Le Chemin de la Liberté (2003) de Phillip Noyce

Après avoir produit et écrit les documentaires "La Reine va vers l'Ouest" (1988) et "Invitation à un Mariage" (1995) tous deux de Curtis Levy, la néo-zélandaise Christine Olsen découvre un article de journal sur le livre "Follow the Rabbit-Proof Fence" (1996) de Doris Pilkington Garimara, qui raconte une Histoire Vraie, celle de sa propre mère Molly et deux autres fillettes qui ont parcouru plus de 2000kms pour retrouver les leurs après avoir été enlevées à leur famille dans le contexte des Générations Volées (Tout savoir ICI !). Un sujet difficile encore rarement abordé mais on peut aussi citer la superproduction "Australia" (2008) de Baz Luhrmann. Si le titre en V.O. signifie "Clôture à l'épreuve des Lapins", le titre en V.F. ne doit pas être confondu "The Patriot : le Chemin de la Liberté" (2000) de Roland Emmerich ou "Les Chemins de la Liberté" (2010) de Peter Weir. La productrice-scénariste convainc la romancière pour acquérir les droits et après cinq années de recherche et d'écriture choisit pour la réalisation l'australien Phillip Noyce, capable du pire ("Sliver" en 1993 ou "Le Saint" en 1997) comme du très bon ("Jeux de Guerre" en 1992 et "Danger Immédiat" en 1994) voir de l'excellent plus tard avec "Un Américain bien Tranquille" (2002) ou "Au Nom de la Liberté" (2006)... En 1931, à Jigalong près du désert de Gibson, trois fillettes aborigènes vivent heureuses auprès de leurs mères : Molly 14 ans, sa cousine Gracie 10 ans et sa jeune soeur Daisy 8 ans. Mais sur ordre de M. Neville "protecteur en chef des Aborigènes pour l'Australier occidentale, les fillettes sont arrachées à leur famille et transférer au camp de Moore River qui se situe à plusieurs centaines de kilomètres. Au camp, les conditions de vie sont désastreuses à tel point que Molly décide de fuir et emmène ses cousines dans un périple de plus de 2000kms pour retrouver leur famille...

Pour trouver les trois filles aborigènes il a fallu un casting où plus de 1200 enfants ont tenté leur chance. Evelyn Sampi, Laura Mongahan et Caitlyn Lawford ont été sélectionnées notamment pour leur entente et complicité mais la dernière sera remplacé juste au début du tournage car elle ne supportait pas les conditions de tournage. Si la remplaçante Tianna Sansbury et Laura Mongahan ne continueront pas dans métier, Evelyn Sampi alias Molly qui obtiendra l'Inside Film Award de la meilleure actrice fera un petit retour dans la série TV "The Circuit" (2007-2010). Le responsable britannique est incarné par Kenneth Branagh la même année où il intègre une célèbre franchise avec "Harry Potter et la Chambre des Secrets" (2002) de Chris Columbus, et surtout récemment dans quelques-uns de ses propres films ou "Dunkerque" (2017) et "Oppenheimer" (2023) tous deux de Christopher Nolan. Citons ensuite Deborah Mailman vue dans "Radiance" (1998) de Rachel Perkins ou plus tard "les Saphirs" (2012) de Wayne Blair et retrouvera dans "Bran Nue Dae" (2009) de Rachel Perkins sa partenaire Ningali Lawford vue ensuite dans "Last Cab to Darwin" (2015) de Jeremy Sims qui joue ici auprès de sa mère Myarn Lawford, sans oublier celui qui reste le plus connu des Aborigènes au cinéma David Gulpilil révélé dans "La Randonnée" (1971) de Nicolas Roeg et vu entre autre dans "Mad Dog Morgan" (1976) de Philippe Mora, "L'Etoffe des Héros" (1983) de Phillip Kaufman, "Crocodile Dundee" (1986) de Peter Fairman, "The Proposition" (2005) de John Hillcoat, "Australia" (2008) ou "Charlie's Country" (2014) de Rolf de Heer, puis enfin Jason Clarke qui sera enfin remarqué avec des films comme "Public Enemies" (2009) de Michael Mann, "Des Hommes sans Loi" (2012) de John Hillcoat ou "Zero Dark Thirty" (2013) de Kathryn Bigelow... Notons que la musique est signée de Peter Gabriel qui composera un album intitulé "Long Walk Home" (2002)... Le film débute avec un encart explicatif sur le contexte historique, vite fait bien fait. Puis on attend le drame de l'enlèvement forcément attendu, au sein d'une petite communauté aborigène où les fillettes vivent heureuses mais on perçoit aussi la peur des mères qui doivent rester à l'affût d'un danger qu'elles savent présent comme une épée de Damoclès. Forcément on est ébranlé et touché par la tragédie qui perdure sobrement appelée  Générations Volées (Tout savoir ICI !) mais qui n'est rien d'autre que l'organisation systémique d'une épuration ethnique.

Mais très vite il manque du corps et de la chair, de la consistance dans le récit sur le fond comme sur la forme. Le scénario précise que les conditions dans le camp des enfants sont "sinistres" mais si ce n'est pas la colonie de vacances on aura vu bien pire au cinéma comme dans les faits dans d'autres contrées et autres circonstances. Mais le pire arrive avec le périple et la fuite des enfants. en 15mn de voyage et on nous apprend que 1500kms ont déjà été parcouru sans qu'on ait vu une quelconque difficulté pour les enfants ?! Quid de la survie autour de la recherche de nourriture et d'eau peut-être ?! (le B.A.BA). Ensuite on se dit que sur 2500kms les filles ont sans doute rencontré quelques dangers, rappelons que l'Australie est connu pour posséder quelques uns des animaux les plus rares et dangereux de la planète. Mais non aucun soucis notable même les rencontres humaines sont plus ou moins résumé à des appréhensions compréhensibles. Puis arrive la fin, avec un dernier encarts qui s'avère bien plus parlant que le film et on se met à calculer 2500kms en 9 semaines par des gamines hautes comme trois pommes... Néanmoins on reste sur notre faim avec ce scénario qui manque de tout, ironie du sort le traqueur joué par David Gulpilil aura participé à des films bien plus passionnants où être traqués est bien plus compliqués à conseiller fortement avec "La Randonnée" (1971) et "The Tracker" (2002) de Rolf de Heer. Mais évidemment, les héroïnes sont des enfants et le sujet reste rarement traité au cinéma ce qui amène à une certaine indulgence... 

Note :                 

Chemin Liberté (2003) Phillip NoyceChemin Liberté (2003) Phillip Noyce

10/20