[Venise 2024] “Finalement” de Claude Lelouch

Par Boustoune

[Hors Compétition]

De quoi ça parle ?

Euh… C’est du pur Claude Lelouch, donc c’est compliqué…

C’est peut-être l’histoire d’un prêtre défroqué, celle d’un réalisateur de films coquins, d’une tenancière de maison close ou encore d’une fille de concierge. A moins que ce ne soit l’histoire d’un vieux piano tombé amoureux d’une trompette.
Mais globalement, disons que cela retrace l’itinéraire d’un enfant gâté, ou du moins d’un quinquagénaire (Kad Merad) qui décide subitement de fuir sa vie et ses proches (Michel Boujenah, Elsa Zylberstein, Barbara Pravi, Françoise Fabian) pour musarder sur les routes de France.
Le parcours est lui aussi sinueux. On commence sur les plages de Normandie pendant les célébrations, puis on arrive au Mont Saint Michel, on fait un saut à Béziers, on est le lendemain en Bourgogne, le surlendemain sur la route de Saint Jacques de Compostelle. Un détour au Mans pour les 24 heures, une visite à Avignon pour le festival. D’autres histoires viennent parfois se télescoper à cette trame principale. Des fictions, des fantasmes, des souvenirs…
On croise beaucoup de personnages, certains insignifiants, d’autres plus mémorables, sans oublier quelques VIP, comme Jésus et ses apôtres au grand complet et même Dieu, à une terrasse de café.


Pourquoi on chante ?

Ce voyage s’accompagne la plupart du temps de musiques et de chansons, dont celle qui donne son titre au film, Finalement, ritournelle qui trotte dans la tête longtemps après la projection.
D’ailleurs, pour la peine, cette critique sera chantée. (Mais rassurez-vous, on coupe le son).

Finalement,
Claude Lelouch a eu 86 ans.
Finalement,
Il s’amuse toujours comme un enfant.
Finalement,
Il signe un film surprenant
plein de personnages attachants.

Finalement,
Son récit s’avère foisonnant,
Rapidement,
très bordélique et déroutant,
Et pourtant,
généreux, drôle et émouvant,
laissant un sillage très plaisant.

Maintenant,
pour que ça touche,
il faut bien connaître son Lelouch,
Maintenant,
pour que ça charme
faut connaître Un homme et une femme,
Les Misérables,
La Vertu des impondérables,…

Finalement,
Lelouch livre un film-testament,
Finalement,
un beau voyage dans le temps,
Simplement,
un jeu de piste palpitant,
dans une filmographie de géant

Finalement,
Il y a des femmes et des voitures,
Egalement,
de la musique, de l’aventure (qui sera toujours l’aventure)
Des romans
de gare et des sentiments,
des misérables et des amants.

Maintenant,
pour que ça touche,
il faut bien connaître son Lelouch,
Maintenant,
pour que ça enchante
il faut accepter que ça chante
rassurez-vous, viva la vie,
il y a la voix de Barbara Pravi.

Finalement,
Même si le film parfois nous perd,
Heureusement,
On s’accroche à quelques repères,
Evidemment,
les acteurs sont tous du tonnerre (presque),
Françoise Gillard, Sandrine Bonnaire…

Finalement,
Pas de hasards, de coïncidences,
Finalement,
Juste quelques correspondances,
Simplement,
avec de vieilles connaissances
films et acteurs, parfums d’enfance…

Maintenant,
pour que ça touche,
il faut bien connaître son Lelouch,
Maintenant,
pour qu’on sourie,
il faut avoir grandi avec lui
avec ses oeuvres mises en vie,
les uns les autres et leurs amis.


Contrepoints critiques :

”The veteran director falls some way short of his glory days in this muddled, sentimental tale of a lawyer grappling with mortality and truth, but his devotees will find much to chew on.”
(Guy Lodge – Variety)

” Il rischio di ripetersi e risultare stucchevole c’è, ma se ci si abbandona il risultato è un piacevole flusso di coscienza cinefilo, che si bea della possibilità di inventare/reinventare cinema scena dopo scena, se necessario mettendosi a cantare.”
(“Le risque de se répéter et d’être écoeurant est là, mais si vous vous abandonnez, le résultat est un agréable flux de conscience cinéphile, qui se délecte de la possibilité d’inventer/réinventer le cinéma scène après scène, si nécessaire en commençant à chanter.”)

(Lorenzo Meloni – Badtaste)

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