Les Félins (1964) de René Clément

Grand réalisateur remarqué dès ses débuts avec "La Bataille du Rail" (1946), "Les Maudits" (1947) ou "Jeux Interdits" (1952) René Clément profite d'un concours de circonstances pour réunir deux stars en pleine reconnaissance mondiale, l'américaine Jane Fonda et le français Alain Delon dont il a fait une star avec "Plein Soleil" (1960). Pour les réunir il choisit un drame policier écrit par Charles Williams, romancier qui sera lui-même adapté plusieurs fois avec entre autre "L'Arme à Gauche" (1965) de Claude Sautet, "Vivement Dimanche !" (1983) de François Truffaut ou encore "Hot Spot" (1990) de Dennis Hopper, puis par Pascal Jardin qui va devenir un fidèle de Pierre Granier-Deferre sur pas moins de sept film entre "La Horse" (1970) et "Le Toubib" (1979). Les scénaristes adaptent le roman "Joy House" (1954) de Day Keene... Après avoir été l'amant d'une femme, Marc doit fuir poursuivit par les sbires du cocu qui s'avère être un riche mafieux américain. Cherchant à venger son honneur, il missionne ses hommes pour retrouver l'amant coûte que coûte. Marc fuit alors jusqu'à Monte Carlo où il parvient à se faire engager comme chauffeur auprès de Barbara, une riche veuve américaine. Mais bientôt il comprend qu'il n'a pas été choisi par hasard et se retrouve plongé au coeur d'une sombre machination... 

L'amant en fuite est donc incarné par Alain Delon qui après "Plein Soleil" (1960) retrouve son réalisateur en étant devenu entre temps une star en confirmant son talent avec des films comme "Rocco et ses frères" (1960) et "Le Guépard" (1963) tous deux de Luchino Visconti. La veuve milliardaire est jouée par Lola Albright vue auparavant dans "Le Pirate" (1948) de Vincente Minnelli, "Le Champion" (1949) de Mark Robson ou "Le Brave et la Belle" (1955) de Budd Boetticher, tandis que son employée est interprétée par Jane Fonda, fille du monstre sacré Henry Fonda remarquée dans "La Rue Chaude" (1962) de Edward Dmytryk et "La Liaison Coupable" (1962) de Georges Cukor avant de rester un peu en France où elle va rencontrer un certain Roger Vadim. Citons ensuite Sorrell Booke vu plus tard dans "Point Limite" (1964) de Sidney Lumet ou "Abattoir 5" (1972) de George Roy Hill mais qui sera surtout connu comme le Boss dans la série TV culte "Shérif, Fais-moi Peur" (1978-1985), Carl Studer vu dans "Deux Hommes dans Manhattan" (1959) et "Le Doulos" (1962) tous deux de Jean-Pierre Melville et retrouve René Clément après "Le Jour et l'Heure" (1963), André Oumansky vu entre autre dans "La Vérité" (1960) de Henri-Georges Clouzot ou "Les Dimanches de Ville d'Avray" (1962) de Serge Bourguignon, Georges Gaynes qui sera surtout connu comme le commandant de la "Police Academy" (1984-1994), Annette Poivre aperçue dans "Quai des Orfèvres" (1947) de Henri-Georges Clouzot ou "Porte des Lilas" (1957) de René Clair, Marc Mazza  qui retrouvera son réalisateur pour "Le Passager de la Pluie" (1970) et vu notamment dans "L'Attentat" (1972) de Yves Boisset ou "Mon Nom est Personne" (1973) de Tonino Valerii, Jacques Bézard apparu dans "La Reine Margot" (1954) de Jean Dréville ou "Napoléon" (1955) de Sacha Guitry, puis enfin Georges Douking vu aperçu dans "Les Otages" (1939) de Raymond Bernard, "Le Jour se lève" (1939) de Marcel Carné, "Notre-Dame de Paris" (1956) de Jean Delannoy ou "Le Bossu" (1959) de André Hunebelle... Le film débute comme un polar assez simple où un amant se retrouve traqué par des gorilles. Un amant dont on devine qu'il n'en est sûrement pas à ses débuts, un gigolo qui va vite savoir rebondir jusqu'à un triangle amoureux bien plus complexe qu'au premier abord. Le vrai soucis est qu'on peut trouver étonnant que les sbires du cocu sont un paramètre qui va s'avérer superflu. En effet, au centre du film au départ, la traque va offrir des situations involontairement cocasses avant que les sbires du cocu ne disparaissent peu à peu du récit de façon illogique. La traque originelle devient très secondaire.

L'intrigue débute donc bel et bien quand Marc devient le chauffeur de Barbara. Le charme de Marc/Delon fait son effet et ouvre une rivalité amoureuse entre Barbara/Albright et sa nièce Melinda/Fonda. La beauté froide très hitchcockienne de la première n'a d'égale que son ambiguïté face à l'ingénue mais sensuelle nièce. L'histoire devient un jeu du chat et de la souris dans un (presque) huis clos. Les excursions à Nice reste anecdotique, seul nous intéresse ce jeu psychologique entre les protagonistes au sein du manoir qui cache bien des secrets. On aurait aimé justement une psychologie sur les personnages, et surtout des femmes, un peu plus fouillée et/ou complexe ; par exemple Barbara/Albright aurait pu être plus ambigüe encore notamment sur ses sentiments, Melinda/Fonda aurait pu être plus sensuelle encore et surtout plus vénéneuse. Mais l'atmosphère fonctionne bien avec une musique jazzy comme cerise sur le gâteau. Le film sort surtout son atout avec la fin machiavélique à souhait. Un très bon moment même si René Clément a fait mieux.

Note :                 

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16/20