Le Procès du Chien (2024) de Laetitia Dosch

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Premier long métrage en tant que réalisatrice pour Laetitia Dosch, comédienne dont le désir de cinéma avait la saveur d'une comédie libre et dérangeante, qui parle de choses importantes et qui change de ton en permanence. Mais la comédienne est aussi une écolo convaincue qui s'est déjà intéressée aux autres espèces et notamment avec son spectacle "Hate" (2020) où elle partageait la scène avec un cheval, ou dans son émission "Radio Arbres" (2021) où elle imaginait une libre antenne pour végétaux : "Je suis très préoccupée par la crise écologique, et je cherche le rôle que peut jouer la culture face à ça. Pour moi, cette crise vient d'une ignorance, d'une insensibilité vis-à-vis des autres espèces de notre écosystème. J'ai eu envie de me documenter, pour ensuite éveiller la curiosité des spectateurs, les questionner sur leurs idées reçues. Parce qu'on le voit bien : il faut réinventer notre rapport au vivant si on veut survivre. Par exemple, on considère beaucoup les animaux comme des objets. Dans Le Procès du Chien, la loi suisse assimile le chien Cosmos à une chose, pas à un individu - donc s'il est euthanasié, "on ne le tue pas, on le détruit". Cette idée d'objectiver les animaux, c'est précisément ce qui nous autorise à les manger. Ils n'ont pas d'autre valeur que celle de nous être utiles. Ca m'interroge beaucoup,..." La réalisatrice-scénariste-actrice s'inspire aussi de faits réels pour écrire son scénario qu'elle co-signe avec Anne-Sophie Bailly vue en tant qu'actrice dans le film "En Attendant les Barbares" (2018) de Eugène Green alors que sort bientôt son propre film avec "Mon Inséparable" (2024)... 

Avril, avocate abonnée aux causes perdues est à bout mais elle s'est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d'Avril reprenne le dessus : pas question de laisser euthanasier Cosmos ! Commence alors un procès qui fera date... L'avocate Avril est incarnée par la réalisatrice elle-même, Laetitia Dosch vue récemment dans "Les Rois de la Piste" (2023) de Thierry Klifa et "Le Roman de Jim" (2024) des frères Larrieu, et retrouve après "En Même Temps" (2022) du duo Delépine-Kervern son partenaire et client François Damiens vu dans "La Graine" (2023) de Eloïse Lang et "Les Complices" (2023) de Cécilia Rouaud, et retrouve aussi après "Petite Leçon d'Amour" (2022) de Eve Deboise et "Reprise en Main" (2022) de Gilles Perret son partenaire Pierre Deladonchamps vu dernièrement dans "Hawaii" (2023) de Mélissa Drigeard ou "Flo" (2023) de Géraldine Danon. Citons ensuite Jean-Pascal Zadi vu dans "Fumer fait Tousser" (2022) de Quentin Dupieux ou "Pourquoi tu Souris ?" (2024) de Chad Chenouga et Christine Paillard, Anne Dorval actrice fétiche de Xavier Dolan dans cinq films de "J'ai tué ma Mère" (2009) à "Matthias et Maxime" (2019), Anabela Moreira vue dans "Diamantino" (2018) de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt, "Le Dernier Bain" (2020) de David Bonneville ou "Amelia's Children" (2024) de Gabriel Abrantes, puis enfin Mathieu Demy vu notamment "Tomboy" (2011) de Céline Sciamma, "Les Conquérants" (2013) de Xabi Molia ou "Club Zero" (2023) de Jessica Hausner... Premier constat : encore une énième bande-annonce mensongère qui nous vend une comédie pure, qui promet rires et gags alors que le film est loin d'être 100% comique, c'est une comédie dramatique qui a son lot de drame et/ou de propos sérieux. Second constat : Laetitia Dosch a beaucoup à dire, trop peut-être et le scénario se retrouve un peu fouilli qui part dans tous les sens entre message animaliste et propos féministe tout en abordant les violences intra-familiales ou l'ineptie de certaines lois. Le début est pourtant prometteur, la mise en place de l'intrigue et de l'histoire est pertinente, bien amenée avec des personnages haut en couleur magnifiquement joués par un casting inspiré et investi.

On a d'abord l'avocate aux dents longues plus vrais que nature avec Anne Dorval, la gueule impayable du maître François Damiens, puis le comportementaliste Jean-Marc Zadi aussi décalé que touchant. La première partie est souvent drôle, touche juste même si on reste un peu perplexe sur la partie "violences intra-familiales" qui va s'avérer être d'une maladresse syptomatique de la suite avec une seconde partie moins drôle et qui va s'éparpiller jusqu'à une fin légèrement amère... ATTENTION SPOILERS !... elle est avocate mais n'appelle pas la police pour un enfant voisin battu ?! L'héberge alors qu'il n'a que 12 ans sans prévenir qui que ce soit ?! Elle appelle l'assistance sociale mais parle comme une hystérique ce qui est forcément ni constructif ni professionnel... FIN SPOILERS !... Le vrai problème est que Avril/Dosch n'est pas franchement crédible en avocate (vocabulaire de poissonnière, bafouille, cherche ses mots...), elle est carrément nulle ! Peut-être aurait-il fallu alors imaginer une femme qui aurait frauder se faisant passer pour une avocate ?! Par contre la partie "chien misogyne" est particulièrement intéressante même si c'est aussi le moment où le film devient soudain plus sérieux et fataliste. Laetitia Dosch signe un premier film dense et riche dans ses thématiques, avec des personnages parfaitement croquer, mais à l'exception de Avril/Dosch trop à côté de la plaque, et malgré une scénario trop foutraque et surtout un film qui vire et change de genre qui frustre tant la BA vendait une comédie comique. Néanmoins un film original et ambitieux qui mérite qu'on s'y attarde.

Note :                 

11/20