Ce projet est un des grands serpents de mer du Septième Art et est donc logiquement cette année un des grands événements du cinéma. Réalisateur de plusieurs monuments mythiques du cinéma avec entre autre la trilogie "Le Parrain" (1972-1990), "Apocalypse Now" (1979) ou "Dracula" (1992) Francis Ford Coppola est enfin arrivé à sortir son film ultime dont il avait commencé à écrire l'histoire au début des années 80. Le financement a dès le départ été un soucis, mais sans doute aussi l'évolution des effets spéciaux. Le cinéaste relance son projet vers l'année 2000, il tourne de nombreuses images de New-York et fait même plusieurs lectures de scénario avec plusieurs stars. Malheureusement les attentats du 11 septembre 2001 achève de tuer dans l'oeuf la production, au point que le cinéaste va détruire les images tournées de la metropole, il devenait effectivement impossible de continuer alors que l'histoire parle de la reconstruction de New-York après un cataclysme. Finalement l'échec de son dernier film "Twixt" (2011) a peut-être permis au cinéaste de tout remettre à plat et de se replonger dans ses dossiers. Coppola annonce donc le lancement de la production de son film en 2019, pour une nouvelle fois un élément perturbateur avec le Covid. Néanmoins cette fois le cinéaste tient bon et ose enfreindre une règle tacite à Hollywood : ne pas financer un film avec ses fonds propres. Pourtant Coppola revend une partie de ses vignobles , hypothèque et réssemble un budget entre 100 et 120 millions de dollars. A 83 ans, le réalisateur se lance donc enfin à corps perdus dans son histoire et produit lui-même via sa société American Zoetrope. Ce film est un film sommes, en témoigne la liste phénoménale d'une quarantaine d'influences citer par Coppola lui-même d'où sorte des noms aussi prestigieux que Hitchcock, Voltaire, Dickens, Fritz Lang, Spinoza, Mizoguchi, Wells, Fellini ou encore Chaplin. Présenté à Cannes, Coppola a fait sensation à deux reprises, d'abord en dépassant le concept de "quatrième mur", où lors de la séance son personnage principal joué par Adam Driver a pu dialoguer avec un journaliste assis en face dans la salle, puis ensuite en recevant un accueil critique plutôt médiocre voir même très mauvais. Le cinéaste dédie son film à Eleanor Coppola, son épouse décédée en avril dernier et notamment connue pour son documentaire sur le tournage cacophonique du film "Apocalypse Now" pour lequel elle avait été primé d'un Emmy Award...
NewRome, la metropole est dirigée par le maire Franklyn Cicrero, mais doit faire face à la vision progressiste l'architecte César, qui n'est autre que le fiancé de sa fille Julia. Entre-temps la fille du maire, julia, amoureuse opportuniste de César Catilina... César l'Architecte est incarné par Adam Driver vu dans "Annette" (2021) de Leos Carax, "Le Dernier Duel" (2022) et "House of Gucci" (2022) tous deux de Ridley Scott et plus récemment dans "Ferrari" (2023) de Michael Mann, tandis que sa mère est joué par Talia Shire, soeur de Coppola surtout vue dans la trilogie mythique de son frère "Le Parrain" (1972-1990) et connue comme l'épouse de "Rocky" (1976-1990). Le maire est interprété par Giancarlo Esposito vu dans "Okja" (2017) de Bong Joon-Ho ou "MaXXXine" (2024) de Ti West et retrouve après la franchise "Le Labyrinthe" (2015-2018) sa fille alias Nathalie Emmanuel remarquée dans la série TV "Game of Thrones" (2013-2019), aperçue dans la saga "Fast and Furious" (2015-2023) et vue récemment dans le remake "The Killer" (2024) de John Woo, tandis que madame Le Maire est jouée par Kathryn Hunter vue entre autre dans "Tale of Tales" (2015) de Matteo Garrone ou "Pauvres Créatures" (2023) de Yorgos Lanthimos. Citons ensuite Aubrey Plaza vue dans "Scott Pilgrim" (2010) de Edgar Wright ou "Operation