La Nuit se traîne (2024) de Michiel Blanchart

Premier long métrage de Michiel Blanchart après quelques courts métrages entre "L'Annonce" (2016) et "T'es Morte Hélène" (2021). Le réalisateur-scénariste voulait s'imposer trois paramètres, une histoire qui se déroule en une nuit, un serrurier ("Ce sont des personnes qui rentrent dans l'intimité des foyers, qui voient des choses qui ne devraient pas voir. Ils doivent finir par faire des rencontres étranges."), puis s'inspirer du mouvement Black Lives Matter ("Cette colère immense m'a beaucoup remué, touché et inspiré"). Le cinéaste  avoue plusieurs références et en premier lieu "Duel" (1973) de Steven Spielberg, "Training Day" (2001) de Antoine Fuqua et "Collateral" (2004) de Michael Mann... Ce soir-là Mady, qui finance ses études en étant serrurier de nuit, voit sa vie basculer quand il ouvre la mauvaise porte au mauvais moment. Il devient bien malgré lui complice dans une affaire de grand banditisme et n'au que la nuit pour retrouver la trace de Claire celle par qui tout a commencé...

Le jeune serrurier est incarné par Jonathan Feltre remarqué dans "Soldat Noir" (2022) et surtout "Les Rascals" (2023) de Jimmy Laporal-Tresor. Il est entouré de Natacha Krief apparue dernièrement dans "Le Tourbillon de la Vie" (2022) de Olivier Treiner et "Tu choisiras la Vie" (2023) de Stephane Freiss, Jonas Bloquet vu dans les films d'horreur "La Nonne" (2018-2024) avec entre temps "Les Fauves" (2019) de Vincent Mariette ou "Tirailleurs" (2022) de Mathieu Vadepied, et retrouve après "Elève Libre" (2008) de Joachim Lafosse sa partenaire  Claire Bodson vue dans "A Perdre la Raison" (2012) de Lafosse ou "Temps Mort" (2023) de Eve Duchemin, Romain Duris vu dans le dyptique "Les Trois Mousquetaires" (2023) de Martin Bourboulon, "Daaaaaali !" (2023) de Quentin Dupieux et "Le Règne Animal" (2023) de Thomas Cailley, Thomas Mustin aperçu dans "Grave" (2016) de Julia Ducournau, "L'Echange des Princesses" (2017) de Marc Dugain ou "Vous n'aurez pas ma Haine" (2022) de Kilian Riedhof, Sam Louwyck vu notamment dans "Les Ardennes" (2015) de Robin Pront, "Brimstone" (2017) de Martin Koolhoven, "Jumbo" (2020) de Zoé Wittock ou "Inexorable" (2021) de Fabrice Du Wekz, Nabil Mallat remarqué dans "Image" (2014) et "Gangsta" (2018) tous deux du duo Adel El Arbi et Bilall Fallah, Graham Guit lui-même réalisateur entre autre de "Les Kidnappeurs" (1998) ou "Hello Goodbye" (2008), Cécile de Moor aperçue dans "Renoir" (2012) de Gilles Bourdos, "Convoi exceptionnel" (2019) de Bertrand Blier ou "Une Affaire de Principe" (2024) de Antoine Raimbault, puis enfin Guillaume Kerbusch apparu dans "Soeur Sourire" (2009) de Stijn Coninx, "Kursk" (2018) de Thomas Vinterberg ou "Dreamland" (2018) de Bruce McDonald... Le film débute bien avec une bonne atmosphère et, mine de rien, la très bonne idée du serrurier de nuit - "il doit en voir des choses..." - Le récit entre dans le vif du sujet très vite, autant dans la mise en place de l'intrigue, des personnages avec la première partie musclée qui assure, reste très efficace même si pointe déjà un léger écueil du genre qui va se confirmer par la suite. Le rythme est soutenu dès les premières minutes et reste élevé quasiment tout le film.

Si on aime le trio de jeunes Jonathan Feltre-Natacha Krief-Jonas Bloquet, on savoure aussi le grand méchant alias Romain Duris en contre-emploi, grand méchant classique sur le fond mais auquel l'acteur amène une humanité et une mesure rare dans le genre. L'immersion nocturne tient la route, un bon climax et une tension permanente qui pêche surtout par un sous-texte politique aussi superflu que gratuit. En effet, l'histoire se déroule lors d'une nuit d'émeutes sur fond de Black Live Matters, on s'attend à un lien donc à un moment donné mais non, il s'agit avant tout d'être anti-flics primaire où comment montrer qu'un policier se doit d'être devin et/ou qu'il est forcément coupable de bavure. D'abord on se dit qu'il n'y a aucune rapport avec l'intrigue, le propos est donc gratuit et dirigé, ensuite a contrario on constate toute la complaisance vis à vis des casseurs, mais là aussi quel rapport avec l'intrigue qui nous intéresse ?! Dommage, mais sinon pour un polar franco-belge le film est une excellente surprise. Tendu, à la violence solide et efficace, le scénario offre de surcroît 2-3 séquences surprises (un acte violent qu'on ne voit absolument pas venir entre autre ou le final). Le défaut qui frappe le plus reste l'écueil du genre, un jeune serrurier lambda qui encaisse un peu trop facilement, 2-3 égratignures alors qu'il prend cher dès le départ. Malgré ses maladresses Michiel Blanchart signe un premier long métrage prometteur, avec de beaux et bons moments. A conseiller.

Note :  

Nuit traîne (2024) Michiel BlanchartNuit traîne (2024) Michiel Blanchart

14/20