RIPLEY (Netflix) – 16/20
Un ovni au milieu des séries young adults de Netflix. Ripley est un polar lent, beau et intrigant qui prend son temps pour installer son récit sous le soleil de Capri, filmé dans un magnifique écrin noir et blanc. Inspirée de l’œuvre de Patricia Highsmith dont ont déjà été tirés les films Plein soleil et Le Talentueux Mr Ripley, la série creuse dans le détail la veine machiavélique du plan insensé de Tom Ripley.
Il faut certes digérer les 2/3 premiers épisodes et passer outre l’ennui poli qu’ils suscitent, mais une fois l’histoire vraiment lancée, Ripley s’avère hypnotisant, fascinant, aussi passionnant à suivre qu’exquis à regarder (la sophistication de sa mise en scène est délicieuse et le dernier chapitre à Venise est renversant de beauté). On se met à se demander comment il va bien pouvoir se sortir du piège qu’il a lui même tendu. C’est si addictif que je me suis même mis à binge-watcher les derniers épisodes!
Seul petit regret, s’il excelle dans ce rôle trouble emprunt d’ambiguïté et de cynisme, Andrew Scott n’a pas la puissance de séduction de Delon (qui pourrait?) ni du jeune Matt Damon qui l’ont précédé dans le rôle. Le reste du casting n’est pas non plus très marquant, c’est la toute petite limite de Ripley.
Je suis néanmoins très reconnaissant envers la personne qui m’a encouragé à laisser une chance à ce petit bijou.
HOUSE OF THE DRAGON S02 (Max) – 15/20
Après une première saison qui filait à tout allure, nous laissant à peine le temps de nous familiariser avec une foule de personnages incarnés par plusieurs acteurs au fil des épisodes, House of Dragon lève le pied, se pose et installe son terrain de jeu, concentrant ses 8 épisodes sur une période beaucoup plus brève qui permet de mieux appréhender les enjeux politiques et les alliances stratégiques. Une saison de transition mais pas ennuyeuse pour autant. Finement écrite, elle renforce le développement psychologique des protagonistes et assoit les base d’une guerre fratricide qui sommeille mais ne demande qu’à éclater. Si Damon nous épuise un peu avec ses visions et ses atermoiements, la stature prise par Rhaenyra malgré ses doutes et ses hésitations starifie Emma d’Arcy, qui incarne plus que jamais la figure royale de la série.
Cerise sur le gâteau, HoD 2 fait réellement entrer les dragons dans la danse, c’est visuellement très impressionnant et narrativement excitant. Deux ans, pour découvrir la suite, ça va encore être très long…
SWEET TOOTH S03 (Netflix) – 14/20
La série s’offre une belle conclusion, rythmée, épique et émouvante, qui clôt très correctement les histoires de ses personnages et valide notre aventure dans ce monde post apocalyptique étrange, où cohabitent tant bien que mal hybrides et humains.
A la fois violent et poétique, Sweet Tooth a toujours assumé ce paradoxe, balançant entre une naïveté réconfortante et une réalité brutale, brassant des thèmes aussi divers que l’acceptation des différences et l’égoïsme autodestructeur propre au genre humain. Cette dernière saison révèle la source de la mythologie, satisfaisante sans être bouleversante, mais permet surtout de dire adieu à Gus et Big Man, dont les arcs narratifs auront été solidement tenus jusqu’au final. Une bien jolie série.