Speak No Evil (2024) de James Watkins

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Retour de James Watkins au cinéma qui avait disparu des radars après son détour par la télévision avec la série TV "McMafia" (2017-2018) qui avait fait suite à l'échec de son film d'action "Bastille Day" (2016). Le réalisateur-scénariste revient un peu aux sources, à savoir au film d'horreur après son très efficace "Eden Lake" (2008) et "La Dame en Noir" (2012), et ce en choisissant de tourner un remake, celui du film éponyme (2022) de Christian Tafdrup nommé pas moins de 11 fois aux Césars danois : "J'ai entamé ma carrière avec un thriller horrifique, Eden Lake. On peut sans doute le qualifier de film d'horreur "sociétal" dans la mesure où il évoque les conflits entre générations, la peur de gens issus d'un autre milieu que le leur, et l'évolution cyclique de la violence dans la société. J'avais envie de revenir à ce croisement entre le cinéma de genre et des thématiques fortes, et cette intrigue permettait justement de développer un film à la fois divertissant et intelligent." La production est assuré par Jason Blum, pape du film d'horreur depuis une quinzaine d'années dont les récents "Five Nights at Freddy's" (2023) de Emma Tammi et "L'Exorciste : Devotion" (2024) de David Gordon Green, en collaboration aussi de Christian Tafdrup. James Watkins avoue aussi quelques inspirations dont "Le Lauréat" (1967) de Mike Nichols, "Chiens de Paille" (1971) de Sam Peckinpah et "Delivrance" (1972) de John Boorman ainsi que les films de Michael Haneke et Ruben Östlund... 

Les Dalton, une famille américaine se rendent en week-end dans la maison d'une famille britannique qu'ils ont rencontré en vacances. Mais le séjour qui devait être comme un prolongement de ces vacances va virer dans une autre dimension mais idyllique... Les Dalton sont interprétés par Mackenzie Davis vue dans "Blade Runner 2049" (2017) de Denis Villeneuve, "Tully" (2018) de Jason Reitman ou "Terminator : Dark Fate" (2019) de Tim Miller, elle retrouve après la série TV "Halt and Catch Fire" (2014-2017) son partenaire Scoot McNairy vu dans "Destroyer" (2018) de Karyn Kusama, "Once Upon a Time in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino et "Blonde" (2022) de Andrew Dominik et leur fille Alix West Lefler aperçue dans "Meurtres sans Ordonnance" (2022) de Tobias Lindholm. La famille britannique est composée de James McAvoy vu entre autre dans "Glass" (2019) de M. Night Shyamalan, "Ca : Chapitre 2" (2019) de Andrès Muschietti ou "My Son" (2021) de Christian Carion, Aisling Franciosi vue dans "The Nightingale" (2018) de Jennifer Kent, "Impardonnable" (2021) de Nora Fingscheidt ou "The Last Voyage of the Demeter" (2023) de André Ovredal, Kris Hitchen apparu dans "Sorry we Missed you" (2018) de Ken Loach et Motaz Malhees aperçu dans "200 Mètres" (2021) et "The Crossing" (2022) tous deux de Ameen Nayfeh... Le film est un thriller psychologique qui est dans l'ensemble prenant avec une base (le film original) solide mais comme souvent à Hollywood, ce remake va s'avérer plus "sage" et moins malaisant que le film de Christian Tafdrup mais va reprendre quelques paramètres par exemple d'un "Funny Games" (1997) de Michael Haneke. En effet, dans le film original il n'y avait pas de place au décalage tant tout était limpide, les hôtes avaient tout de bizarres et/ou ne malsains, alors que dans ce remake le côté affable et bienveillant des britanniques (McAvoy-Davis) apporte cette folie et impose ensuite un choc plus fort pour les américains (MnNairy-Franciosi).

Si dans cette version il y a évidemment quelques modifications, deux dans le cours du récit avec un changement judicieux et l'autre moins, puis d'autres plus nombreuses en ce qui concerne la dernière demi-heure qui sont là bien moins heureuses. Ainsi on apprécie que le jeune garçon prennent une importance légèrement plus forte, dans son action comme dans l'écriture de son personnage, puis une autre qui est tout bonnement occultée ici alors que c'est quasiment la partie la plus malaisante car qu'y-a-t-il de plus gênant que l'intimité d'un couple ?! (sexe, hygiène...) Mais à Hollywood il vaut mieux éviter a priori. Le casting est par contre plus efficace ici, les physiques ainsi que les charismes imposent une autorité plus logique et naturel. Mais le plus dommageable par contre reste le dernier acte, où les modifications sont les plus importantes et soulignent la censure hollywoodienne. La violence est ici plus passe-partout, dans la norme habituelle au point que rien ne va gêner une classification "tous publics" (en vérité moins de 12) alors que le final du film danois offrent deux séquences quasi insoutenables, visuellement comme émotionnellement. Et ne parlons pas de l'effet happy end sans surprise car si hollywoodien. Le film pêche essentiellement par cette fin trop édulcorée alors que les acteurs offrent une performance certe plus démonstrative mais également qui accentue les tares et les vices de chacun. Un bon cinoche popcorn même si le potentiel a été arasé par ce final plus "facile".

Note :                 

14/20