Blink Twice (2024) de Zoe Kravitz

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Fille du rockeur Lenny Kravitz et de l'actrice Lisa Bonet, l'enfant de la balle Zoe Kravitz a bien grandi. Après plusieurs films comme "X-Men : le Commencement" (2011) de Matthew Vaughn, "Mad Max Fury Road" (2015) de George Miller ou "The Batman" (2022) de Matt Reeves elle passe donc derrière la caméra avec son premier long métrage en tant que réalisatrice-scénariste. Dès 2021 ce projet a été annoncé qui s'intitulait alors "Pussy Island" et co-écrit avec E.T. Feigenbaum créateur de la série TV "High Fidelity" (2020)... Frida est une jeune et intelligente serveuse de Los Angeles qui a les yeux rivés sur Slater King, un magnat et philanthrope ayant fait fortune dans la technologie. Elle réussit à s'introduire dans le cercle de l'homme d'affaire et à participer à une réunion dans sa propriété sur une île privée. Le cadre est idyllique, tout n'est que luxe et champagne mais bientôt Frida commence à s'interroger : l'île cache quelque chose qui pourrait bien être plus terrifiant derrière le vernis du paradis selon Slater King...

Le magnat est incarné par Channing Tatum, qui n'est autre que le conjoint de la jeune cinéaste depuis 2021, et vu tout récemment dans "Magic Mike : Dernière Danse" (2023) de Steven Soderberh, "To the Moon" (2024) de Greg Berlanti et "Deadpool & Wolverine" (2024) de Shawn Levy. Frida est jouée par Naomi Ackie aperçue dans "The Young Lady" (2016) de William Oldroyd mais surtout remarquée dans le rôle titre de Whitney Houston dans "I Wanna Dance with Somebody" (2023) de Kasi Lemmons. Citons ensuite Simon Rex ex porno star passé au ciné classique avec "Rise" (2007) de Sebastian Gutierrez et surtout révélé avec "Red Rocket" (2022) de Sean Baker, Alia Shawkat vue dans "Bliss" (2009) de et avec Drew Barrymore, "Green Room" (2015) de Jeremy Saulnier ou "Being the Ricardos" (2021) de Aaron Sorkin, Adria Arjona vue entre autre dans "Six Underground" (2019) de Michael Bay, "Cuban Network" (2019) de Olivier Assayas ou "Morbius" (2022) de Daniel Espinosa, Saul Williams chanteur déjà vu au cinéma dans "Slam" (1998) de Ben Levin ou dans son propre film "Neptune Frost" (2021) co-signé avec Anasia Uzeyman, Haley Joel Osment enfant star des années 90 qu'on n'avait plus vu sur grand écran depuis "Contaminations" (2019) de Edward James Olmos, il a d'ailleurs un point commun avec trois de ses partenaires, trois acteurs stars des années 80-90 qui ont connu une longue traversée du désert avec Christian Slater star des films "Le Nom de la Rose" (1986) de Jean-Jacques Annaud ou "True Romance" (1993) de Tony Scott et vu récemment dans "Freelance" (2023) de Pierre Morel et "Unfrosted :l'Epopée de la Pop-Tart" (2024) de Jerry Seinfeld, Geena Davis star de "Beetlejuice" (1988) de Tim Burton et surtout "Thelma et Louise" (1991) de Ridley Scott qu'on n'avait plus vu depuis "Ava" (2020) de Tate Taylor, puis Kyle MacLachlan star de David Lynch dans "Dune" (1984), "Blue Velvet" (1986) et "Twin Peaks" (1992) et vu dernièrement dans "Tesla" (2020) de Michael Almereyda ou "Capone" (2020) de Josh Tank... Le film débute avec la ferme intention d'instaurer un climax énigmatique au plus vite, et en insistant sur la différence sociale avec la serveuse obnubilée et fascinée par le milliardaire Slater King. L'héroïne est ainsi montrée en sorte de groupie qui se verrait bien amante du golden boy pour ne pas dire plus. La rencontre est pourtant biaisée, on devine qu'il y a un "truc" car, sans être méchant, Frida/Ackie n'est pas une femme sublime et ne correspond pas aux canons de beauté pour jeune milliardaire. On se dit donc d'emblée qui a anguille sous roche.

Néanmoins, une fois sur l'île l'intrigue se met en place de façon judicieuse. Sur l'île paradisiaque au luxe calme et volupté on remarque que toutes et tous ont en commun la superficialité qui mène à la jalousie et donc à l'aveuglement avec au centre Slater King/Tatum. On aime ces fausses pistes, ces faux-semblants, ces non-dits dans une atmosphère qui devient de plus en plus anxiogène sans qu'on sache vraiment pourquoi jusqu'à ce rebondissement particulièrement angoissant qui fait monter le récit en tension. La réalisatrice fait montre là d'un talent certain avec une mise en scène (en abyme) qui joue parfaitement la montée en gamme de façon très progressive. Le casting est parfait, on notera un Haley Joel Osment étonnant, une Naomi Ackie épatante même si un aura un bémol très subjectif, et  On peut lire dans certains articles l'originalité du processus narratif, mais en fait on pense très fortement à un mix entre "Get Out" (2017) de Jordan Peele et "Glass Onion" (2023) de Rian Johnson. Le résultat est plutôt bon, voir même très efficace malgré une conclusion attendue et un peu facile. En conclusion, Zoé Kravitz signe un premier film qui tient ses promesses, qui réussit l'exploit de remplir un cahier des charges d'un film de genre tout en restant cohérent et efficace, en maintenant un mystère constant jusqu'à l'implosion finale. Un bon moment cinoche.

Note :                 

14/20