Forrest Gump (1994) de Robert Zemeckis

Le projet est une adaptation du roman éponyme (1986) de Winston Groom, et dont le scénario est signé de Eric Roth qui a écrit auparavant "La Toile d'Araignée" (1975) de Stuart Rosenberg ou "Suspect Dangereux" (1987) de Peter Yates, mais qui deviendra par la suite un des plus fameux scénaristes à Hollywood avec notamment "Révélations" (1999) de Michael Mann, "L'Etrange Histoire de Benjamin Button" (2008) de David Fincher ou "A Star is Born" (2018) de et avec Bradley Cooper. La production a d'abord proposé le film aux réalisateurs Terry Gilliam, peuis Barry Sonnenfeld mais ils ont refusé pour d'autres projets, c'est ainsi que le choix s'est porté sur Robert Zemeckis réalisateur auréolé des succès de la trilogie "Retour vers le Futur" (1985-1990) ou "Qui veut la Peau de Roger Rabbit ?" (1988). Le scénariste a écrit un scénario qui s'est surtout focalisé sur les onze premiers chapitres du livre, et avec un esprit moins cynique. Le film est un des plus gros succès de l'année engrangeant près de 680 millions de dollars au box-office Monde pour  un budget de 55 millions dont près de 4 millions d'entrées France avec en prime 6 Oscars dont le meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur acteur. A sa sortie le film est déconseillé au moins de 13 ans avec accord parental recommandé, tandis qu'il est tous publics en France... Le récit suit le destin de Forrest Gump, enfant handicapé dans les années 40-50 qui va traverser les décennies en devenant un homme simple et pur mais qui va réussir des exploits hors du commun en attendant d'être enfin aimé par son amie d'enfance... 

Le rôle titre est incarné par Tom Hanks qui venait d'obtenir un premier Oscar pour "Philadelphia" (1993) de Jonathan Demme, et retrouvera Zemeckis pour "Seul au Monde" (2000), "Le Pôle Express" (2004) et "Pinocchio" (2022), jeune il est joué par Michael Conner Humphreys qui ne reviendra qu'une unique fois au cinéma avec "Pathfinders : vers la Victoire" (2011) de Curt A. Sindelar. Jenny est jouée par Robin Wright révélée par "Princess Bride" (1987) de Rob Reiner et retrouvera son réalisateur pour "La Légende de Beowulf" (2007) et "Le Drôle de Noël de Scrooge" (2009), et jeune elle est jouée par Hanna R. Hall vue ensuite dans "Virgin Suicides" (1999) de Sofia Coppola ou "Halloween" (2007) de Rob Zombie. La mère du héros est interprétée par Sally Field vue dans "Norma Rae" (1979) de Martin Ritt, "Jamais sans ma Fille" (1991) de Brian Gilbert et "Madame Doubtfire" (1993) de Chris Columbus. Les deux amis sont joués par Mykelti Williamson qui est alors entre "Sauvez Willy" (1993) de Simon Wincer et "Heat" (1995) de Michael Mann, puis Gary Sinise qui venait de jouer et réaliser "Des Souris et des Hommes" (1992) et retrouvera Tom Hanks dans "Appolo 13" (1995) de Ron Howard et "La Ligne Verte" (1999) de Frank Darabont. Citons ensuite Sam Anderson vu dans "La Bamba" (1987) de Luis Valdez et "Les Aventures d'un Homme Invisible" (1992) de John Carpenter, Afemo Omilami apparu dans "Glory" (1989) de Edward Zwick ou "La Firme" (1993) de Sidney Pollack, Siobhan Fallon Hogan vu plus tard dans "Men in Black" (1997) de Barry Sonnenfeld, "Funny Games U.S." (2007) de Michael Haneke ou "We Needto Talk about Kevin" (2011) de Lynne Ramsay, Geoffrey Blake qui sera aussi dans "Appolo 13" (1995), puis retrouvera Zemeckis pour "Contact" (1997) et "Seul au Monde" (2000) avec Tom Hanks, Mary Ellen Trainor qui est madame Zemeckis à la ville qui tourne plusieurs films avec son époux et plusieurs fois avec Richard Donner avec "Les Goonies" (1985) et la saga "L'Arme Fatale" (1987-1998), Haley Joel Osment enfant star qui va confirmer avec "Sixième Sens" (1999) de M. Night Shyamalan et "A.I. Intelligence Artificielle" (2001) de Steven Spielberg, Michael Jace vu ensuite dans "Strange Days" (1996) de Kathryn Bigelow ou "Boogie Nights" (1997) de Paul Thomas Anderson et surtout remarqué dans la série TV "The Shield" (2002-2008), puis n'oublions pas le rôle non crédité de Kurt Russell qui prête sa voix (et non sa silhouette) à Elvis Presley des années après l'avoir incarné dans le téléfilm "Le Roman d'Elvis" (1979) de John Carpenter et des années après avoir tourné pour Zemeckis dans "La Grosse Magouille" (1980)... Précisons que la musique est signée de Alan Silvestri, compositeur fidèle de Zemeckis, qui offre une nouvelle musique inspirée d'une douce mélancolie et qui s'imbrique joliment entre les morceaux de la B.O. de Elvis Presley à Willie Nelson en passant par Joan Baez, The Doors, Wilson Pickett ou encore Bob Dylan pour une B.O. parmi les plus complète et culte du cinéma... Par contre notons que la musique est à l'instar de quelques événements non dépourvue de quelques anachronismes ou incohérences temporelles, par exemple la chanson "Fortunate Son" de Creedence Clearwater Revival est de 1969 alors qu'elle passe dans le film où on est censé être en 1966-1967, dans la même logique le logo Apple a été créé en 1977 mais apparaît dans le récit quand on est censé être en 1975-1976.

De léger détail mais qui passe car les écarts sont peu importants et que l'histoire reste une fable où on peut remarquer aussi que Forrest Gump n'a pas appris à danser à Elvis, ou n'a pas rencontré JFK. La dimension surréaliste permet donc d'élargir nos oeillères. Si le personnage fabuleux de Forrest/Hanks est à l'origine légèrement limité d'esprit avec un QI de 75 (nous est-il précisé), on peut surtout comprendre qu'il serait plutôt une sorte d'autiste asperger qui n'aurait pas été diagnostiqué de façon plutôt compréhensible quand on est un enfant des années 40. Ainsi, la gentillesse et la simplicité d'action et de réaction de Forrest lui permet de traverser plusieurs décennies de l'Histoire américaine. Il est proche malgré lui du sud ségrégationniste, ne comprend pas tout ce racisme et ne connaît sans doute même pas le terme et/ou ces causes et conséquences, rencontre un président, par au Viêtnam, comprend ce qu'est l'amitié "viril", devient athlète dans différents sports, rencontre un nouveau président, devient emblème national face au bloc rouge sans en connaître les enjeux, devient millionnaire presque malgré lui et surtout cours après son amour de toujours qui, de son côté vit l'autre facette de l'Amérique en flirtant avec les Black Panthers, vit à fond le Flower Power chez les hippies, goûte à toutes sortes de substances et aux coups de ses amours venimeuses, avant de comprendre sans doute trop tard que l'homme de sa vie l'attend depuis si longtemps et si sincèrement. Tout un destin où on voit Forrest serrer la main à plusieurs présidents avec un personnage incrusté dans de réelles images d'archives qui nous dessinent un sourire béat, comme quand il semble tout réussir dans sa vie comme par accident, tout ce qui nous fait un boum de bonheur mais entrecoupé aussi de la tristesse en filigrane quand on sait que Forrest n'est jamais franchement heureux quand il est loin de Jenny/Wright au point que les émotions font des yoyos dans nos âmes et nos coeurs.

Rarement un film aura été aussi émouvant et mélancolique et à la fois aussi drôle et distributeur de dose de bonheur. Plus anecdotique, certaines scènes n'ont pas été assurées financièrement par les producteurs, Tom Hanks a donc financé lui-même certaines parties en échange de 8% des bénéfices brutes (joli coup !), on peut aussi citer la compagnie de pêche "Bubba Gump Shrimp Company" qui a réellement été fondé deux après la sortie du film, et l'ironie du sort  quand le lieutenant Dan/Sinise dit "Si, un jour t'es vraiment capitaine de crevettier, je crois que moi je serai astronaute.", ce qui se confirmera puisque les deux acteurs Hanks et Sinise se retrouvent peu de temps après en astronautes dans "Appolo 13" (1995)... Enfin, pour ceux qui se demandent ce que dit Forrest lors de la manifestation contre la guerre du Vietnam, ce qu'il dit malgré qu'il soit alors inaudible est  : "Quelquefois quand les gens vont au Vietnam, ils rentrent chez leurs mamans sans jambes. Quelquefois ils ne rentrent pas du tout. C'est moche. C'est tout ce que j'avais à dire sur ça."... Zemeckis signe avec ce film une fresque humaine aussi drôle que déchirante, un mélange d'émotions du rire (un peu) aux larmes (un peu plus !) et beaucoup de sourires car c'est vrai, "La vie c'est comme une boîte de chocolat..."

Note :  

Forrest Gump (1994) Robert ZemeckisForrest Gump (1994) Robert ZemeckisForrest Gump (1994) Robert ZemeckisForrest Gump (1994) Robert Zemeckis

20/20

Pour info bonus, Note de mon fils de 15 ans :               

Forrest Gump (1994) Robert ZemeckisForrest Gump (1994) Robert ZemeckisForrest Gump (1994) Robert Zemeckis

15/20