elle eu autant d'argent ?!

Après cette voix Off qui impose un monologue ennuyeux plutôt qu'un minimum de dialogues constructifs on constate que le scénario est comme un gruyère puisque les scènes intéressantes et importantes, à savoir celle qui ont avoir avec l'intrigue, sont entrecoupées de plans interminables sur des moments inutiles qui se focalisent le plus souvent sur des figurants effectuant des choses aussi ineptes qu'ennuyeuses comme des sténos faisant une gymnastique des mains, une chorale et ses vocalises, une jeune qui fait des pompes... etc... Cela pourrait être des plans contemplatifs mais encore faut-il une photographie et des sujets amenant un minimum d'attrait visuel plutôt que l'état des dents de choristes ou de la sueur d'une séance de sport. Ne parlons pas d'images d'archives disposées gratuitement sans logiques. La musique suppose une suite proche du thriller psychologique mais il en est rien, on est dans un drame intime et humain où il faut attendre la fin pour toucher du doigt un peu d'émotion vraie. Mais évidemment le sujet lui-même amène à une indulgence et à une empathie qui aide le film, mais objectivement le réalisateur se prend les pieds dans le tapis, voulant sans doute un peu d'originalité sur la forme pour servir un fond forcément lourd et difficile, mais au final la mise en scène reste pompeuse voir même prétentieuse pour une histoire qui finit par nous laisser de marbre. Dommage, une grande déception au vu du potentiel.

Note :                 

Madres (2024) Victor Iriarte

08/20