Le Bounty (1984) de Roger Donaldson

4ème adaptation cinéma pour cette histoire vraie des mutinés du Bounty en 1789 (Tout savoir ICI !) après "In the Wake of the Bounty" (1933) de Charles Chauvel, "Les Révoltés du Bounty" (1935) de Frank Lloyd et "Les Révoltés du Bounty" (1962) de Lewis Milestone, mais alors que ces films ont été adpaté du roman "Les Révoltés du Bounty" (1932) de Charles Nordhoff et James Norman Hall, ce projet (dernier film en date sur le sujet) est lui adapté du roman "Captain Bligh    and Mr. Christian" (1972) de Richard Hough. Le projet est d'abord celui de David Lean et de son scénariste Robert Bolt qui viennent de signer trois chefs d'oeuvres d'affiler avec "Lawrence d'Arabie" (1962), "Docteur Jivago" (1965) et "La Fille de Ryan" (1970). A la base ils imaginent un dyptique de deux films avec un budget initial de 40 millions de dollars dont une réplique du Bounty à 4 millions. Mais il s'avère que le budget serait juste suffisant pour un seul film, le coût exorbitant ne peut être assumé par le producteur Dino De Laurentiis qui se retire du projet en 1978. David Lean tente alors une transposition en série TV mais ne trouve pas de producteur alors que le bateau à 4 millions est déjà construit. David Lean quitte plein de frustration son projet et finalement réalisera "La Route des Indes" (1984). Mais nouveau rebondissement, "Conan le Barbare" (1982) de John Milius aidant, De Laurentiis revient et relance le projet estimant qu'il avait déjà misé gros. Il propose les commandes à Michael Cimino qui refuse préférant réaliser "L'Année du Dragon" (1985) toujours produit par De Laurentiis, et le producteur pense alors à Roger Donaldson, remarqué pour "Sleeping Dogs" (1977) premier film néo-zélandais à sortir aux Etats-Unis et qui était initialement prévu sur "Conan le Barbare". Donaldson aura une carrière irrégulière mais signera quelques très bons films comme "Sens Unique" (1987), "Treize Jours" (2000) ou "Braquage à l'Anglaise" (2008)... Décembre 1787, la frégate Bounty de la Royal Navy appareille avec au commandement le Capitaine Bligh pour partir se fournir en arbres à pain à Tahiti. La discipline de fer sur le navire instaure une ambiance délétère, mais après l'échec du passage au Cap Horn, les incidents se multplient. Une accalmie heureusement salutaire arrive pourtant quand ils arrivent sur un île paradisiaque où les vahinés offrent un accueil que les marins ne peuvent qu'apprécier. Mais l'équipage perd peu à peu ses prérogatives professionnelles et le Capitaine Bligh ordonne un retour brisant le bonheur présent. Les marins ne peuvent plus accepter les ordres et la sévérités à bord, et sur le chemin du retour la mutinerie s'organise menée plus ou moins à onctre coeur par le lieutenant Fletcher Christian, ami de Bligh... 

Le casting est mené surtout par Mel Gibson alias Christian Fletcher, nouvelle star mondiale après les succès de "Mad Max" (1979) et "Mad Max 2 : le Défi" (1981) tous deux de George Miller et confirmé entre autre par "L'Année de tous les Dangers" (1982) de Peter Weir. Le capitaine Bligh est incarné par Anthony Hopkins qui retrouvera son réalisateur pour "Burt Munro" (2005), mais surtout qui retrouve deux acteurs après "Un Pont trop Loin" (1977) de Richard Attenborough, d'abord son mentor Laurence Olivier qui avait déjà tourné pour Attenborough dans "Ah ! Dieu que la Guerre est Jolie" (1969) retrouvant ensuite aussi Edward Fox vu dans "Ghandi" (1982) une fois de plus sous la direction de Attenborough à l'instar de Bernard Hill remarqué plus tard surtout grâce à "Titanic" (1997) de James Cameron dans lequel il retrouvera Richard Graham qui retrouvera un certain Daniel Day Lewis dans "My Beautiful Laundrette" (1985) de Stephen Frears, "Au Nom du Père" (1993) de Jim Sheridan, "Phantom Thread" (2017) et "Gangs of New-York" (2002) de Martin Scorcese dans lequel sera aussi Liam Neeson vu dans "Excalibur" (1981) de John Boorman mais qui montera jusqu'en haut de l'affiche avec "Mission" (1986) de Roland Joffé, "Darkman" (1990) de Sam Raimi et surtout "La Liste de Schindler" (1993) de Steven Spielberg, John Sessions vu récemment dans "Belfast" (2021) de Kenneth Branagh sera aussi de "Gangs of New-York" et retrouvera dans "Mr. Holmes" (2015) de Bill Condon l'acteur Phil Davis qui retrouvera également Day Lewis dans "Au Nom du Père" (1993) ainsi que Graham encore dans "Vera Drake" (2004) de Mike Leigh et "Le Rêve de Cassandre" (2007) de Woody Allen. Citons encore Simon Chandler qui retrouve les acteurs de "Un Pont trop Loin" (1977) et retrouvera d'autres dans "Vera Drake" (2004), Dexter Fletcher qui retrouve alors Anthony Hopkins après "Elephant Man" (1980) de David Lynch, qui fera l'acteur notamment dans "Layer Cake" (2004) et "Kick-Ass" (2010) tous deux de Matthew Vaughn avant de devenir réalisateur notamment de "Rocketman" (2019) et "Ghosted" (2023). Puis enfin n'oublions pas le chef  des autochtones joué par Wi Kuki Kaa révélé dans "Utu" (1983) de Geoff Murphy et la belle vahiné Mauatua interprétée par la jolie Tevaité Vernette dans ce qui restera son unique rôle au cinéma... Précisons que le matériau d'origine est différent que celui pour les précédentes versions, et ce n'est pas un détail ! En effet le livre du duo Nordhoff-Hall est réputé pour sa fidélité aux faits historiques, celui de Hough se permet plus de liberté ce qui fait que ce film est logiquement moins intéressant d'un point de vue historique.

Ainsi pour ceux qui connaissent les premières versions (films et/ou livres) il n'y a plus comme narrateur le personnage de Roger Byam, et surtout le Bligh et Fletcher sont ici de très bons amis tandis que la romance de Fletcher avec sa vahiné prend autant d'importance que son face à face avec Bligh. Ce sont des choix plus romancés encore, mais ce qui gêne le plus est qu'ici Fletcher fait ses choix sur le fond uniquement par amour réel pour sa Mauatua/Vernette, toute sa probité ou sa valeur humaniste se retrouvent au second plan. Pourquoi pas ?! Mais alors il aurait fallu donner un rôle plus consistant pour la jeune vahiné qui demeure pourtant un simple faire valoir, sans compter évidemment sa nudité exotique. Le reconstitution du Bounty, les décors et les costumes font une reconstitution remarquable, les acteurs font le job avec une mention toute spéciale pour Anthony Hopkins une fois de plus impressionnant. D'ailleurs notons qu'il joue un officier moins tyrannique, un peu plus humain quoique rigide et sévère. Ca reste un beau film d'aventure mais les choix narratifs en font un film plus banal que les précédentes versions, celle de 1935 restant le chef d'oeuvre du genre. 

Note :                 

Bounty (1984) Roger DonaldsonBounty (1984) Roger Donaldson

14/20