Barbarella (1968) de Roger Vadim

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Le Don Juan du cinéma français des années 50-60 fait une fois de plus sensation avec un film singulier qui mêle les genres et surtout qui met en avant sa belle de l'époque. Ainsi après avoir fait scandale en révélant sa compagne Brigitte Bardot au monde dans "Et Dieu... créa la Femme" (1956), en étant un peu plus sage avec la suivante Catherine Deneuve dans "Le Vice et la Vertu" (1963), Roger Vadim est désormais avec la star américaine Jane Fonda depuis 1964 et après trois films il va se lancer dans un projet dans l'air du temps en surfant sur la mode nouvelle de la SF issue de la bande-dessinée. Ainsi il décide d'adapter la bande-dessinée éponyme (1962-1982) de Jean-Claude Forest sur une héroïne particulièrement pulpeuse, espionne sexy à travers l'espace dont le premier album en 1962 fut censuré avant de ressortir "vêtue" en 1968. Le projet étant d'un point de vue moral risqué, le cinéaste reçoit la soutien du nabab Dino de Laurentiis, producteur aussi éclectique que curieux. Vadim co-écrit le scénario avec Terry Southern connu pour son travail sur "Docteur Folamour" (1964) de Stanley Kubrick ou "L'Obsédé" (1965) de William Wyler, Tudor Gates plus habitué aux films d'horreur dont "Danger : Diabolik !" (1968) de Mario Bava ou plus tard "Les Sévices de Dracula" (1971) de John Hough, puis avec Claude Brulé qui retrouve Vadim après "Les Liaisons Dangereuses 1960" (1959) et "Et Mourir de Plaisir" (1960) ayant entre temps écrit pour "Rocco et ses Frères" (1960) de Luchino Visconti ou "Paris brûle-t-il ?" (1966) de René Clément. Le film va beaucoup faire pour l'érotisation de l'actrice principale et va surtout devenir culte avec le temps ainsi le méchant du film va inspirer le célèbre groupe de la NewWave des 80's Duran Duran, tandis que plusieurs remakes ont été annoncés ces dernières années, dont un par Robert Rodriguez, avant d'annoncer une série TV sous la direction de Nicolas Winding Refn, puis finalement récemment a été confirmé un remake avec la nouvelle pin'up Sydney Sweeney, à suivre... 

En l'an 4000 (40000 selon les sources !) l'espionne de l'espace Barbarella alors en vacances est jointe directement par le président de la Terre pour lui confier une mission spéciale qu'elle ne peut refuser. Elle doit retrouve le savant Durand-Durand, disparu depuis quelques années et dont l'invention d'une arme absolue se retrouve en vente alors que l'univers vit depuis longtemps dans la paix et l'harmonie... L'héroïne est donc logiquement incarnée par Jane Fonda, célèbre fille de Henry Fonda monstre sacré hollywoodien vue avec entre autre "La Rue Chaude" (1962) de Edward Dmytryk ou "La Poursuite Impitoyable" (1966) de Arthur Penn, mais qui vit en France alors après y avoir tourné "Les Félins" (1964) de René Clément, et surtout après avoir épousé son réalisateur avec qui elle a déjà tourné "La Ronde" (1964), "La Curée" (1966) et un segment du film collectif "Histoires Extraordinaires" (1968). Citons ensuite John Phillip Law apparu dans "La Mort était au rendez-vous" (1967) de Giulio Petroni ou "Le Harem" (1967) de Marco Ferreri après lequel il retrouve la star italienne Ugo Tognazzi vu dans "L'Amour à la Ville" (1953) de Michelangelo Antonioni ou "Les Monstres" (1963) de Dino Risi, Anita Pallenberg vue dans "Vivre à Tout Prix" (1967) ou "Michael Kohlhaas" (1969) tous deux de Volker Schlöndorff et plus récemment dans "Go Go Tales" (2007) ou "4h44 Dernier Jour sur Terre" (2011) tous deux de Abel Ferrara, Milo O'Shea vu dans "Roméo et Juliette" (1968) de Franco Zeffirelli ou "Sacco et Vanzetti" (1971) de Giuliano Montaldo, Marcel Marceau (le fameux Mime) dan un de ses rares rôles au cinéma avec par exemple "La Belle et l'Empereur" (1959) de Axel Von Ambesser, Claude Dauphin vu dans "Entrée des Artistes" (1938) de Marc Allégret, "Casque d'Or" (1951) de Jacques Becker ou "Symphonie pour un Massacre" (1963) de Jacques Deray, David Hemmings star britannique vu dans "Sainte-Jeanne" (1957) de Otto Preminger, "Blow-Up" (1966) de Michelangelo Antonioni ou "La Charge de la Brigade Légère" (1968) de Tony Richardson, Serge Marquand qui retrouve son réalisateur après "Et Mourir de Plaisir" (1959), "Le Vice et la Vertu" (1963) et "La Ronde" (1963), Véronique Vendell aperçue dans "Landru" (1963) de Claude Chabrol, "La Nuit des Généraux" (1966) de Anatole Litvak ou "Les Sorcières" (1966) de Luchino Visconti, puis enfin Romolo Valli acteur fétiche de Visconti avec "Le Guépard" (1963), "Mort à Venise" (1971) et "Violence et Passion" (1974)... Le film s'ouvre sur un strip-tease en apesanteur de Barbarella/Fonda qui annonce de fait la dimension erotico-soft mêlé à la mode du plastique c'est fantastique avec une suite de l'histoire qui va surfer littéralement sur le slogan Flower Power des hippies soixante-huitard alors en vogue. Vadim n'est pa sun réalisateur, il est un publiciste opportuniste qui serait presque en avance sur son temps. Notons que la photographie est signée de Claude Renoir (fils de, neveu de, et petit-fils de...) et surtout plusieurs robes de la star et héroïne sont signées d'un certain Paco Rabanne.

Vadim se fait plaisir, la SF est en vogue sur grand écran, et le Flower Power annonce la libération sexuelle et se sert de sa magnifique femme pour en faire une icône de la pop culture avant-guardiste. Alors qu'arrive à grand pas l'année érotique Barbarella/Fonda devient donc un sex symbol idéal tout en rêvant à une conquête de l'Espace riche en imaginaire. La folie visuelle rejoint les fantasmes les plus divers de la ville de Sogo (contraction de Sodome et Gomorrhe) à la machine à jouir en passant par l'expression imprononçable Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch (nom véridique et réelle d'une ville galloise !) ou le sexe à base de pilule qui inspirera sans aucun doute le coquillage du futur "Demolition Man" (1993) de Marco Brambilla. Nous sommes clairement dans une BD débridée, libre et psychédelique mais malheureusement dénuée de goût, on frôle souvent la simple vulgarité comme des costumes qui dessinent le blason intime de la star, des allusions plus ou moins directes au sexe dans un porno soft (donc jamais sensuel !) mais si terriblement kitsh. Une sensation de m'enfoutisme et de foutage de gueule désagréable au point qu'on oublie l'intrigue, pas aidé par des effets visuels médiocres et d'une autre époque (polystyrène, plexiglas, plastique, carton pâte...) qui fait d'autant plus râté que le film est contemporain de deux monuments de la SF avec "2001 l'Odyssée de l'Espace" (1968) de Stanley Kubrick et "La Planète des Singes" (1968) de Franklin J. Schaffner. Le film vaut uniquement pour le côté icônique et fantasmagorique de Barbarella, alias Jane Fonda.

Note :                 

06/20