De quoi ça parle ?
A Bologne, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, un jeune écrivain italien (Filippo Scotti) croise une infirmière de l’armée américaine de passage en ville (Mildred Gustafsson) et en tombe instantanément amoureux, persuadée qu’il s’agit de la femme de sa vie. Mais celle-ci s’éloigne avant qu’il ait pu entreprendre quoi que ce soit.
Un an plus tard, le jeune homme débarque aux Etats-Unis. Il a répondu favorablement à l’annonce d’une américaine cherchant un logement pour six mois à Bologne, le temps de mener à bien la construction d’une bibliothèque dans le cadre du plan Marshall, en échange de quoi elle prêtait sa maison de Davenport, Iowa, pour la même période. Là, il fait connaissance de la voisine d’à côté, Flora (Rita Cushingham), une vieille femme isolée et désespérée par la disparition de sa fille, Barbara. Aux dernières nouvelles, cette dernière était engagée dans l’armée américaine et s’apprêtait à épouser un italien, mais depuis, elle n’a plus donné signe de vie. Sa soeur Arianna (Morena Gentile) est partie à sa recherche mais les autorités lui ont fait comprendre que sa quête était vaine, Barbara étant probablement morte. Flora veut pourtant en avoir confirmation et demande à son voisin de poursuivre l’enquête.
Le jeune homme découvre alors avec stupéfaction que la disparue n’est autre que la belle inconnue dont il est tombée amoureux et ceci l’incite à retrouver sa trace.
Différentes circonstances pour le moins étranges le ramènent en Italie, du côté d’Argenta, sur la piste d’un homme soupçonné d’être un tueur en série et ayant potentiellement pu croiser la route de Barbara.
Pourquoi on a le cerveau dans le sirop ?
Dans une scène marquante du récit, le personnage principal tente de décrypter un message codé. Le texte accompagnait un bocal en verre que le jeune homme, guidé par une voix d’outre-tombe, a déterré dans le potager de la maison de Flora, espace laissé à l’abandon et plein de mauvaises herbes. Le bocal contient un liquide trouble, dissimulant un contenu qui s’avérera encore plus immonde.
Pour l’aider à décrypter le message, visiblement lié à la poésie antique grecque, il demande l’aide du prêtre de Davenport, spécialiste du sujet, en lui disant avoir ce défi d’un ami. Le prêtre finit par trouver le texte de référence, une oeuvre de Bacchylide et à comprendre la logique du message. Il répond au jeune homme “Votre ami est érudit et très intelligent” et “en même temps, obscène et dérangeant”. Et encore, il n’a pas vu le bocal…
Il ajoute également que l’auteur “est un scorpion”. En effet, dans son message, il situe son anniversaire lors du “mois sacré de Hadès” , soit, en astrologie, la période correspondant au signe du scorpion. La constellation du scorpion est aussi, en astrologie, celle qui avoisine la planète Pluton (du nom du dieu romain, équivalent d’Hadès chez les grecs…).
Pupi Avati, réalisateur de L’Orto americano, est également érudit, fort de plus de cinquante ans de carrière en tant que cinéaste et écrivain, et intelligent, comme le prouve ce film terriblement complexe et tortueux. Obscène et dérangeant, l’oeuvre l’est aussi, puisque cette histoire d’épouvante gothique nous confronte aux actes horribles d’un tueur assassinant et mutilant les femmes, avec une obsession particulière envers l’appareil génital féminin, et nous plonge plus directement dans une ambiance funèbre, hantée par les disparus de la guerre et les fantômes du passé.
Enfin, né un 3 novembre, Pupi Avati est lui aussi un scorpion. Et il pique donc… notre curiosité avec ce long-métrage troublant et énigmatique, adapté de son propre roman.
On peut aimer le film pour sa construction étrange. La narration avance par à coups, avec des ellipses parfois étranges. Des personnages apparaissent puis disparaissent. Les intrigues semblent s’entrelacer difficilement avec des passages fantastiques ou oniriques. Ceci confère à L’Orto americano une atmosphère singulière, à la fois envoûtante et malaisante, qui nous tient en haleine et nous invite à plonger un peu plus dans les ténèbres à mesure que l’intrigue avance.
Pupi Avati maîtrise parfaitement les codes de l’épouvante gothique, lui qui avait signé, au début de sa carrière, La Maison aux fenêtres qui rient, un classique du genre, qui a créé le sous-genre du “gotico padano” ou “gotico Po”, des films d’horreur italiens à l’ambiance gothique, situés dans la région du Pô. Il sait comment faire monter la tension en filmant les décors de façon angoissante – les maisons bourgeoises de Davenport sont souvent filmées en contre-plongée ou sous des angles déroutants, à la façon d’un Alfred Hitchcock ou d’un Mario Bava – et en intégrant des personnages étranges, comme Flora, mère désemparée et à la limite de la folie, Arianna, femme antipathique, soulagée de la disparition de sa soeur, devenue trop encombrante, ou encore l’inquiétant Stukas, qui n’hésite pas à déterrer les cadavres pour permettre à ceux qui cherchent leurs morts de les retrouver.
Avec peu d’effets, il suscite la peur, évoque la folie et plonge son spectateur dans un récit éprouvant et déroutant, mettant ses nerfs à l’épreuve autant que son intellect, qui doit carburer à plein régime pour essayer de trouver un sens à l’ensemble.
Mais autant prévenir tout de suite nos lecteurs, le cinéaste se refuse à donner une fin évidente et rationnelle à son récit. Il préfère laisser le spectateur libre de son interprétation. Et il faut sans doute accepter de ne pas tout comprendre pour apprécier pleinement ce puzzle psychologique et métaphysique aux pièces manquantes. Sinon, vous risquez de sortir du film frustrés et dévalorisés, car tout le monde ne possède pas la culture littéraire du prêtre de Davenport pour décrypter les énigmes.
Même si notre cerveau est un peu englué dans le sirop, comme les “pêches” dans le bocal, essayons tout de même de trouver quelques pistes d’interprétation.
Amis lecteurs, si vous ne voulez pas vous gâcher la découverte du film, nous vous invitons à cesser ici la lecture et la reprendre, si vous le souhaitez, après l’avoir visionné.
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[Attention spoilers]
On peut analyser le film et son dénouement étrange selon plusieurs approches probablement complémentaires. Une première approche au premier degré, rationnelle, mais avec une dimension onirique, une seconde approche faisant référence à la mythologie grecque, et une dernière plus psychanalytique.
Déjà, comment se termine le récit? Le personnage principal sort de la clinique psychiatrique apparemment guéri, mais toujours obsédé par la quête de Barbara. Une lettre de Bill, le mari d’Arianna, lui donne des informations qui semblent confirmer que Barbara a bien été victime du tueur en série. Mais faute de preuve absolue, il continue de la chercher. Il part en quête du lieu où son camarade Ariano affirme avoir croisé une infirmière américaine, quelque part dans la plaine du Pô, entre le fleuve et la Mer Adriatique. Il arrive à une maison isolée au bord de l’eau, dans une zone embrumée et tombe sur une infirmière américaine qui n’a pas les traits de Barbara mais est une vieille femme l’air un peu paumée. Il décide de rester à ses côtés, quand il voit passer le véhicule du tueur, en train de lui sourire.
Au premier degré, on peut voir cette fin comme une sorte de rêverie, dans laquelle le personnage met fin à sa quête ou fantasme un dénouement dans lequel il trouve enfin celle qu’il aime, des années plus tard. Barbara a vieilli, mais lui n’a pas changé – ou son obsession n’a pas évolué. Il veut désormais y mettre fin, mais le passage du tueur, le seul à savoir s’il a croisé la route de Barbara, vient à nouveau le tourmenter, le ramener à ce qu’il pressent. La jeune femme dont il était amoureux est morte depuis longtemps et s’il veut continuer à s’accrocher à sa quête absurde, il vivra éternellement dans le tourment.
