Ce jour, le Septième Art mais aussi une grande dame du théâtre britannique nous a quitté. Maggie Smith est morte aujourd'hui 27 septembre 2024 à l'âge de 89 ans.
Née en 1934 dans le comté d'Essex en Angleterre d'une maman écossaise secrétaire et d'un père anglais professeur à l'Université d'Oxford. Une enfance dans une famille relative aisée et cultivée dont la scolarité se déroule logiquement à Oxford jusqu'à poursuivre en en 1950 en Art Dramatique à la Oxford Playhouse School. Dès 1951 et la pièce "Children in uniform" (1951) de Christa Winsloe la jeune comédienne enchaîne avec de très nombreuses autres pièces de théâtre dont, évidemment, plusieurs oeuvres de Shakespeare. Elle obtient son premier contrat professionnel pour la revue "New Faces 56'" (1956) jouée à New-York, avec cette même année sa première apparition au cinéma également, dans le film "Child in the House" (1956 - ci-dessous) de Cy Enfield où elle est non créditée.
Elle multiplie les expériences sur les planches avec un petit retour sur grand écran dans "Le Criminel aux Abois" (1958 - ci-dessous) de Seth Holt et Basil Dearden où elle est créditée du rôle féminin principal. Elle est engagée dans la troupe de l'Old Vic Theatre de Londres puis commence à connaître une réelle reconnaissance après avoir assuré un remplacement pour la pièce "Rhinocéros" (1960) de Ionesco mis en scène par Orson Welles aux côtés de Laurence Olivier. Elle connaît alors plusieurs succès, toujours sur les planches notamment avec les pièces "The Private Ear" (1962), "The Public Eye" (1962) et "Mary, Mary" (1963) pour lesquels elle est primée. C'est alors que Laurence Olivier, maître du théâtre britannique s'il en est, lui propose d'entrer dans sa future troupe du Royal National Theatre (RNT). Elle fera partie de la troupe jusqu'en 1970 et va ainsi devenir une des plus grandes vedettes du théâtre londonien.
Ses succès sur les planches amènent d'autres propositions pour le grand écran. Elle participe au joli casting de "Hotel International" (1963) de Anthony Asquith avec le couple star Liz Taylor-Richard Burton et retrouve aussi Orson Welles. Très vite elle atteint le haut de l'affiche en premier lieu avec son mentor Laurence Olivier dans "Othello" (1965 - ci-dessous) de Stuart Burge avec le rôle de Desdémone qui lui offre sa première nomination à l'Oscar. Après la reconnaissance sur les planches, la comédienne devient aussi demandée au cinéma. Elle joue ainsi aux côtés de Rod Taylor et Julie Christie dans "Le Jeune Cassidy" (1965) de Jack Cardiff, aux côtés de Rex Harrison et Susan Hayward dans "Guêpier pour Trois Abeilles" (1967) de J.L. Mankiewicz.
Mais le tournant au cinéma est avec le film "Les Belles Années de Miss Brodie" (1969 - ci-dessous) de Ronald Neame où son rôle d'institutrice pas vraiment comme les autres lui apporte le BAFTA 1970 et l'Oscar 1970 de la meilleure actrice. Suit ensuite un peu comme une cerise sur le gâteau le film "Ah Dieu ! Que la Guerre est Jolie" (1969) de Richard Attenborough mais dans un petit rôle au sein d'un des plus beau casting britannique de l'époque.
Malgré le cinéma qui prend de plus en plus d'importance Maggie Smith joue toujours aussi régulièrement au théâtre. La comédienne quitte la troupe du RNT de Laurence Olivier puis joue dans la pièce "Les Amants Terribles" (1970) de Noel Coward qui est un énorme succès à Londres et qui lui apporte plusieurs prix pour sa performance. Le succès est suivi d'une tournée aux Etats-Unis. Durant cette tournée, outre un divorce, elle est invitée à rejoindre la troupe de théatre de Stratford au Canada ce qu'elle accepte. Elle va alors jouer essentiellement au théâtre à Stratsford et limiter par là même ses projets au cinéma.
