Dans les zones grises d’une agression sexuelle
Voilà un sujet chaud bouillant ! Parole contre parole, un homme et une femme, une accusation de viol ; comment prouver le consentement ou non dans l’intimité d’une relation que l’on pourrait croire consentie vu de l’extérieur ? Ici, une femme appelle la Police depuis la voiture de son agresseur avec lequel elle a pourtant consenti de passer un moment voire plus si affinité. Est-elle mytho ? Est-il un violeur ? Bon, Delphine Girard a le bon goût de ne pas trop la jouer thriller en déployant son scénario ; un peu mais pas trop. L’intime conviction du spectateur est assez vite forgée, mais faire la preuve d’un acte délictuel commis dans l’intimité n’est pas aisée et dénicher les mobiles de l’un et de l’autre (agresseur ou menteuse ?) pas plus simple. Son scénario maintient le suspense mais ne joue jamais du pathos. Entre les deux protagonistes, la femme de Police Secours ayant pris l’appel joue un rôle essentiel de médiateur pour le spectateur ; malgré quelques défauts d’écriture. Les zones d’ombre entourant ce personnage secondaire comme de fausses pistes sans issue détourne inutilement notre attention. Cependant c’est un plaisir de retrouver l’actrice/réalisatrice flamande qui nous a émues aux larmes dans « Alabama Monroe » et « Débacle » : Veerle Baetens. Dans un second rôle, on retrouve aussi une actrice fétiche de Xavier Dolan ; Agnès Dorval offre peut-être la plus belle et plus émouvante partition de la troupe dans le rôle de la mère du potentiel agresseur.
Au terme du film se pose de nombreuses questions sur la présomption d’innocence et le fait de la preuve ; comment faire pour protéger l’accusé et la victime, potentiellement dans le déni ou le mensonge pour chacun d’entre eux ? Comment aussi protéger en amont des agressions les femmes ? Un film prenant de bout en bout malgré les imperfections d’un premier long métrage. On retiendra un grand intérêt pour le sujet et son traitement tout de même.
Sorti en 2024
Ma note: 14/20