On peut – et on doit – aussi s’intéresser à la mythologie grecque pour analyser le récit. La phrase d’accroche “Par peur des oiseaux chanteurs du mois sacré d’Hadès”, fait référence à Hadès, le dieu des enfers, des mondes souterrains et des morts de la mythologie grecque. Et puisque le récit tourne autour d’une disparition de jeune femme, on peut penser que le film évoque l’épisode de l’enlèvement de Perséphone par Hadès.
Hadès a enlevé la fille de son frère, Zeus, et de Déméter. Déméter, qui pourrait ici correspondre à Flora, cherche partout sa fille et décrète que tant qu’elle n’est pas revenue, elle délaissera les récoltes, ce qui provoquera une famine généralisée – ici, c’est le potager qui est laissé à l’abandon, en proie aux herbes folles. Flora est aussi le nom de la déesse romaine des fleurs, des arbres fruitiers et de la fertilité, souvent associée à l’équivalent romain de Déméter, Céres. Ce qui conforte l’hypothèse.
Dans ce cas, Emilio personnifierait Hadès. Ce qui expliquerait qu’il apparaisse à la fin du film, arborant un sourire narquois. Le côté irréel du lieu évoque la conception des enfers selon les grecs antiques. Mais quelle partie? Le Pré de l’Asphodèle, où ceux qui n’ont commis ni crime, ni action vertueuse, errent éternellement? Le Tartare, où se retrouvent les âmes damnées des criminels et des fous, un endroit cerné par des eaux boueuses ? L’Achéron et les marais du Styx, point de passage vers l’au-delà? Ou encore le Léthé, le fleuve de l’oubli? Tous peuvent correspondre. En tout cas, on se trouve bien dans le royaume d’Hadès et la maison constitue son “château”, le lieu où il vit avec Perséphone, prisonnière à jamais des enfers car contaminée par la nourriture des enfers. A jamais ? Pas tout à fait, puisque dans la mythologie, il a été négocié qu’elle puisse ne vivre que six mois aux enfers, en automne/hiver et six mois sur terre, au printemps/en été, pour permettre au sol de laisser éclore la végétation et nourrir les hommes. C’est peut-être pour cela qu’il est précisé, détail en apparence incongru, que l’infirmière américaine vend des oeufs, symboles de fertilité et de naissance. Ces oeufs peuvent aussi être vus, toujours d’un point de vue mythologique, comme les “oeufs cosmiques”, symboles de force créatrice, de renouveau ou de renaissance et également à l’origine de la naissance d’Eros – porteur de la “pulsion de vie”.
Glauco, lui, pourrait correspondre au frère d’Hadès. L’étymologie du prénom (qui signifie “yeux brillants” et renvoie à une couleur bleue-verte qui évoque les mers et les océans) l’associe à Poséidon, dieu de la mer, des forces brutes de la nature et des chevaux (l’un des textes cités par le prêtre pour résoudre le message fait référence à Bacchylide et sa cinquième épinicie, ode au vainqueur de course de chars lors des jeux Olympiques en 476 avant J.C.). Il détient une partie de la vérité et est celui qui a attiré les jeunes femmes vers leur destin funeste. (Dans sa lettre, Barbara dit être tombée amoureuse d’un homme prénommé Glauco, “beau comme un dieu grec”). Glaucos est aussi le nom d’une divinité marine, présenté comme le fils de Poséidon ou comme un humain devenu dieu en mangeant une herbe magique. Il est présent dans certains écrits d’Archiloque, encore un auteur grec cité par le prêtre comme une référence.
