Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Pendez-les haut et court » de Ted Post.
« Vous êtes un sacré foutu idiot, mais vous êtes le meilleur ! »
Sauvé de justesse après avoir été lynché par une bande d’aventuriers qui l’accusaient à tort de voler du bétail, Jed Cooper, reconnu innocent par le juge Fenton, devient marshal. Énergique et habile, il remplit ses fonctions avec une redoutable efficacité et réussit à mettre sous les verrous les pires criminels de l’Oklahoma, espérant secrètement retrouver un jour les auteurs de sa pendaison manquée.
« Nous avons tous nos fantômes. Vous les chassez à votre manière, moi à la mienne ! »
Vedette de la télévision américaine grâce au succès de la série western « Rawhide » (217 épisodes entre 1959 et 1965), Clint Eastwood peine néanmoins à percer à Hollywood où il n’obtient guère plus que des apparitions. C’est par le biais de l’étranger – et plus spécifiquement de l’Italie – qu’il s’imposera au cinéma, grâce à Sergio Leone qui le dirige dans sa « trilogie du dollar » (« Pour une poignée de dollars », « Et pour quelques dollars de plus », « Le bon, la brute et le truand ») qui connait contre toute attente un immense succès planétaire. Eastwood rentre ainsi à Hollywood à la fin des années 60 auréolé d’un nouveau statut et en position de force. Il fonde sa société de production (Malpaso) avec l’argent gagné en Italie afin de pouvoir développer ses propres projets. Le premier d’entre eux sera « Pendez-les haut et court » (1968), film d’autant plus important qu’il s’agit de son premier film américain en tête d’affiche. Un projet dont il souhaite d’abord confier la direction à son ami Sergio Leone, qui préfère décliner la proposition. Essuyant ensuite les refus de plusieurs cinéastes confirmés (Robert Aldrich notamment), il finit par choisir Ted Post, réalisateur venu de la télévision qui l’a dirigé sur plusieurs épisodes de la série « Rawhide » et qui le dirigera à nouveau cinq ans plus tard sur « Magnum force », deuxième épisode de des aventures de « L’inspecteur Harry ».
« Je n’ai jamais vu un homme ayant autant de raisons de mourir »
Pour son premier film américain en tête d’affiche, Clint Eastwood se fait plaisir en reprenant à son compte l’argument de son western préféré, « L’étrange incident » (1943) de William Wellman. Soit l'histoire d'un cowboy sauvé in extremis d'un injuste lynchage qui se voit offrir un poste de shérif, pour nettoyer la région de tout ce qu'elle compte de criminels. Et surtout, en creux, de pouvoir assouvir librement sa vengeance en traquant en toute légalité ses bourreaux. Ce qui donne lieu à un western particulièrement âpre et violent, dans lequel la vie humaine n'a finalement pas beaucoup de prix. La question de la vie humaine a d'ailleurs une place centrale dans le film où, a mesure que le héros arrête des crapules, se succèdent les pendaisons collectives, décidées par un juge intraitable. Le tout sous le regard avide d'une foule se délectant de la violence du spectacle. Comme il n’aura de cesse de le faire par la suite, tout au long de sa longue carrière d’acteur et de réalisateur, Eastwood s’interroge ici sur la notion de justice, renvoyant dos à dos la justice expéditive des milices et celle des autorités légales, qui partagent au fond les mêmes méthodes punitives cruelles et radicales pour punir les crimes et impressionner les esprits. Comme si au fond, la civilisation (la loi et les institutions) ne valait pas mieux que la loi sauvage du plus fort. Dans tous les cas, il pointe la même fascination du peuple américain pour la violence et la mort. En creux, il esquisse aussi un personnage ambigu de justicier vengeur, versant dans le vigilantisme (ces personnages qui jugent légitime de se mettre parfois en dehors de la loi et de recourir illégalement à la violence dans le but de poursuivre une certaine idée très personnelle du Bien), qui sera par la suite sa marque de fabrique autant que l’une de ses obsessions, de « L’inspecteur Harry » à « Joe Kidd » en passant par « Gran Torino » ou « L’affaire Richard Jewell ». Si formellement, on sent des influences évidentes du western italien (ambiance poussiéreuse, amoralité, représentation un peu théâtrale et très esthétisée de la mort et de la violence), on regrettera cependant que le scénario ne développe pas davantage les seconds rôles (notamment celui du personnage féminin interprété par Inger Stevens). D’autant qu’on retrouve autour de Clint Eastwood de nombreux acteurs de talent (Ed Begley, Pat Hingle, Ben Johnson, Bruce Dern, Dennis Hopper, L.Q. Jones…). Pour autant, force est de constater que « Pendez-les haut et court » assure l’essentiel. Et en dépit de ses défauts, il reste un western jouissif, efficace et fort divertissant à regarder.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux présentations respectivement signées par Olivier Père et Jean-François Giré, ainsi que par « Clint Eastwood - Le Franc-tireur » : Documentaire de Michael Henry Wilson (80 min.).
Édité par Sidonis Calysta, « Pendez-les haut et court » est disponible au sein de la Collection Silver en combo blu-ray + DVD depuis le 12 avril 2024.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici