Smith le taciturne

Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Smith le taciturne » de Leslie Fenton.

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« D’où vient son surnom ? Disons que si un jour tu files avec l’argent de la compagnie, tu entendras une voix basse et calme qui te murmureras dans le dos que Smith le taciturne est là »

Employé par une puissante compagnie de chemin de fer, le détective Luke Smith poursuit les trois frères Barton, des pilleurs de train. Si ceux-ci lui échappent une première fois, il parvient à leur tendre un piège et à en abattre deux. Lui-même blessé, Smith bénéficie des soins de Murray Sinclair, un ami d’enfance marié à Marian, la femme qu’il aima des années plus tôt. A peine s’est-il débarrassé du dernier des frères Barton, que Smith soupçonne Sinclair de tremper dans des affaires louches, probablement en lien avec Rebstock, le puissant protecteur des Barton et l’instigateur des attaques des convois ferroviaires…

« Je vous laisse quarante-huit heures pour le faire sortir de votre canyon. Sinon, je viendrais le chercher moi-même »

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Repéré dès le début des années 30 par le Studio Universal, Alan Ladd se voit rapidement mis sur la touche, étant jugé comme étant trop petit et trop blond pour pouvoir plaire au public et s’imposer à l’écran. Se contentant de quelques apparitions, il finit par mettre le cinéma de côté pour mener d’autres aventures professionnelles. Il faut attendre près de dix ans pour le voir retenter sa chance à Hollywood. Physiquement plus mature, il décroche des rôles à la RKO avant de finalement signer à la Paramount où il s’impose très rapidement comme l’une des vedettes du film noir (« Tueur à gages », « La clé de verre » et « Le dahlia bleu » dans lesquels il forme un couple mythique avec Veronica Lake) et du film d’aventures exotiques (« Le défilé de la mort », « Révolte à bord », « Meurtres à Calcutta », tous réalisés par John Farrow). A la fin des années 40, sentant les goûts cinématographiques du public évoluer, la Paramount veut faire de l’acteur une vedette du western, genre auquel il ne s’est jamais frotté jusqu’alors et dont il deviendra pourtant, par la suite, une icône avec notamment « L’homme des vallées perdues ». Pour ce faire, le studio lui offre d’être la tête d’affiche de « Smith le taciturne », qui sera aussi son premier film en couleurs.

« Contrairement à ce que tu crois, je ne tends pas toujours l’autre joue »

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Adaptation du roman éponyme (1906) de Frank H. Spearman, lui-même inspiré d'un véritable détective de la Union Pacific Railroad (Joe Lefors, dont l'un des faits de gloire fut d'avoir arrêté le célèbre bandit Tom Horn), « Smith le taciturne » avait déjà donné lieu a plusieurs adaptations cinématographiques avant qu'Alan Ladd ne prête ses traits au personnage. Sillonnant les routes, le détective voit ainsi sa mission le conduire jusqu’à la bourgade dont il est originaire et où plusieurs attaques de train ont eu lieu. L’occasion pour lui de renouer avec son passé, et notamment de retrouver son meilleur ami et l’épouse de celui-ci, qui reste à jamais son grand amour déçu. Mais dans l’ouest sauvage, en marge de toute civilisation, la frontière entre le bien et le mal est bien plus ténue qu’ailleurs. On l'aura compris : « Smith le taciturne » est un western moral, centré sur la thématique de la loyauté et de la trahison, qui constitue tout l’enjeu dramatique du film. Le héros se retrouvant en effet écartelé entre sa mission et son amitié envers un homme irrémédiablement attiré par le mauvais côté de la loi et inexorablement contraint de faire des choix pour préserver sa probité. Servi par un scénario habile, le film offre ainsi un spectacle réjouissant, qui assure son lot d’action et de rebondissements. Mais surtout, il parvient à installer une ambiance mélancolique (voire même romantique, au sens premier du terme) très particulière qui lui donne un charme spécifique et lui permet de se démarquer véritablement de la plupart des autres westerns de son époque. L’interprétation toute en intériorité d’Alan Ladd y est à l’évidence pour beaucoup, l’acteur osant même – chose rarissime dans les westerns des années 40 et 50 – écraser une petite larme à l’issue du duel final tant attendu. Non content de réaliser une série B de très bonne facture, Leslie Fenton signe surtout là un western terriblement attachant.

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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée, dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine. Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Patrick Brion, ainsi que d’un portrait d’Alan Ladd par Jean-Claude Missiaen (18 min.) ainsi que d’un documentaire sur Alan Ladd (57 min.).

Édité par Sidonis Calysta, « Smith le taciturne » est disponible au sein de la collection Silver en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD seul depuis le 22 mars 2024.

Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.