Fortune : Ruse de Guerre" (22023) de Guy Ritchie, Shia LaBoeuf vu dans "American Honey" (2016) de Andrea Arnold, "Borg McEnroe" (2017) de Janus Metz Pedersen ou "Pieces of a Woman" (2020) de Kornel Mundruczo, Jon Voight qui retrouve Coppola après "L'Idéaliste" (1997) vu depuis dans "Le Général" (1998) de John Boorman, "Ali" (2001) de Michael Mann, "Les Animaux Fantastiques" (2016) de David Yates ou "Mercy" (2023) de Tony Dean Smith et surtout qui retrouve après "Macadam Cowboy" (1969) de John Schlesinger Dustin Hoffmann star de "Les Chiens de Paille" (1971) de Sam Peckinpah, "Rain Man" (1988) de Barry Levinson ou "Le Parfum, Histoire d'un Meurtrier" (2006) de Tom Tykwer et qui retrouve Adam Driver après "The Meyerowitz Stories" (2017) de Noah Baumbach, Laurence Fishburne qui retrouve Coppola pour la 5ème fois après ses débuts dans "Apocalypse Now" (1979), "Rusty James" (1983), "Cotton Club" (1984) et "Jardins de Pierre" (1987), Jason Schwartzmann fils de Talia Shire et acteur fétiche de Wes Anderson avec "A Bord du Darjeeling Limited" (2007), "Moonrise Kingdom" (2012), "The French Dispatch" (2021) et "Asteroid City" (2023)... Francis Ford Coppola a signé quelques uns des plus grands monuments du Septième Art, et rien que ça il mérite respect et honneur, et surtout une certaine confiance à n'importe quelle projet du maître. Son nouveau film est donc bel et bien un événement même si les premiers échos catastrophiques forment un consensus qui nous attriste forcément. Clairement, malgré la longue liste de ses références et inspirations Megalopolis renvoie très majoritairement à "Métropolis" (1927) de Fritz Lang, auquel il ôté toute l'ampleur humaine (foule, message politico-social, fond et forme visionnaire...) pour quelques personnages élitistes dans une Rome Antique sur le retour avec tout le kitsch et le mauvais goût symbolisé par cette dorure aussi envahissante que omniprésente. Ca brûle les yeux même si le réalisateur impose tout de même quelques plans d'une beauté inouïe.
Le scénario est assez basique, et si on sait que Coppola écrit depuis très longtemps on ne serait pourtant pas surpris si on apprenait que cette histoire ait été imaginé par une Intelligence Artificielle qui aurait eu comme ligne directrice un certain Shakespeare. Les personnages sont cohérent avec le scénario, tout semble d'un manichéisme simplet et simpliste, aucun personnage n'est complexe ou ambigu, tout est limpide et donc pas franchement passionnant surtout que les dialogues n'aident pas dans des tirades pseudo-philosophiques redondantes et poussives. La lutte entre le Maire (symbole du politique aveuglé par son ambition) et l'Architecte (façon savant fou mais visionnaire) est trop binaire, tandis qu'on voit arriver de loin l'histoire d'amour, tandis qu'on a la vamp, le jeune héritier aux dents longues, le banquier honnête... des caricatures qui sont trop lisibles pour amener un quelconque intérêt. Le seul vrai atout reste la mise en scène, Coppola utilise tout son talent et le savoir technique pour nous en mettre plein la vue. Plan séquence, surimpression, collage, split screen... Les effets spéciaux sont de haute qualité exception faite des dorures dont le numérique peu convaincant à l'image des laves d'or de la trilogie "Le Hobbit" (2012-2014) de Peter Jackson. Les acteurs semblent y croire, pourtant il y avait des indices comme la coupe César pour Adam Driver, la course de chars anecdotique, la belle amazone qui déguste du raisins ou pire, cette idée aussi grotesque qu'incompréhensible sur l'arrêt du temps (comment, pourquoi ...etc... ?!). Ainsi, malgré quelques éclairs de génie, ce sont des éclairs qui paraissent comme de la poudre aux yeux devant l'ensemble qui reste boursouflé et pompeux. Une des grandes déceptions de l'année
Note :
08/20