Elle tourne donc peu de longs métrages dans les années 70. Elle joue le rôle principal de la comédie d'aventure "Voyages avec ma Tante" (1972) de George Cukor, elle incarne ensuite une femme qui tombe amoureuse d'un homme plus jeune dans le drame "Love and Pain and the Whole Damn Thing" (1973) de Alan J. Pakula, elle est une des convives dans le cluedo "Un Cadavre au Dessert" (1976) de Robert Moore aux côtés de Alec Guiness, Peter Sellers ou David Niven, retrouvant ce dernier aussitôt après au sein d'un casting prestigieux emmené par Peter Ustinov alias Hercule Poirot dans "Mort sur le Nil" (1978 - aux côtés de Bette Davis) de John Guillermin, puis enfin et surtout, elle se confronte à son couple avec d'autres comme Jane Fonda ou Michael Caine dans "California Hotel" (1978) de Herbert Ross et gagne pour son rôle plusieurs prix d'interprétation dont le Golden Globes 79 et l'Oscar 79 de la meilleure actrice dans un second rôle.
Elle revient à Londres en 1980 et reste toujours aussi présente et prolifique sur les scènes londonienne. Le cinéma reste plus parcimonieux. Elle joue aux côtés de Alan Bates et Isabelle Adjani dans "Quartet" (1981) de James Ivory, participe à la superproduction "Le Choc des Titans" (1981) de Desmond Davis où Zeus semble logiquement incarné par Laurence Olivier, retrouve Agatha Christie, Hercule Poirot alias Peter Ustinov mais aussi Jane Birkin dans "Meurtre au Soleil" (1982) de Guy Hamilton, elle est l'épouse du Monty Python Michel Palin dans "Porc Royal" (1984) de Malcolm Mowbray pour lequel elle obtient un nouveau BAFTA 1985 de la meilleure actrice, revient dans un nouveau film en costume dans "Chambre avec Vue" (1985 - ci-dessous) de James Ivory avec Daniel Day-Lewis, Helena Bonham-Carter et surtout Judi Dench, née la même année que Maggie Smith et qu'elle retrouvera encore plusieurs fois, cette dernière en profite pour gagner une nouvelle fois le BAFTA 87 de la meilleure actrice ainsi que le Golden Globes 87 du meilleur second rôle, et n'oublions pas non plus le film "The Lonely Passion of Judith Hearne" (1989) de Jack Clayton qui lui permet d'obtenir son 4ème BAFTA de la meilleure actrice.
Entre temps, l'actrice connaît un succès immense sur les planches avec "Lettice and Lovage" à Londres (1987-1988), puis à nouveau à New-York (1990) qui lui permet d'étoffer sa collection de statuette avec le Tony Award de la meilleure actrice, d'après une pièce spécialement écrite pour elle par Peter Shaffer.
La comédienne alterne toujours entre les genres, très peu de télévision, énormément de théâtre et du cinéma toujours régulièrement. Elle incarne Wendy jeune dans "Hook" (1991) de Steven Spielberg, joue la mère supérieure de Whoopi Goldberg dans le dyptique "Sister Act" (1992-1993 - ci-dessous), joue dans une variation shakespearienne "Richard III" (1995) de Richard Loncraine dans une transposition dans la montée du nazisme des années 30 avec Ian McKellen et Annette Bening, s'amuse avec ses copines Goldie Hawn, Bette Midler ou Diane Keaton dans "Le Club des Ex" (1996) de Hugh Wilson, joue dans la seconde adaptation du roman éponyme de Henry James après "L'Héritière" (1949) de William Wyler avec "Washington Square" (1997) de Agnieszka Holland, retrouve Jane Birkin pour une histoire au sein de la guerre civile irlandaise dans "The Last September" (1999) de Deborah Warner, puis retrouve son amie Judi Dench dans "Un Thé avec Mussolini" (1999) de Franco Zeffirelli qui lui vaut un nouveau BAFTA 2000 de la meilleure actrice.
Le nouveau millénaire débute sur les chapeaux de roue, d'abord avec un casting de rêve dans le drame en costume "Gosford Park" (2001) de Robert Altman qui lui vaut une 6ème nomination à l'Oscar et une multitude de prix en solo ou collectif. Mais surtout la même année elle débute la grande aventure de la sorcellerie en incarnant Minerva McGonagall dans "Harry Potter à l'Ecole des Sorciers" (2001 - ci-dessous) de Chris Columbus.
