Climax & Dénouement dans l'écriture du mystère
Le Climax, c'est l'ultime confrontation. N'ayez surtout pas recours au deus ex machina pour la résolution du mystère, c'est-à-dire que, coincé dans une ornière, vous nous offrez une résolution pour le moins fantaisiste et cela ruine tous vos efforts.
Cette rencontre ultime entre le héros ou l'héroïne et leur pire adversaire se prépare. Il y a des étapes à respecter tout au long de l'intrigue et vous pourriez même surprendre votre lecteur/spectateur en le trompant sur ses attentes.
(2003) de Bong Joon-ho nous prépare à l'ultime confrontation lors de la poursuite d'un tueur en série particulièrement habile à se camoufler. La confrontation a lieu dans un tunnel ferroviaire désaffecté, de nuit et sous une pluie battante. Mais nous sommes déjoués, non pas frustrés, car l'enquête n'aboutit pas. Au lieu de cela, nous retrouvons le héros plusieurs années plus tard menant une vie ordinaire mais toujours hanté par cette affaire.
Si, par crainte de la frustration possible du lecteur/spectateur, les auteurs auraient voulu suivre la convention du genre qui consiste à donner une solution, ils auraient dû recourir à un deus ex machina (peut-être un suicide banal du suspect) mais cela n'aurait pas fait sens donc ils sont demeurés dans la résolution inaccomplie de l'enquête qui se rapporte bien davantage au thème.
(2009) de Juan José Campanella aboutit à un climax qui se produit 25 ans après les événements. L'intrigue est faite d'analepses et d'indices soigneusement distribués. Quant à la résolution, elle est tout bonnement dans la thématique du récit. Le climax est le fruit d'un dilemme moral pour le personnage principal Espósito.
Sa décision est alors la conclusion. Ce que nous démontre ici les auteurs est qu'il n'y a jamais de solutions faciles.
(2011) de Morten Tyldum est plus traditionnel dans sa construction. Les événements gagnent en intensité alors que l'intrigue s'éploie jusqu'à la confrontation. Mais ici encore, nos attentes sont trompées. Déjà par les choix des auteurs concernant leur héros d'abord peu sympathique mais son arc dramatique se charge de le disculper de ce trait ; un petit homme contre une espèce de Goliath et allergique en plus.
L'idée intéressante est que c'est par sa ruse et son intelligence que ce petit homme vainc le méchant de l'histoire.
La révélation
La révélation, c'est d'abord un lieu et un moment. Il vous faut donc la déterminer car dans un mystère, elle constitue le climax. Une intrigue, c'est donc de la tension qui s'accumule (même si vous réservez quelques moments de détente afin que nous reprenions notre souffle). Toute cette accumulation d'énergie se doit de se décharger afin d'offrir, si l'on veut, un moment cathartique au lecteur/spectateur.
Donc, le climax ne peut se produire sans cette énergie.
Peut-être est-il préférable de tabler sur notre tendance à aimer les énigmes. Tout au long du récit, nous interprétons les informations qui nous sont données au compte-goutte s'entend et nous fabriquons des hypothèses. La révélation ultime de la vérité au moment du climax nous apporte alors une vraie satisfaction, même et surtout si nous sommes pris à contre-pied !
Le lieu fait sens. Il symbolise les thèmes ou les états psychologiques des personnages (la pluie alors que le climax révèle un besoin de rédemption par exemple). Par le moyen du lieu, l'autrice et l'auteur impressionnent leur lecteur/spectateur. Ils s'adressent à ses sens pour que la figure provoque en eux une émotion semblable à celle sensée être éprouvée par le personnage.
Après le climax, ce n'est pas tant la victoire ou la défaite qui compte. Au contraire, ce que nous voulons voir et entendre est une émotion. De la joie, un sentiment de gâchis, une amertume... la palette est presque infinie. (2014) de Dan Gilroy traîne dans son sillage un malaise et un dégoût. Néanmoins, tout comme le mal, nous éprouvons à la fois de la répulsion et de la fascination pour cet être totalement immoral et pourtant...
(2013) de Jeremy Saulnier accomplit sa vengeance et pourtant ce qu'il ressort est un sentiment de vacuité immense devant la futilité de nos actes. La violence décidément ne laisse que tristesse et épuisement moral.
Monologue : source d'ennui
Broadchurch (2013-2017) de Chris Chibnail nous donne les informations nécessaires à l'intelligence du récit à travers les interrogatoires des suspects et des témoins. Vous constaterez que les échanges sont souvent le moyen de résoudre le problème d'une scène qui doit révéler une information importante.
Le recours aux analepses est à ce moment tout à fait idoine. Montrez le passé dans le cours de l'intrigue court le risque de casser l'élan de l'intrigue si cela est mal pensé. En revanche, pour expliquer progressivement les dessous d'une affaire, des allusions à ce qu'il s'est passé autrefois mais en dire jamais trop, est une expression très valable.
A bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard utilise les analepses de manière discrète pour nous expliquer les raisons de la fuite de Michel. Dans Un crime dans la tête (1962) de John Frankenheimer, les analepses participent elles-mêmes du courant de l'intrigue ; elles sont courtes mais suffisamment puissantes pour démontrer la manipulation mentale que subisse les hommes de Raymond Shaw. John Boorman dans Le point de non retour fait lui aussi appel à des analepses rapides (ce qui ne ralentit pas l'action) pour nous expliquer petit à petit la quête de vengeance de Walker.