Week-End à Tapei (2024) de George Huang

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Nouvelle production de EuropaCorp de Luc Besson, qu'on croit moribonde et qui surnage pourtant encore avec ce projet que le couple Luc Besson et son épouse Virginie Besson-Silla ont en tête depuis "Lucy" (2013) dont une partie du tournage avait eu lieu à Taipei, ville qui avait littéralement impressionné le couple au point de décider d'y tourner un prochain projet. Outre ses derniers films personnels avec "Anna" (2019) et "DogMan" (2023), Luc Besson revient donc en Producteur-scénariste comme il l'avait fait pour "Arthur, Malédiction" (2022) de Barthélémy Grossman. Il semble qu'au départ il était question d'offrir la réalisation à Olivier Mégaton, fidèle de Besson après "Colombiana" (2011) et les suites "Taken 2 et 3" (2012-2015), et avec qui ont été fait les repérages à Taipei. Mais après une rencontre, finalement le choix s'est porté sur George Huang, remarqué avec ses films "Swimming with Sharks" (1994) ou "Trojan War" (1997) mais qui n'a rien réalisé depuis quelques séries TV dont "American Heiress" (2007)... 

Joey Kwang vit sa vie pied au plancher, mais ses relations avec le plus gros caïd de Taipei franchit un cap de non retour, Obligée de fuir avec son fils de 15 ans elle finit par demander l'aide d'un vieil ami, John Lawlor qu'elle a connu il y a longtemps. Ce dernier, agent de la DEA ne vit que pour son boulot et se retrouve embarqué à l'insu son plein gré dans une lutte sans merci alors que d'anciennes émotions vont se mêler à de nouvelles... Joey Kwang est incarnée par l'actrice taïwanaise Kwai Lun-Mei vue dans "Drug War" (2012) de Johnnie To, "Black Coal" (2014) ou "Le Lac aux Oies Sauvages" (2019) tous deux de Diao Yi'Nan. L'agent de la DEA est joué par Luke Evans qui retrouve Besson après "Anna" (2019), à l'affiche depuis dans"Crisis" (2021) de Nicholas Jarecki ou "Pinoccchio" (2022) de Robert Zemeckis et qui retrouve surtout après ses apparitions dans la saga "Fast and Furious" (2013-2017) son partenaire sud-coréen Sung Kang (dans la saga par intermittence de 2006 à 2023) vu également dans "Ninja Assassin" (2009) de James McTeigue ou "Du Plomb dans la Tête" (2012) de Walter Hill. Citons ensuite Patrick Lee aperçu dans "Imperfect"(2012) de Steve Cheng ou "Circle Line" (2023) de JD Chua, Lu Yi-Ching actrice fétiche de  Tsai Ming-Liang avec "La Saveur de la Pastèque" (2004), "I don't Want to Sleep Alone" (2006), "Visage" (2009) et "Les Chiens Errants" (2014), Pernell Walker apparue dans "Annie" (2015) de Will Gluck ou "Money Monster" (2016) de Jodie Foster, puis enfin n'oublions pas l'ado fils de l'héroïne joué par Wyatt Yang dans son premier rôle... Premier constat se fait par rapport à la promesse vis à vis de l'inspiration initiale à savoir Taipei, George Huang précisant d'ailleurs : "Cette biodiversité, à l'esthétique spectaculaire, est devenue la signature visuelle du film." Malheureusement Taipei n'est jamais réellement mis en valeur ou, du moins, n'est pas écrit comme étant un personnage à part entière. En résumé Taipei au générique épileptique, à un village de pêcheurs et au palace Marriott. Pas franchement étonnant, la méthode Besson est archi éculé depuis bien des années et ourrait se résumer à de l'action simple, efficace et surtout simple dans la droite lignée des "Taxi" (1998-2018), "Taken" (2008-2015) voir son faineant "Anna" (2019)...

Les méchants sont des caricatures avec des soldats faciles à tuer, un leader bodybuildé très très méchant, un magnat dos au mur, tandis qu'évidemment l'amour est plus fort que tout avec en prime le paramètre archi éculé de la paternité. Besson se repose sur ses lauriers et on le remarque tant il place l'action partout et ne s'applique pas du tout sur le reste créant ainsi des faux raccords dont certains assez grossiers (un mec assommé ou tué qui disparaît soudain...), le pire étant de combler les trous du scénario avec des flash-backs inutiles ou plutôt superficiels et tournés vite fait (4-5 plans de baisers fougueux feront l'affaire !). Les scènes d'action sont plutôt efficaces dans l'ensemble, mais restent d'une moyenne commerciale sans surprise, on notera surtout la partie cuisine du début, ou les 20 secondes de corps à corps au couteau griffe (acteur impressionnant vu mille fois dans des productions du genre sous-exploité et même pas crédité au générique) ; a contrario fusillade dans hôtel sans aucune inspiration, duel final ennuyeux et mal monté. Mais il y a quelques idées intéressantes même si ça ne révolutionne en rien la chose, comme la femme pilote qui joue à égalité avec son agent de la DEA, le magnat corrompu réellement amoureux, et surtout la violence qui va jusqu'au tabou concernant les enfants. Un bon point pour la jolie osmose familiale. En conclusion, Besson signe un scénario convenu et formaté, mis en scène de façon tout aussi standardisé, ce qui comblera les amateurs pour une séance décérébrée.

Note :  

09/20