LE CERCLE DES POÈTES DISPARUS (Critique)

CERCLE POÈTES DISPARUS (Critique)

CERCLE POÈTES DISPARUS (Critique)SYNOPSIS : Todd Anderson, un garçon plutôt timide, est envoyé dans la prestigieuse académie de Welton, réputée pour être l'une des plus fermées et austères des États-Unis, là où son frère avait connu de brillantes études. C'est dans cette université qu'il va faire la rencontre d'un professeur de lettres anglaises plutôt étrange, Mr Keating, qui les encourage à toujours refuser l'ordre établi. Les cours de Mr Keating vont bouleverser la vie de l'étudiant réservé et de ses amis...

Le Cercle des poètes disparus est basé sur les propres souvenirs de collège du scénariste Tom Schulman. Ce fut d'ailleurs son premier scénario, qu'il écrivit en 1985. Il remporta l'Oscar du Meilleur Scénario Original cinq ans plus tard. Le cercle des poètes disparus, où le film générationnel par excellence qui se transmet inlassablement depuis et qui continuera pour encore des siècles et des siècles comme dirait l'autre. Ne serait-ce que pour l'écho international de cette formule magique incantatoire qui continue à constituer une véritable devise pour des millions de terriens en manque d'utopie : Carpe Diem. Ce vers latin d'un poème d' Horace qui invite à cueillir le jour présent sans se soucier du lendemain. Cueillir les fleurs de la vie, profiter du jour présent, ce secret pour réaliser ne serait-ce qu'une miette de nos grands rêves, avant de finir sous terre dans l'indifférence générale, si ce n'est celle des vers.

CERCLE POÈTES DISPARUS (Critique)

Le réalisateur Peter Weir tenait à ce que le film soit tourné dans l'ordre chronologique, afin notamment que le lien entre les élèves et Keating suive une intensité dramatique fidèle à l'arc narratif. De l'étonnement initial, voire une forme d'inquiétude, puis une adhésion progressive jusqu'à une idolâtrie qui vaudra au Cercle des poètes disparus une des plus belles scènes finales du septième art. Très vite, c'est tout l'atypisme et l'anticonformisme de Keating et qui mieux que Robin Williams, pour cet appel à l'insurrection morale et affective, face à l'austérité académique très ferme de cette école qui emprisonne toute velléité échappatoire utopiste. Par expansion à ce qui dans nos vies nous cloisonne et nous donne le sentiment d'être empêchés. Les mauvais payeurs parleront de facile déjà vu, ce qu'ici les lignes fustigeront en invoquant une impérieuse nécessité aux salutaires transgressions douces à l'ordre établi. Ce que nous dit Le cercle des poètes disparus est que ne pas suivre le troupeau n'est pas mal, et que tout va assez vite pour ne pas se priver de passer à côté de l'essentiel. Un essentiel que l'on peut trouver dans la poésie. Car oui, on lit et on écrit de la poésie non pas parce que c'est joli, mais parce qu'on fait partie de l'humanité. Et que celle-ci est faite de passions. La poésie, les rêves, l'amour, c'est en fait pour ça qu'on vit. Ce sont alors les références permanentes à Walt Whitman " oh moi, oh la vie ", " Que le prodigieux spectacle continue et que tu peux y apporter ta rime " . La rime de Todd sera cette terrible lutte contre une maladive timidité et cette croyance en sa propre médiocrité. Cette de Neil, la passion du théâtre. Celle de Knox, le primo-amour passionnel fou qu'il portera à Chris. C'est bien la passion de furieusement vivre transmise par le fabuleux et farfelu Keating, qui permettra aux uns et aux autres survoltés et galvanisés, de nous offrir des scènes autant puissantes que poétiques ou empathiques qui ont touché des millions de spectateurs en plein cœur.

CERCLE POÈTES DISPARUS (Critique)
Il y aura la chatte qui a 4 papattes, qui vaudra à son auteur " nous ne rions pas de vous, mais avec vous " , le Yaaawwwppppp libérateur de Todd avec " la vérité qui est une couverture qui nous laisse les pieds froids ", l'hymne à la joie d'une épique partie de foot, le funeste triomphe de Niel, sublime et poétique Puck dans Le songe d'une nuit d'été, l'amour déterminé et insatiable de Knox qui ne sera pas loin d'emporter une partie qui semblait pourtant perdue d'avance. Nos apprentis poètes vont grandir jusqu'au drame ultime que nous tairons ici pour les jupitériens arrivés sur le tard. Et à nous d'enchaîner les fous rires et les larmes, surtout quand debout sur leurs tables, les plus beaux, les plus forts, s'exclameront Oh Capitaine, mon Capitaine. Un frisson et des larmes en même temps. Le cercle est de cette rare trempe là ! On se dira toutes et tous qu'on aimerait avoir Keating comme prof, ou pour nos enfants, où qu'on soit le Keating pour d'autres ! La mise en scène est aussi échevelée que les envolées délirantes de Keating , avec quelques belles cartes postales cependant très poétiques d'une Amérique très standardisée écossaise, du soleil couchant, et du vent que l'on prend à travers l'écran, magnifié par une bande son très enivrante avec rien de moins que Maurice Jarre à la composition.

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Bien sûr le casting, avec des jeunes acteurs qui ne le sont donc plus. Ethan Hawke dans le rôle de Todd qui comme son personnage va s'ouvrir au monde. Et d'autres performances assez ancrées en nous avec Robert Sean Leonard qui jouera un Neil bouleversant dans l'utopie fracassée et Josh Charles en parfait amoureux éperdu. Mais c'est évidemment Robin Williams qui va venir éblouir toute une génération de sa folie, de son hymne permanent à la liberté et qui viendra pour les plus audacieux nous permettre de penser qu'on avait parfois le droit d'oser. Il y avait bien sûr eu Good morning Vietnam (1987) mais c'est bien Le cercle des poètes disparus deux ans plus tard qui en fera une icône à jamais sacrée. Le cercle des poètes disparus n'a pas pris une ride, car il nous parle d'audace, d'envie, de poésie et de ce qui ne peut venir entraver la réalisation de nos rêves les plus profonds. Si la critique d'une forme de binarité fut assez légion quelques années après, dans les tristes passions de débiner les mythes, pour autant, le revoir et le plaisir de le faire découvrir est pleinement intact, marque d'un chef-d'œuvre générationnel qu'il est si bon de transmettre !

CERCLE POÈTES DISPARUS (Critique)

Titre Original: DEAD POETS SOCIETY

Réalisé par: Peter Weir

Casting : Robin Williams, Ethan Hawke, Robert Sean Leonard...

Genre: Comédie, Comédie dramatique, Drame

Sortie le : 17 Janvier 1990

Distribué par: Warner Bros. France

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