De façon prématurée malheureusement, nous apprenons la mort "soudaine" du réalisateur français Laurent Tirard ce jour du 5 septembre 2024 à seulement 57 ans.
Né en 1967 à Roubaix, le jeune Laurent Tirard suit une scolarité normale et studieuse jusqu'à son départ outre-Atlantique pour y suivre des études de cinéma à la New-York University. Il devient lecteur de scénario pour la Warner Bros à Los Angeles puis finalement fait retour en France où il devient critique cinéma et un des piliers du Studio Magazine.
Il travaille pour le fameux magazine durant sept ans où il assure plusieurs interviews de grands réalisateurs pour une série de Leçons de cinéma qu'il publiera en recueil en 2004 et 2006. Il passe derrière la caméra pour deux courts métrages, "De Source Sûre" (1999) et "Demain est un Autre Jour" (2000), puis signe un premier scénario pour le téléfilm "Piège en Haute Sphère" (2000).
Mais il travaille encore un peu pour Studio Magazine avant de réaliser son premier long métrage avec "Mensonges et Trahisons et plus si Affinités..." (2004) avec Marie-Josée Croze, Edouard Baer, Alice Taglioni et Clovis Cornillac qui gagne le César du meilleur second rôle.
Malgré un premier essai bien reçu, il patiente et écrit pour d'autres étant co-scénariste des comédies "Le plus Beau Jour de ma Vie" (2005) de Julie Lipinski et surtout "Prête-Moi ta Main" (2006) de Eric Lartigau avec Alain Chabat et Charlotte Gainsbourg.
Il revient derrière la caméra avec le biopic singulier "Molière" (2007 - ci-dessous) avec Romain Duris, Edouard Baer et Fabrice Luchini. Le film reçoit un bel accueil critique et public. On lui propose ensuite d'assurer la réalisation d'une adaptation d'une célèbre bande-dessinée pour enfant, ce sera donc "Le Petit Nicolas" (2009) avec des stars comme Valérie Lemercier et Kad Merad, le film devient le plus gros succès français de l'année avec plus de 5,5 millions d'entrées France et cartonne dans la plupart de nos pays voisins.
Après deux autres scénarios pour d'autres cinéastes avec "Sans Laisser de Traces" (2010) de Grégoire Vigneron et "Mike" (2011) de Lars Blumers le réalisateur-scénariste revient après "Le Petit Nicolas" sur une oeuvre de Goscinny et pas des moindres puisqu'il s'agit d'une suite avec "Astérix et Obélix : au Service de sa Majesté" (2012) avec une pléthore de stars menés par le duo Edouard Baer et Gérard Depardieu ainsi que Catherine Deneuve en reine d'Angleterre. Malheureusement cette fois l'accueil reste très mitigé avec des critiques plus décevantes que les précédents opus de la franchise, avec un box-office à 3,8 millions d'entrées France qui reste en-deça des objectifs.
Laurent Tirard revient alors avec une valeur sûre, et une nouvelle suite avec "Les Vacances du Petit Nicolas" (2014 - ci-dessous) mais là aussi les résultats sont décevants avec un accueil critique moindre et un box-office en baisse pour atteindre 2,4 millions d'entrées France.
Le réalisateur-scénariste revient en co-signant le scénario avec son ami Grégoire Vigneron, en transposant la comédie sud-américaine "Corazon de Leon" (2015) de Marcos Carnevale, pour la comédie "Un Homme à la Hauteur" (2016) avec Virginie Efira et Jean Dujardin qui est rapetissé numériquement pour son rôle. Malgré deux acteurs bankables et une certaine originalité le public ne suit pas avec moins de 800000 entrées France.
Pourtant, Jean Dujardin fait de nouveau confiance au cinéaste pour une nouvelle audace, à savoir une comédie de Cape et d'Epée, genre en désuétude. Le film est "Le Retour du Héros" (2018 - ci-dessous) avec également Mélanie Laurent et Noémie Merlant. Malheureusement le public ne suit une fois de plus pas le cinéaste sur ce projet sans doute trop "singulier" avec un box-office à peine plus que son précédent film.
Le budget de ses films baisse à vu d'oeil, obtenant quasiment deux fois moins que le budget de son précédent film, le cinéaste réalise et écrit la comédie chorale "Le Discours" (2020) d'après un roman éponyme de Fabrice Caro, L'échec du film est encore plus cuisant. Il revient avec une nouvelle comédie avec un budget tout aussi restreint avec "Juste Ciel !" (2023 - ci-dessous) qui conte une petite guerre intestine entre nonnes jouées entre autre par Valérie Bonneton et Sidse Babett Knudsen. Le film fait deux fois moins d'entrées France que "Le Discours" et passe quasi inaperçu.
Après une première carrière de journaliste ciné roche et foisonnante Laurent Tirard est devenu un réalisateur qui a su prendre des risques mais qui n'aura jamais su ou pu marquer réellement de son empreinte le cinéma français. Ses plus beaux films ont en effet ses plus grands échecs au box-office, il est dommage que le public n'est pas osé être plus curieux.
Laurent Tirard est mort ce jour du jeudi 5 septembre 2024 à Paris des suites d'une "longue maladie" (comme on dit...) à seulement 57 ans...