Ce rôle l'a fait connaître dans le monde auprès des plus jeunes et lui ouvre les portes d'un regain d'intérêt sur le grand écran et le petit... Elle incarne la prof de sorcellerie dans tous les épisodes de la saga jusqu'à l'ultime "Harry Potter et les Reliques de la Mort" (2010) de David Yates.
Entre temps elle joue aussi une amie de Ellen Burstyn dans "Les Divins Secrets" (2002) de Callie Khouri, joue la soeur de Judi Dench dans "Les Dames de Cornouailles" (2004 - ci-dessous avec Judi Dench) de Charles Dance, affronte avec entre autre Rowan Atkinson et Kristin Scott Thomas les "Secrets de Famille" (2005) de Niall Johnson, joue dans le biopic "Jane" (2007) de Julian Jarrold auprès de Anne Hathaway alias Jane Austen, puis participe au film familial "Nanny McPhee" (2010) de Susanna White dont le rôle titre est incarné par Emma Thompson qu'elle retrouve entre deux "Harry Potter".
Alors que la franchise lucrative "Harry Potter" prend fin, la comédienne accepte un projet de télévision dans un genre qu'elle connaît bien avec l'histoire d'une famille noble britannique et de ses domestiques au début du 20ème siècle. Ainsi Maggie Smith incarne la comtesse de Grantham dans la série TV "Downton Abbey" (2010-2015) qui devient un énorme succès mondial multi-primé dont plusieurs prix pour la comédienne dont des Emmy Awards ou des Screen Actors Guild Awards et un Golden Globe 2013.
Elle parte en retraite en Inde dans "Indian Palace" (2011) de John Madden avec son amie Judi Dench, Bill Nighy ou Tom Wilkinson, joue l'ex-femme de Tom Courtenay dans "My Old Lady" (2014) de Israel Horovitz, retrouve ses retraités dans la suite "Indian Palace : Suite Royale" (2015), incarne "The Lady in the Van" (2015 - ci-dessous) de Nicholas Hytner.
Etonnamment, la comédienne n'aura jamais aussi peu joué sur les planches, étant absente pour l'unique fois depuis ses débuts sur plusieurs années, ayant écumée les planches non stop jusque la pièce "The Lady from Dubuque" (2007), puis après une longue pause reviendra pour son ultime rôle au théâtre avec "A German Life" (2019).
Ainsi, cette grande dame du théâtre ne fera pas ses adieux sur les planches mais bien pour le grand écran. D'abord en participant logiquement aux adaptations pour le cinéma de deux suites de "Downton Abbey" (2019-2022 - ci-dessous), avant de jouer dans "Le Club des Miracles" (2023) de Thaddeus O'Sullivan avec Laura Linney et Kathy Bates. Mais son dernier film sera sans doute posthume en attendant l'adaptation de sa dernière pièce "A German Life" (2024) de Jonathan Kent...
Maggie Smith a été marié à l'acteur Robert Stephens (1967-1974) avec qui elle a eu deux fils, puis avec le dramaturge Beverly Cross (1975-1998 année de sa mort).
La comédienne a été atteinte de la maladie de Basedow l'obligeant à une opération des yeux en 1988. Puis elle a eu un cancer du sein diagnostiqué en 2007, dont la chimiothérapie qui a suivi lui a fait perdre ses cheveux, ainsi l'actrice porte une perruque dans ses films entre 2007 et 2009 environ.
Maggie Smith aura écumé les planches comme les plateaux de tournage pendant 70 ans, devant une dse actrices britanniques les plus primées mais aussi les plus populaires en témoigne la pluie d'hommage à travers le monde.
Elle rejoint donc aussi ses partenaires de la saga "Harry Potter" dont Richard Harris, Alan Rickman, Robbie Coltrane ou Michael Gambon un an après lui, jour pour jour...
Maggie Smith est morte ce vendredi 27 septembre 2024 dans un hôpital londonien, à l'âge de 89 ans.