Comment voir le personnage principal dans cette configuration? Dénué de prénom, il peut personnifier plusieurs héros de l’Antiquité et leurs quêtes dévorantes. Certains éléments évoquent – de loin – la quête de la Toison d’Or de Jason. D’autres l’histoire de Thésée, perdu dans un labyrinthe où erre le Minotaure, créature mi-bête, mi-homme, guidée par ses instincts primaires. La soeur de Barbara, Arianna, le guide dans sa quête complexe comme Ariane, fille de Dédale, aidait Thésée. Et Ariano, son seul ami à l’asile psychiatrique, l’oriente lui aussi vers le lieu du dénouement. Enfin, le protagoniste est aussi proche d’Orphée, parti aux enfers pour retrouver Euridyce, la femme qu’il aime, mais qu’il perd finalement, incapable d’avoir résisté à la tentation de se retourner pour la regarder. Quand le jeune écrivain voit Barbara pour la première fois, il se retourner et le cinéaste use d’un effet de ralenti, comme pour sceller le sort des deux protagonistes.
Tout concourt à l’idée de personnages prisonniers de leurs destins, d’un univers régi par des forces divines – symbolisant la vie, la mort, la nature brute – contre lesquelles l’homme ne peut pas lutter, sauf à y perdre la raison, ce qui nous amène peu à peu à une troisième interprétation, plus psychanalytique.
On découvre en effet que le personnage principal est un être mentalement fragile. On s’en doutait un peu, puisqu’il faut quand même être dérangé pour s’attacher ainsi à une inconnue aperçue fugacement chez le barbier (en passant, Barbara chez le “barbiere”, quelle ironie…), se lancer dans cette quête aux confins de la folie et de l’horreur et pour se laisser guider par les voix de “ses défunts”, dont il trimballe partout les photos. Mais à plusieurs reprises, il est fait état d’une période d’internement en asile psychiatrique, ce qui indique un état un peu plus sérieux qu’un simple comportement incongru.
On peut imaginer qu’il a perdu plusieurs parents lors de la guerre, et que la perte de sa mère – qu’il évoque mais que l’on ne voit jamais, même à son retour en Italie – a achevé de lui faire perdre pied. C’est pourquoi il s’accroche à Barbara, figure féminine à la fois autoritaire (une militaire) et protectrice (une infirmière), et, plus tard, à Flora, qui incarne la figure maternelle.
Il a probablement écrit ses premiers romans lors de son internement, ce qui explique pourquoi ils n’ont jamais été publiés. Comme il est écrivain et tourmenté, l’intégralité du film peut se voir comme une projection de son esprit malade, une pure invention. A défaut, le film peut correspondre partiellement à une plongée dans son esprit, un labyrinthe mental compliqué, peuplé de monstres et de fantômes.
Là encore, on peut établir un lien entre la mythologie et la psychanalyse. Plusieurs termes utilisés pour définir des états et processus mentaux sont directement associés à des personnages mythologiques.
Psyché, terme pour désigner l’ensemble des activités cérébrales d’un individu, conscientes et inconscientes, est également une princesse grecque d’une grande beauté, qui a suscité la jalousie d’Aphrodite. Celle-ci a envoyé son fils Eros (le revoilà, sorti de l’oeuf cosmique ou de l’union d’Aphrodite et d’Arès, le dieu de la guerre) pour la faire s’éprendre du plus vil des êtres humains, mais il en est lui-même tombé amoureux. Cependant, leur histoire a été émaillée de plusieurs péripéties et de séparations. Pour reconquérir son amant, Psyché a dû surmonter des épreuves impossibles, comme ramener de la toison d’or, de l’eau du Styx et, in fine, une parcelle de la beauté de Perséphone, aux enfers (on y revient…).
Eros, divinité associée à l’amour, au sexe et la puissance créatrice, est aussi, en psychanalyse, associé et opposé à Thanatos. D’un côté, les pulsions de vie, incluant les instinct de préservation et les pulsions sexuelles et de l’autre les pulsions de destruction et de mort. Les deux coexistent chez l’être humain et sont à l’origine des tourments psychologiques, pouvant aller, dans le pire des cas, vers l’autodestruction.
