Comme le Feu (2024) de Philippe Lesage

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Réalisateur entre autre de "Ce Coeur qui Bat" (2010), "Les Démons" (2015) ou "Genèse" (2018), le québécois Philippe Lesage revient avec une histoire qui lui a été inspiré au départ par son frère, documentariste, qui a vécue une semaine chez un grand réalisateur après une invitation par ami interposé : "Je trouvais intéressant de partir sur la base d'un jeune qui rencontre un adulte pour lequel il a beaucoup d'admiration. Et questionner à partir de cela cette idée de mentor et des modèles..." Philippe Lesage est réalisateur-scénariste d'une production canadienne qui réunit un casting mixte entre québécois et français... Jeff 17 ans est secrètement amoureux de Aliocha. Tous les deux admirent le mystérieux Blake, un vieil ami du père de la jeune fille, qui les invite justement avec les proches à passer quelques jours dans son chalet de chasse au coeur du grand nord canadien. En pleine nature, les deux adolescents vont se confronter à un monde d'adultes pas si matures jusqu'à être prêt à s'embraser dans la nature du grand nord... 

Les deux ados sont joués par deux jeunes, Noah Parker aperçu dans les films "La Femme de mon Frère" (2019) de Monia Chokri, "Voyeurs" (2021) de Michael Mohan et "La Déesse des Mouches à Feu" (2021) de Anaïs Barbeau-Lavalette, puis Aurélia Arandi-Longpré essentiellement vue dans diverses séries TV dont "District 31" (2016-2019), "Les Mutants" (2020-2021) ou "Discrètes" (2024). Le mystérieux Blake est incarné par Arieh Worthalter vu dernièrement dans "Bowling Saturne" (2022) de Patricia Mazuy, "Le Procès Goldman" (2023) de Cédric Khan ou "Rien à Perdre" (2023) de Delphine Deloget. Citons ensuite Paul Ahmarani vu dans "Arlette" (2022) de Mariloup Wolfe et qui retrouve après "Hôtel Silence" (2024) de Léa Pool sa partenaire Irène Jacob vue dans "Villa Caprice" (2020) de Bernard Stora ou "Rendez-Vous avec Pol Pot" (2024) de Ruthy Panh, Antoine Marchand-Gagon qui retrouve son réalisateur après "Genèse" (2018) ainsi que l'acteur Guillaume Laurin vu récemment dans "Jusqu'au Déclin"(2020) et "Très Belle Journée" (2022) tous deux de Patrice Laliberté puis "Simple comme Sylvain" (2023) de Monia Chokri, Sophie Desmarais remarquée dans "Les Amours Imaginaires" (2010) de Xavier Dolan et vue entre autre dans "Vacarme" (2020) de Neegan Trudel ou "Les Jours Heureux" (2023) de Chloé Robichaud, Carlo Harrietha dans son premier rôle après avoir été co-réalisateur de "Cul-de-Sac" (2008) et surtout spécialiste pyrotechnie sur les effets spéciaux de films comme "La Peur" (2015) de Damien Odoul, "Small Crimes" (2017) de E.L. Katz ou "Esther 2 : les Origines" (2022) de William Brent Bell, et enfin Laurent Lucas vu notamment dans "Adoration" (2019) de Fabrice du Welz, "Un Vrai Bonhomme" (2020) de Benjamin Parent ou "Toutes les Deux" (2021) de Noël Mitrani... Le film démarre comme une chronique de moeurs chorale où on le sait, les crises vont parasiter ces vacances champêtres. Le soucis c'est que dès le début on ne sent aucune amitié réelle entre le père et son ami hôte, on sent qu'il y a anguille sous roche. On a pas le temps de souffler qu'arrive une première crise dont les causes sont d'un ridicule qui nous conforte dans la dimension factice de leur amitié ; oui sans doute avant et il y a longtemps mais désormais on est plus dans la gêne et le malaise. Les engueulades qui sont de plus en plus hystériques et donc irritantes se succèdent entrecoupées de chasse et d'un ado excité par la soeur de son meilleur ami. On se demande où veut nous emmener le réalisateur-scénariste ?!

L'écriture des personnages est plutôt intéressante, psychologiquement plausible et cohérente à l'exception prête qu'on se demande pourquoi cet ami est venu avec ses enfants et un ami et on se demande encore plus pourquoi il ne repart pas après la seconde ou troisième accrochage ?! Un côté SM en amitié qui laisse perplexe. On ne sent aucune force dans les liens amicaux, tout sonne faux et on a donc du mal à s'attacher aux uns et aux autres dont le seul dénominateur commun reste leur ego. Par contre les personnages sont magnifiquement joués par des acteurs impressionnants et talentueux, surtout  Arieh Worthalter et Paul Ahmarani, puis les jolies révélations Noah Parker et Aurélia Arandi-Longpré. Le récit devient long et redondant, mais on apprécie la mise en scène avec le plan-séquence fixe des dîners qui accentue la tension et le côté anxiogène, et le mise en valeur des décors et paysages sublimes du fin fond du Canada. Puis arrive la dernière partie qui accumule les maladresses à tel point qu'on devine que de trouver une "bonne" fin a été laborieux... ATTENTION SPOILERS !... descente de rapides au climax tendu mais découpé à la serpe où on ne comprend rien aux distances, ellipses, apparition-disparition. Puis un intermède chanté comme un cheveu sur la soupe car impression d'être issu d'un autre film, cette tension qui semble virer le récit vers le thriller, mais non... FIN SPOILERS !... Parfois on a l'impression d'être dans une variation de "Le Diner de Cons" (1998) de Francis Veber en version très sérieuse du psycho-drame sur fond de rancoeurs. Ce n'est jamais drôle, surtout ce n'est un film à ne pas mettre devant un dépressif ! Psychologiquement intéressant donc même si on reste perplexe devant ces pseudo-amitiés, le film surnage grâce à ses acteurs et sa réalisation mais l'histoire laisse froid ou plutôt nous refroidi au fur et à mesure. Un déception mais à conseiller tout de même.

Note :                 

12/20