ALIENOID – L’AFFRONTEMENT (Critique)

Par Cliffhanger @cliffhangertwit

SYNOPSIS : Lorsque les aliens ont envahi la terre ; Ean, jeune protectrice, s'est rendue dans le passé pour tenter d'inverser le cours de l'histoire. Aidée d'Initiés aux pouvoirs légendaires, la jeune femme doit désormais retourner à notre époque pour affronter l'Alien Originel lors d'une ultime bataille décisive pour sauver l'humanité.
Le diptyque Alienoid mené par le réalisateur sud-coréen Choi Dong-hoon en arrive à sa conclusion en France, avec ce second et dernier volet sous-titré L'Affrontement. Autant le dire de suite : celles et ceux qui auraient fait l'impasse sur le premier opus auront un mal fou à comprendre quoi que ce soit de ce qu'il se passe à l'écran, bien qu'un résumé par voix-off un brin bricolé ouvre le film pour récapituler les évènements des Protecteurs du Futur. L'Affrontement raccroche avec là où les personnages étaient restés à la fin du précédent. La jeune Ean est coincée dans le passé, en possession d'une lame magique convoitée par le leader des Aliens qui cherche à s'approprier la Terre dans le Présent. Ses deux protecteurs ayant été mis hors service (le Gardien s'est sacrifié et le robot Thunder a été désactivé lors de son combat final), Ean doit désormais survivre seule en s'assurant que la Lame ne tombe pas entre de mauvaises mains. Pourtant, nombreux sont ceux qui tentent de récupérer l'artefact (parmi eux un guerrier aveugle, des moines taoïstes et un duo de chats-humains), et Ean va s'allier hasardeusement avec un certain Muruk qui commence à ressentir une présence surnaturelle enfermée en lui...


Alienoid, par sa nature de fresque SF volontairement complexe quand elle n'est pas bourrinement confuse, assume très vite ses volontés de servir sur un plateau un très (très) grand spectacle dans les contours du cinéma coréen moderne. A travers son aventure dans le temps et l'espace, combinant super-pouvoirs mystiques, invasion extra-terrestre, effets spéciaux massifs et scènes de combat démultipliées pour livrer au spectateur l'expérience factuelle la plus ambitieuse et divertissante possible, Choi Dong-hoon semble vouloir raccrocher un air de MCU aux productions de son pays. Pour le meilleur comme parfois pour le pire. L'Affrontement prend les racines du premier volet, lequel s'écartait déjà de ses semblables en proposant une succession gentiment chaotique de séquences à travers le temps. La Corée du 14e siècle co-existe avec le Séoul moderne, et le maelström scénaristique découpé par Choi Dong-hoon et Lee Ki-cheol revêt des faux-airs de chaos généralisé maniant aussi bien le fun décomplexé d'une intrigue over-the-top rassemblant les tropes les plus euphorisants du genre qu'une exécution souvent bancale qui coupe trop ses élans épiques par des blagues mal placées et une sensation finale de too-much concluant le film sur une succession de cliffhangers à s'en arracher les cheveux. Ce deuxième opus se retrouve alors avec tout un tas de promesses à tenir - à commencer par mener à bien l'affrontement final du titre français, tout en continuant les multiples intrigues initiées par son démarrage.


Alienoid - L'Affrontement est un projet foncièrement massif - probablement même trop pour son propre bien - qui combine avec une énergie folle la passion de son cinéaste pour les arcs de SF et l'ambition de proposer une expérience cinématographique nouvelle et radicale sous les traits d'une invasion extra-terrestre entre les époques. Ce deuxième épisode met globalement les choses à plat en recontextualisant ses deux personnages principaux. Ean et Muruk, au 14e Siècle, tentent de protéger la Dague Ancestrale face aux différents personnages qui cherchent à se l'octroyer, tout en tentant de localiser le leader des Aliens - car ce dernier a été fait prisonnier dans un corps humain et n'a besoin que cet artéfact pour terminer son invasion totale de la Terre dans le Séoul du Présent. L'intrigue de L'Affrontement s'avère donc beaucoup plus lisible que son aîné (malgré les sauts entre présent et passé), notamment grâce à une meilleure gestion de son script et une direction plus affichée qui mène les personnages à faire front contre l'envahisseur dans l'ultime partie. L'affrontement promis est alors complètement à la hauteur des promesses, dans un très beau final qui parvient à refermer toutes les intrigues avec grande classe (et même une émotion honnêtement inattendue).


L'on pourra alors passer un temps démesuré à énumérer un a un les défauts de ce diptyque Alienoid mais au fond, dans sa mission claire et affichée de proposer un divertissement honnête et explosif, Choi Dong-hoon relève le défi en faisant de sa saga un objet chaotiquement unique qui se trouve relevé par son charme immortel et son énergie extraterrestre. Alienoid est aussi ludique qu'il est stupide, un gigantesque cartoon en live-action qui patauge dans les imperfections pour transformer la plupart en or dans son comic-book moderne à cheval entre les genres et les ambitions. Sous les interprétations attachantes et épiques de Kim Tae-ri et Ryu Jun-yeol, constamment relancée par une suite sans fin de plot twists sans aucune limite et dynamitée par une envie profonde de fabriquer quelque chose d'unique, cette conclusion musclée d' Alienoid est une surprise en bonne et due forme qui assure un spectacle massif sous ses faux-airs de chaos mal maîtrisé, pour mieux raconter son twist mystique du film d'Alien moderne.

Titre Original: OEGYE+IN 2BU

Réalisé par: Choi Dong-hoon

Sortie le: 28 août 2024

Distribué par: Condor distribution

TRÈS BIEN