Dans le film de Pupi Avati, Glauco et Emilio peuvent être vu comme la personnification des deux facettes, entrelacées, la chair et l’intellect, le séducteur et le destructeur. Et peut-être des facettes de la personnalité profonde du protagoniste principal.
Barbara peut être rattachée à son Eros, sa pulsion de vie. En tout cas, un but qui le maintient en vie.
Le film explore assurément les obsessions inconscientes et les désirs refoulés du héros. Ses rêves l’attirent vers le contenu du bocal, le fruit défendu. Et il semble aussi fasciné par les interdits (la profanation de sépultures), les actes atroces, immoraux (le tueur en série). La relation avec Flora, la mère de Barbara, suggère une dynamique œdipienne où le héros cherche à compenser l’absence de sa propre mère – qui était la seule femme de sa vie jusqu’à l’apparition de Barbara, simple fantasme érotique – en projetant sur Flora une figure maternelle de substitution. Cette relation, étrange culmine dans une scène où il est contraint d’assurer la toilette de la vieille dame et est gêné, troublé, au moment de s’occuper de ses parties intimes. Une façon d’illustrer la lutte entre ses pulsions sexuelles (le “Ça”) et les interdits moraux (le “Surmoi”).
Les autres femmes qu’il croise, d’Adrianna à l’aubergiste jouée par Chiara Caselli, ont toutes, également, une fonction plus protectrice et autoritaire, plus “maternelle”, qu’un objet de désir.
La scène finale intervient après plusieurs mois de séances d’électrochocs qui l’ont coupé de la plupart de ses pulsions. Il est dans une forme de léthargie – on en revient encore à l’idée de Léthé, le fleuve de l’oubli – mais garde encore une faible pulsion de vie, qui correspond à sa quête d’amour idéal. Cet idéal est modifié, abîmé, vieilli mais lui suffit encore à avancer. Sa créativité est aussi réduite à la plus simple expression – les oeufs du poulailler de l’infirmière – mais ne demande qu’à grandir.
Mais, finalement, la pulsion de mort est toujours là, le guettant et le narguant, puisque la mort finit toujours par triompher de la vie.
Le potager, ce “jardin américain”, peut symboliser l’inconscient du personnage, là où sont refoulés ses désirs honteux, ses souvenirs, ses pensées impures et ses fantasmes morbides. C’est aussi ce qui forme le terreau de ses écrits.
Ce ne sont que quelques pistes d’interprétation. Nous ne sommes pas certains d’avoir tout compris des intentions de l’auteur, et nous ne prétendons certainement pas d’avoir l’érudition et la maîtrise de ces clés d’analyse.
Mais cela laisse à penser que Pupi Avati a composé un film d’une subtilité et d’une complexité rare, parfaitement cohérent malgré son aspect décousu.
Quelque soit la façon de l’appréhender, L’Orto americano est un récit assez sombre et tragique, un voyage funèbre par bien des aspects, et exposant la folie du personnage principal (dépression, obsession malsaine ou trouble mental important). Un vrai film d’épouvante gothique, tordu à souhait. A moins qu’il ne soit simplement un film décrivant l’imaginaire incroyablement fertile d’un écrivain vieillissant, en quête perpétuelle du récit parfait.
En tout cas, une belle façon de boucler la 81ème Mostra de Venise et de célébrer l’art cinématographique.
Contrepoints critiques :
”The plot, at least in the first part, manages to be engaging enough. However, the level of suspension of disbelief required subsequently starts climbing vertiginously, sometimes falling into the incomprehensible or into unintentional comedy.”
(Davide Abbatescianni – Cineuropa)
Crédits photos : Images fournies par le service presse de La Biennale Cinema – copyright Elen Rizzoni