Quel pari fou ! Ce film vaut le coup d'être vu pour son originalité. L'histoire en quelques mots : une famille allemande (des SS plus précisément) vit à côté du camp d'Auschwitz. Ils y ont construit leur bonheur, des enfants pataugeant dans la piscine, une mère biberonnant son enfant, un joli jardin accueillant des abeilles et tout ceci juste à côté de la plus pire des horreurs humaines : l'extermination de juifs.
Le long-métrage est construit sur un habile dispositif scénique : face à l'horreur, le paradis terrestre d'une famille qui est sourde (c'est le cas de le dire, je vais y revenir) à la barbarie humaine se déroulant derrière leur mur. Tout le film s'articule autour du ressenti sonore, on ne voit rien, mais on imagine tout. Comme un peu cette tête coupée dans Seven en hors-champ, La Zone d'Intêret s'opère à nous faire entendre en hors-champ sonore les cris des torturés, les coups de fusil ou les aboiements de chiens des SS.
Ce film au sujet fort marquera, d'ailleurs la fin fait penser (spoiler) à Nuit et Brouillard dans son traitement cinématographique et m'a provoqué des haut-le-coeur ; et dire que je n'avais pas mangé avant la séance.
Bref, un sujet sensible, mais qui donne matière à réfléchir sur les horreurs de la seconde guerre mondiale. Essentiel.