DÉLIT D’INNOCENCE (Critique Vidéo)

DÉLIT D’INNOCENCE (Critique Vidéo)

50 polars que je vous recommande Partie 2

DÉLIT D'INNOCENCE de Peter Yates (1990)

Avec Tom Selleck et F. Murray Abraham

Quand la star d'une série télé mondialement connue et reconnue fait également du cinéma, forcément la curiosité est de mise. Et dire que Tom Selleck a suscité la curiosité au cours de sa carrière ciné pendant et après Magnum est une litote. Après avoir dû renoncer la mort dans l'âme aux Aventuriers de l'arche perdue faisant ainsi le bonheur d'un certain Harrison Ford, il s'est illustré dans quelques projets anecdotiques mais sympathiques comme Les aventuriers du bout du monde, Signé Lassiter ou Runaway l'évadé du futur, jusqu'au hit Trois hommes et un bébé remake du film de Coline Serreau, Trois hommes et un couffin. En 1989, il est la vedette de deux films, Son alibi et ce Délit d'innocence, l'antépénultième polar pur sucre réalisé par le vétéran Peter Yates, rien moins que l'homme qui a dirigé Steve McQueen dans Bullitt. Si Délit d'innocence n'a pas foncièrement marqué la mémoire collective, il reste d'une efficacité redoutable dans sa construction, et ce même si son scénario ne respire pas l'originalité et qu'un an auparavant, sur un sujet proche, Haute sécurité de John Flynn avec Sylvester Stallone faisait déjà très bien le job. Dans Délit d'innocence, Tom Selleck interprète Jimmy Rainwood, un homme heureux dans son boulot, très amoureux de sa femme, foncièrement bon et honnête qui se trouve piégé par deux officiers de police corrompus qui vont faire de sa vie un enfer. Celui qui incarne la bonté personnifiée va se retrouver en moins de temps qu'il s'en faut pour le dire, enfermé dans une prison où ses co-détenus ne vont pas tous avoir à son encontre des intentions pacifiques. Pour se sortir de ce bourbier, il va devoir devenir aussi vicieux qu'eux et compter sur le soutien d'un gangster pendant que dehors, son épouse épuise les recours pour qu'il soit libéré. " Nous avons tourné dans la prison d'état de Carson, une des plus dures des États-Unis. " expliquait Selleck à France Soir à la sortie du film. " Je craignais tout le temps qu'un des détenus condamnés de toute façon à perpétuité ne me tue juste pour se rendre célèbre en tuant une célébrité. " disait également le comédien. Outre des conditions de tournage réalistes, Délit d'innoncence a de nombreux arguments à faire valoir. Son casting tout d'abord, à forte majorité masculine. Tom Selleck y est excellent dans un registre très éloigné de Magnum. Son personnage est certes très positif et plein de bonté, mais il n'est pas seulement angélique et c'est dans la complexité des actes qu'il est obligé d'accomplir et de leur sens moral, que le comédien trouve avec subtilité les bons ressorts dramatiques. Face à lui, le Salieri du Amadeus de Milos Forman, F. Murray Abraham y est particulièrement savoureux en truand protecteur. David Rashe et Richard Young en flics corrompus sont détestables et donc parfaitement dans ce qu'on attend d'eux même si leurs personnages sont à la lisière de la caricature par moments. Laila Robins dans le rôle de l'épouse de Jimmy a moins de choses à jouer que ses homologues masculins et le manque d'un personnage féminin mieux écrit et mieux construit se fait parfois sentir. Mais cela n'empêche pas de prendre beaucoup de plaisir à ce film traditionnel que Peter Yates, en artisan de talent, mène à bon port. L'action et la tension dramatiques sont bien dosées et l'empathie que dégage le héros font qu'on prend évidemment fait et cause pour lui et qu'on s'accroche à son destin tumultueux. Classique dans le bon sens du terme, Délit d'innocence mérite d'être redécouvert, lui qui est passé sous le radar de la postérité. Un bon polar, une série B qui a de la gueule avec des comédiens charismatiques, parfois on n'a pas besoin de plus pour avoir son compte. Dites-moi en commentaire si vous l'avez vu et ce que vous en avez pensé et sinon si cette vidéo vous a donné envie de le découvrir. Et pour des conseils ciné, séries, livres, n'oublie pas de t'abonner !