La Mariée était en Noir (1968) de François Truffaut

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Déjà un réalisateur reconnu et réputé après entre autre "Les Quatre Cents Coups" (1959), "Tirez sur le Pianiste" (1960) ou "Jules et Jim" (1962) le réalisateur François Truffaut est en pleine écriture de son livre d'entretien avec Alfred Hitchcock ce qui n'est assurément pas pour rien lorsqu'il choisit ce nouveau projet. En effet, il choisit d'adapter le roman "The Bride wore Black" (1940) de Cornell Woolrich alias William Irish un auteur que connaît bien le génial britannique après avoir adapté de son côté un de ses romans pour son chef d'oeuvre "Fenêtre sur Cours" (1954), tandis que Truffaut reviendra vers cet auteur pour "La Sirène du Mississippi" (1969). Par là même, le réalisateur français rappelle après "Fahrenheit 451" (1966) le compositeur Bernard Hermann qui était un des plus fidèles collaborateur de Hitchcock. Le réalisateur-scénariste retrouve aussi son co-scénariste Jean-Louis Richard qui a déjà co-écrit et/ou joué pour Truffaut notamment pour "La Peau Douce" (1963), et sur "Jules et Jim" (1961) avec Jeanne Moreau qui fut son épouse (1949-1951) et qu'il retrouve donc sur ce tournage... Le jour de son mariage Julie voit son mari assassiné sous ses yeux à la sortie de l'église. Un meurtre sans mobile apparent mais le deuil va amener Julie à préparer sa vengeance. Elle réussit à établir une liste des cinq responsables qu'elle va éliminer un par un... 

La veuve est donc incarnée par Jeanne Moreau qui retrouve donc son réalisateur après un caméo dans "Les Quatre Cents Coups" (1959) et surtout après "Jules et Jim" (1962), et retrouve après "Mata Hari, Agent H21" (1964) de Jean-Louis Richard plusieurs partenaires dont Claude Rich remarqué dans "Les Tontons Flingueurs" (1963) de Georges Lautner ou "Oscar" (1967) de Edouard Molinaro, Charles Denner qui retrouvera Truffaut dans "Une Belle Fille comme Moi" (1972) et "L'Homme qui aimait les Femmes" (1977), il était aussi avec elle dans "Ascenseur pour l'Echafaud" (1957) de Louis Malle à l'instar de Jean-Claude Brialy qui était aussi à l'affiche avec  l'actrice dans "Les Amants" (1958) de Louis Malle et "Les Quatre Cents Coups" (1959). La plupart du casting se retrouve ou se retrouvera dans d'autres films dont plusieurs de Truffaut, ainsi Michael Lonsdale qui retrouve Jeanne Moreau après "Le Procès" (1962) de et avec Orson Welles puis jouera dans "Baisers Volés" (1968) de Truffaut comme Paul Pavel et Serge Rousseau qui se retrouvent tous deux après "Compartiments Tueurs" (1964) de Costa-Gravas dernier, Serge Rousseau était aussi dans "Mata Hari...", sera dans "La Chambre Verte" (1977) de Truffaut qu'il retrouvera dans "Domicile Conjugal" (1970) avec son partenaire Daniel Boulanger scénariste fidèle de Claude Chabrol ou Philippe De Broca puis acteur notamment dans "Tirez sur le Pianiste" (1960). Citons encore Michel Bouquet remarqué dans "La Tour de Nesle" (1955) de Abel Gance ou "Les Amitiés Particulières" (1964) de Jean Delannoy et retrouvera son réalisateur pour justement "La Sirène du Mississippi" (1969), Sylvine Delannoy aperçue dans "French Cancan" (1955) de Jean Renoir et retrouve juste après "Le Vieil Homme et l'Enfant" (1967) de Claude Berri sa partenaire Luce Fabiole apparue entre autre dans "La Poison" (1951) de Sacha Guitry ou "Sénéchal le Magnifique" (1957) de Jean Boyer, Alexandra Stewart vue dans "Exodus" (1960) de Otto Preminger ou "Le Feu Follet" (1963) de Louis Malle, Gilles Quéant aperçu dans "Lucrèce Borgia" (1953) de Christian-Jaque ou "L'Année Dernière à Marienbad" (1961) de Alain Resnais, pus enfin Van Doude qui retrouve plusieurs camarades et surtout Jeanne Moreau après "Le Procès" (1962) et "Mata Hari..."... Il y a deux paramètres à prendre en compte d'entrée, d'abord l'influence certaine de Hitchcock, puis la modification de la conclusion finale. Ainsi Truffaut veut reprendre le principe du Macguffin (Tout savoir ICI) si hitchcockien, tandis qu'il change le fin du roman... ATTENTION SPOILERS !... où Julie s'aperçoit qu'elle a en fait tuer des innocents... FIN SPOILERS !... Mais le réalisateur français n'est pas Hitchcock, n'en déplaise à certains. Le Macguffin n'est pas assumé jusqu'au bout et est mis en place de façon trop grossièrement, en effet le mobile de l'une comme des autres est dévoilé trop vite avec une question qui hante tout le récit : comment a-t-elle pu retrouver tous ces protagonistes ?!

On pense un peu à "L'Eté Meurtrier" (1983) de Jean Becker, mais là où il y aura une jeune femme brisée par un secret de famille, ici c'est une femme aussi vite mariée que veuve qui va exécuter minutieusement les coupables. On suit donc Julie/Moreau sur cinq meurtres qu'elle planifie méthodiquement, de façon à la fois professionnelle et si peu plausible. La veuve tueuse a surtout beaucoup de chance, tout se passe si bien et finalement on finit par se moquer de l'intrigue elle-même pour savourer les quelques moments  qui sèment une histoire découpée comme autant de segments. Le traitement des cinq cibles est très différents, comme un films à sketchs à des niveaux qualitatifs différents, et dont la durée évolue en conséquence. Ainsi, on va du premier coupable (durée courte, vite fait bien fait) jusqu'au dernier (partie la plus longe la plus intéressante) ; notons qu'il s'ait d'un personnage peintre dont les oeuvres au fusain ont été en réalité réalisées par l'artiste Charles Matton. Le film reste assez inégal donc, ça manque de fluidité et d'intérêt émotionnel même si on savoure plusieurs séquences entre ironie et sarcasme. Un film qui souffre surtout de la comparaison, on imagine bien qu'un Hitchcock aurait été plus subtil sur bien des aspects.

Note :  

13/20