La Piel Que Habito

Par Crazyduck @Crazy_Critics

La Piel Que Habito





 

Pourquoi voir La Piel Que Habito ?
Vingt et un ans après Attache-moi !, Pedro Almodóvar retrouve Antonio Banderas pour l'un des films les plus sombres du célèbre cinéaste espagnol.
Réalisateur emblématique du cinéma espagnol et figure emblématique de la Movida madrileña, un mouvement culturel né en Espagne à la fin de la période de transition démocratique, après la mort du général Franco, Pedro Almodóvar incarne parfaitement l'esprit de la Movida à travers ses films qui traitent de la libération des mœurs, de l'homosexualité, de la bisexualité ou encore du travestissement mais également la filiation et les secrets de famille.
Avant de réaliser La Piel Que Habito, Pedro Almodóvar a eu une carrière riche de dix-sept films, parmi ces longs métrages on retrouve Le Labyrinthe des passions (Laberinto de pasiones) avec Cecilia Roth et Imanol Arias, Matador avec avec Antonio Banderas, Assumpta Serna et Nacho Martínez.
Attache-moi ! (¡Átame!) avec Victoria Abril et Antonio Banderas, Talons aiguilles (Tacones lejanos) de nouveau avec Victoria Abril, En chair et en os (Carne trémula) avec Javier Bardem, Francesca Neri et Penélope Cruz dont c'est la première collaboration avec le réalisateur ainsi que Tout sur ma mère (Todo sobre mi madre) avec Cecilia Roth, Candela Peña, Marisa Paredes et Penélope Cruz.
C'est en 2006, après le tournage difficile de La Mauvaise Éducation (La Mala Educación), que Pedro Almodovar retourne au source de son cinéma avec Volver, un film qui reprend un thème cher au cinéaste ibérique, les femmes, entre le réalisateur espagnol et les femmes c'est une grande histoire d'amour.
Après avoir effectué un retour aux sources avec Volver, Pedro Almodóvar réalise trois ans plus tard Étreintes brisées, une œuvre des plus magistrale avec de nouveau une Penélope Cruz (Jamón, jamón, Vanilla Sky) au sommet.
Avec Étreintes brisées, Pedro Almodóvar s’intéresse à beaucoup de thèmes, la vie, la mort, l'amour, la séparation, le handicap, la renaissance, le tout en en rendant un vibrant hommage au cinéma et à la création.
Deux ans après la sortie de Étreintes brisées, Pedro Almodóvar revient avec une œuvre singulière mais pas réellement éloignée de ce qui fait l'essence même de son cinéma, on retrouve les secrets, les relations familiales, les femmes et autre enquête, œuvre mélangeant habillement les genres, thriller psychologique, horreur, drame, fantastique et même un soupçon d'humour, La Piel Que Habito est une œuvre totalement Almodovaresque.
Robert Ledgard (Antonio Banderas), un chirurgien esthétique, met au point une peau synthétique, technique révolutionnaire, néanmoins il garde cette découverte pour lui, il mène des tests sur une femme, Vera Cruz (Elena Anaya), qui vit enfermée dans son manoir dans la région de Tolède.
La relation entre le médecin et son cobaye commence à inquiéter Marilia (Marisa Paredes), la servante du chirurgien esthétique, seule personne qui connait le secret de son employeur, La Piel Que Habito est une première incursion de Almodóvar dans le genre de l'horreur psychologique, une première incursion des plus réussie.
Adaptation du roman Mygale de l'écrivain français Thierry Jonquet, La Piel Que Habito est l'occasion pour Pedro Almodóvar non seulement de livrer un thriller mené de main de maître mais également de sublimer la femme.
Le cinéaste espagnol n'a jamais caché sa fascination pour la gente féminine, la position centrale des femmes dans ses films n'est plus à prouver, ici il sublimes le corps féminin sans pour autant faire preuve de voyeurisme ou de sexualisation, ici le corps féminin est sculpté par un homme totalement emporté par sa folie, une folie dévastatrice tant pour lui que pour son cobaye féminin.
Pour La Piel Que Habito, Almodóvar retrouve son comédien fétiche en la personne de Antonio Banderas (Matador, Femmes au bord de la crise de nerfs), le comédien espagnol qui n'a pas connu de rôle à sa hauteur depuis de nombreuses années, Antonio Banderas incarne une sorte de docteur Frankenstein, un savant fou qui désire plus que tout au monde faire revivre sa défunte épouse même si il doit commettre l'impensable.
Avec La Piel Que Habito, Antonio Banderas retourne aux sources pour le plus grand plaisir des spectateurs, Banderas livre une prestation remarquable aux cotés de Marisa Paredes (Tout sur ma mère, L'Échine du Diable) et Elena Anaya (Lucía y el sexo, Parle avec elle) qui ne sont pas en reste de prestations solides.
Grandement influencé par le film Les Yeux sans visage de Georges Franju de 1962, Pedro Almodóvar livre une œuvre dense sur la folie d'un homme, une folie nullement incontrôlée comme on pourrait le penser, bien au contraire, une folie parfaitement contrôlée et implacable.
Visuellement magnifique, La Piel Que Habito immerge le spectateur dans une atmosphère glaciale et mystérieuse grâce à la photographie de José Luis Alcaine (Attache-moi !, Volver, Everybody Knows), collaborateur régulier de Pedro Almodóvar, ainsi que la musique de Alberto Iglesias (La Mauvaise Éducation, Volver, Les Cerfs-volants de Kaboul) compositeur attitré du réalisateur Pedro Almodóvar, un film au suspense intenable qui tient le spectateur en haleine tout au long du métrage.
Intrigue dense et terriblement bien ficelée, La Piel Que Habito est un thriller qui offre son lot de surprises et de moment totalement loufoques, probablement l'une des œuvres les plus sombres de Pedro Almodóvar, néanmoins La Piel Que Habito reste un Almodóvar avec tout ce que cela comporte, un film qui mélange délicieusement les genres pour le plus grand bonheur des amateurs du cinéaste espagnol.

Synopsis :

Robert Ledgard, un chirurgien esthétique, met au point une peau synthétique, technique révolutionnaire, néanmoins il garde cette découverte pour lui, il mène des tests sur une femme, Vera Cruz (Elena Anaya), qui vit enfermée dans son manoir dans la région de Tolède.
La relation entre le médecin et son cobaye commence à inquiéter Marilia, la servante du chirurgien esthétique, seule personne qui connait le secret de son employeur,

Anecdotes :

La Piel Que Habito a remporté pas moins de quatre Goyas, celui de meilleure actrice, meilleur espoir masculin, meilleure musique et meilleurs maquillages et coiffures.