City of Darkness (2024) de Soi Cheang

Réalisateur de Hong-Kong issu de l'écurie de Johnnie To depuis son premier long métrage "Love Battlefield" (2004) et qui a surtout été remarqué à l'international avec l'excellent thriller en Noir et Blanc "Limbo" (2023), et qui a transformé l'essai avec l'ambitieux et très récent "Mad Fate" (2024), Soi Cheang revient aussitôt avec cette fois avec un pur film d'action à la sauce Hong-Kong en adaptant le manhua (comics ou manga chinois) éponyme de Andy Seto. Le scénario est co-écrit par Au Kin-Yee fidèle de Johnnie To qui retrouve son réalisateur après "Limbo" (2023), Chan Tai-Lei auteur de la franchise "Ip Man" (2008-2020) initié par Wilson Yip et Lai Chun pour son premier scénario. Film interdit au moins de 12 ans... 

Dans les années 80, le seul endroit de Hong-Kon où la loi britannique ne s'appliquait pas était la redoutable Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en  tous genres. Fuyant les Triades sous les ordres de Mr. Big, le migrant Chan Lok-Kwun se réfugie à Kowloon où il est pris sous la protection de Cyclone chef de la Citadelle. Mais bientôt les Triades envahissent la Citadelle... Le migrant Chan est incarné par Raymond Lam vu dans "Le Sorcier et la Serpent Blanc" (2011) de Siu-Tung Ching, "Badge of Fury" (2013) de Tsz Ming Wong ou "Saving General Chang" (2013) de Ronny Yu, le chef de la Citadelle est joué par Louis Koo acteur fétiche de Johnnie To dont son chef d'oeuvre "Election" (2005-2006), et retrouve Soi Cheang après "SPL 2 : a Time for Consequences" (2015) et retrouve aussi après "La Légende de Zu" (2001) de Tsui Hark son partenaire et ennemi Sammo Hung qui débuta auprès de Bruce Lee dans "Operation Dragon" (1973) de Robert Clouse et "Le Jeu de la Mort" (1978), il retrouve aussi après "Dragon Squad" (2005) de Daniel Lee et "Naked Soldier" (2012) de Marco Mak l'acteur Philip Ng qui retrouve aussi Louis Koo après "Wild City" (2015) de Ringo Lam. Citons encore Richie Jen acteur fétiche de Johnnie To notamment sur "Breaking News" (2004) ou "Exilé" (2006)... Le film si situe historiquement au début des années 90 à Hong-Kong alors que l'effervescence géo-politique prévient que tout va changer quand Hong-Kong va devoir être rétrocédé par le Royaume-Uni à la Chine. Pour accentuer ce changement radical le film se focalise sur un quartier, celui de Kowloon (En savoir plus ICI) en usant à la fois de dystopie et un chouïa d'uchronie. Ainsi ce quartier, une ville dans la ville devient un énorme bidonville, une sorte de bas-fonds interlope et underground, le Sin City asiatique avec des décors sans doute trop numérisés mais stylés acceptable à partir du moment où on est dans une histoire plus comics ou manga que réaliste ou historique.

Quand l'histoire prend forme l'intrigue nous renvoie un peu vers "Gangs of New-York" (2002) de Martin Scorcese mais en plus sale et plus violent, comme si un petit pan d'Histoire était revu et corrigé par Takashi Miike. Niveau baston on aura rarement vu aussi violent, brutal et agressif depuis les "Merantau" (2009) ou "The Raid" (2012-2014) tous de Gareth Evans. Les deux premiers tiers du film on est dans un des meilleurs films d'action de ces dernières années. Une intrigue simple et efficace au rythme effréné et des scènes de combats dantesques magnifiquement chorégraphiés qui en mettent plein la vue et qu'on ressent de façon viscérale. Malheureusement la dernière partie franchit allègrement la ligne jaune de la vraisemblance (influence Takashi Miike ?!) et on tombe souvent dans la n'importe quoi... ATTENTION SPOILERS !... Trois des héros survivent à un assaut logiquement fatal, et s'en sortent presque indemnes ?!! On finit dans le récit capillotracté avec l'un des protagonistes qui s'avère invincible tout droit issu des films de superhéros ! On est plus dans un film d'action primaire mais jouissif mais on tombe dans la SF bête et facile... FIN SPOILERS !... Quel dommage ! La fin aurait dû arriver plus tôt, ce dernier acte paraît donc superflu, le cheveu sur la soupe. Mais film à conseiller ne serait-ce que pour la première partie et le côté péché mignon du pur régressif. Soi Cheang confirme en tous cas qu'il est le cinéaste asiatique le plus passionnant du moment.

Note :                 

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13/20