Ne Dis Rien (2022) de Christian Tafdrup

Par Seleniecinema @SelenieCinema

A ne pas confondre avec le film "Ne Dis Rien" (2003) de Iciar Bollain. Aperçu en tant qu'acteur dans "After the Wedding" (2006) de Susanne Bier, Christian Tafdrup est passé derrière la caméra et après quelques courts métrages il a déjà signé deux premiers longs métrages avec "Foraeldre" (2016) et "En Frygtelig Kynide" (2017), ainsi qu'une série TV "Parterapi" (2018-2020) après laquelle il revient donc avec un film de genre. Co-écrit avec son frère Mads Tafdrup le film connaît un joli succès au Danemark et est remarqué au point que la société phare des films d'horreurs Blumhouse Productions a acheté les droits pour un remake avec la star James McAvoy et prévu pour cet été 2024... En vacances en Toscane, une famille danoise se lie d'amitié avec une famille néerlandaise. Quelques mois plus tard, alors que chacun est rentré chez soi la famille danoise reçoit une carte des Pays-Bas qui s'avère être une invitation pour un week-end chez leurs nouveaux amis. Après quelques hésitations ils acceptent et arrivent dans la maison reculée des néerlandais. Si l'accueil est chaleureux, très vite le séjour va virer au cauchemar... 

La famille danoise est composé de Morten Burian vu dans "Loving Adults" (2022) de Barbara Topsoe-Rothenborg et "King's Land" (2023) de Nikolaj Arcel, Sidsel Siem Koch aperçu dans "Krudttonden" (2020) de Ole Christian Madsen et leur fille jouée par la jeune Liva Forsberg dans son premier rôle. La famille néerlandaise est interprétée par Fedja Van Huêt vu entre autre dans "Karakter" (1997) de Mike Van Diem, "Lucia de B." (2014) de Paula Van Der Oest ou "The Judgment" (2020) de Sander Burger, Karina Smulders vue dans "De Vriendschap" (2001) de Nouchka Van Brakel, "Bride Flight" (2008) de Ben Sombogaart ou "Terug Naar Morgen" (2015) de Lukas Bossuyt, et le fils joué par Marius Damslev apparu auparavant dans "Astrid" (2019) de Pernille Fischer Christensen. Citons aussi l'apparition du franco-tunisien Hichem Yacoubi vu dans "Un Prophète" (2009) de Jacques Audiard, "Le Caire Confidentiel" (2017) de Tarik Saleh ou "Qu'un Sang Impur..." (2020) de Abdel Raouf... Le film débute comme une carte postale, deux familles et une nouvelle amitié même si on sent qu'il s'agit d'une amitié de vacances, qui ne semble donc pas vraiment voué à se poursuivre à l'avenir. Ce la se confirme quand le couple danois réfléchit avant d'accepter l'invitation, il y a ce décalage entre l'engouement des uns et les doutes des autres. Dès le départ rien ne va, il y a de la gêne de la part des danois face justement au sans gêne des néerlandais et on ne le serait pas moins.La musique est un peu trop pompeuse pour bien appuyer le fait qu'il y a évidemment un truc qui ne va pas dans cet accueil. Une musique qui surligne trop alors que déjà la mise en scène ne laisse pas place au doute.

Les néerlandais sont peu affable, peu souriant, ce qui annonce trop logiquement ce qu'on sait déjà. Le malaise est palpable au point que c'est même très inconfortable même pour le spectateur. On se demande pourquoi et comment les danois peuvent rester aussi longtemps devant des hôtes si autoritaires et/ou si intrusifs ; on ne l'accepterait pas de vieux amis alors pourquoi avec des "amis" qui ne sont que des connaissances presque inconnus ?! Mais ça passe, la famille danoise est amorphe, monsieur est un pleutre, madame est effacée et leur fille manque de maturité, une famille qui a tout les stigmates de la victimisation, cible facile pour des psychopathes. Le(s) malaise(s) s'instaurent quasi aussitôt au point que la soudaineté semble emprisonné les danois dans un effroi paralysant malgré quelques sursauts vains. La violence devient physique jusqu'à une scène marquante qui secoue, faite pour briser leurs victimes encore plus profondément, suivi d'un final qui renvoie à une symbolique effroyable à divers niveau et avant un épilogue loin des happy ends hollywoodiens. Le casting manque un peu de poids, les adultes sont trop interchangeables, alors qu'on peut imaginer un psychopathes avec plus de charisme ou de présence pour justifier une certaine emprise. Néanmoins, Christian Tafdrup signeun thriller psychologique malsain à souhait qui ne peut laisser indifférent. Pour les amateurs du genre.

Note :                 

13/20