Ce début d'automne est décidément bien triste, en l'espace de quelques jours nous avons dit adieu à Maggie Smith, Didier Kaminka, Kris Kristofferson et nous ajoutons à la liste désormais du Spendide Michel Blanc mort hier 04 octobre 2024 à seulement 72 ans.
Né en 1952 à Courbevoie, il est le fils unique d'un père déménageur qui deviendra ensuite "déclarant de douane", et d'une mère dactylo qui deviendra comptable. Il est choyé par ses parents, d'autant plus qu'il lui est détecté un souffle au coeur qui va l'amener à devenir légèrement hypocondriaque. Il passe son enfance dans la banlieue ouvrière de Puteaux, déjeune quotidiennement chez ses grands-parents à Colombes. Au lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine il rencontre ceux qui seront ses amis pour la vie : Thierry Lhermitte, Christian Clavier et Gérard Jugnot. Il se passionne pour le piano au point de prendre des cours et mêem de s'y consacrer une année entière alors qu'il a 20 ans. Mais n'arrivant pas réellement à percer il rejoint ses potes avec la troupe du Spendid qui se forme en 1974 avec aussi Josiane Balasko, Bruno Moynot et Marie-Anne Chazel.
Durant des années la troupe crée et monte plusieurs pièces de théâtre comme "Je vais Craquer", "Le Pot de Terre contre le Pot de Vin"et d'autres qui vont devenir des films plusieurs années plus tard comme "Bunny's Bar" ou "Amours, Coquillages et Crustacés". Mais en parallèle les comédiens courent les casting pour le cinéma et Michel Blanc suit évidemment le mouvement avec ses copains.
Sa première apparition sur grand écran est dans "Les Filles de Malemort" (1974) de Daniel Daert, mais ensuite l'acteur va la plupart du temps se retrouver dans des seconds voir petits rôles aux côtés de certains de ses amis du Splendid. Ainsi, si il joue "seul" dans "Je t'aime moi non PLus" (1976) de Serge Gainsbourg et "La Meilleure Façon de Marcher" (1976 - ci-dessous avec Patrick Dewaere) de Claude Miller le jeune Michel Blanc n'est pas perdu puisqu'il joue avec Clavier, Jugnot, Lhermitte, Chazel, Balasko et Moynot, les uns ou les autres notamment dans "Que la Fête commence" (1974) de Bertrand Tavernier, "Attention les Yeux" (1975) de Gérard Pirès, "On aura Tout Vue" (1976) de Georges Lautner, "Le Locataire" (1977) de Roman Polanski, "Le Diable dans la Boîte" (1977) de Pierre Lary, "Le Point de Mire" (1977) de Jean-Claude Tramont, mais aussi avec d'autres potes dans "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine" (1977) de et avec Coluche...
Prolifique et omniprésent Michel Blanc et ses copains vont connaître un tournant, citons encore "Des Enfants Gâtés" (1978) de Bertrand Tavernier, "La Tortue sur le Dos" (1978) de Luc Béraud, "Les Héros n'ont pas Froid aux Oreilles" (1978) mais surtout le succès de leur pièce "Amours, Coquillages et Crustacés" est adapté au cinéma, tous les membres du Splendid co-écrivent le scénario, et choisissent leur réalisateur pour ce qui va devenir la comédie "Les Bronzés" (1978 - ci-dessous) de Patrice Leconte où tous jouent pour en faire un succès en salle avec plus de 2,3 millions d'entrées France. Mais surtout le film va devenir culte et traverser les générations.
Néanmoins, l'acteur continue à accepter des seconds rôles plus ou moins consistants comme dans "La Geule de l'Autre" (1979) de Pierre Tchernia, "L'Adolescente" (1979) de Jeanne Moreau ou "Cause Toujours... Tu m'Intéresses !" (1979) de Edouard Molinaro, mais surtout il retrouve sa troupe pour réitérer l'exploit en signant tous ensemble la suite "Les Bronzés font du Ski" (1979 - ci-desssous) de Patrice Leconte avec un nouveau succès populaire avec plus de 1,5 millions d'entrées France, si la baisse des entrées paraît décevante la postérité en fera également un film culte ("Pays merveilleux...") et nombreux sont ceux qui le considèrent même bien meilleur que le premier opus.
Il apparaît dans "Le Cheval d'Orgueil" (1980) de Claude Chabrol mais va enfin voir sa carrière s'envoler avec un succès plus personnel bien que toujours entouré de ses amis. Il écrit le scénario de la comédie "Viens chez moi, j'habite chez une Copine" (1981 - ci-dessous) de Patrice Leconte où il joue l'ami benêt aux côtés du beau gosse de Bernard Giraudeau mais avec aussi la participation de Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot. Il transforme l'essai aussitôt en signant "Ma Femme s'appelle Reviens" (1981) toujours de Patrice Leconte avec Anémone proche alors du Splendid.
Il retrouve ensuite toute la troupe pour un nouveau long métrage siglé Splendid avec une nouvelle adaptation d'une de leur pièce de théâtre avec "Le Père Noël est une Ordure" (1982) de Jean-Marie Poiré, écrit et interprété par toute la troupe pour un nouveau succès avec ses 1,6 millions d'entrées France et un nouveau culte de la comédie à la française, mais avec un tout petit rôle pour Michel Blanc, mais cultissime puisqu'il incarne l'obsédé au téléphone.
L'acteur poursuit dans le genre de la comédie, souvent en jouant des pauvres types, plus ou moins loosers et/ou dragueurs maladroits dont "Circulez y'a Rien à Voir" (1983) de Patrice Leconte, joue aux côtés de la légende américaine Jerry Lewis dans "Retenez-Moi ou je fais un Malheur" (1983) de Michel Gérard, puis retrouve une nouvelle fois sa troupe historique pour écrire et joué dans "Papy fait de la Résistance" (1983 - ci-dessous) de Jean-Marie Poiré qui bat tous leurs records précédents avec plus de 4 millions d'entrées France et une nouvelle collection de scènes mythiques au Panthéon de la comédie française.
L'acteur-scénariste en profite pour passer à son tour derrière la caméra pour réaliser "Marche à l'Ombre" (1984 - ci-dessous) où il est SDF avec son pote Gérard Lanvin. Cette fois le carton est plein avec un public qui suit pour atteindre 6,1 millions d'entrées France, son premier vrai succès personnel.
Il retrouve de nombreux partenaires comme Gérard Depardieu et Miou-Miou dans "Tenue de Soirée" (1986 - ci-dessous) de Bertrand Blier avec un rôle qui lui permet de gagner le prix d'interprétation au Festival de Cannes 1986, retrouvant Depardieu la même année dans "Les Fugitifs" (1986) de Francis Veber dans un caméo non crédité, puis retrouve plusieurs membres du Splendid dans "Sans Peur et sans Reproche" (1988) de et avec son pote Gérard Depardieu, puis est avec Josiane Balasko pour intégrer un autre univers dans "Une Nuit à l'Assemblée Nationale" (1988) de Jean-Pierre Mocky.
Puis arrive un autre tournant dans sa carrière en incarnant "Monsieur Hire" (1989 - ci-dessous) de Patrice Leconte, tiré du roman "Les Fiançailles de M. Hire" (1933) de Georges Simenon qui avait déjà inspiré "Panique" (1946) de Julien Duvivier. Aux côtés de Sandrine Bonnaire, l'acteur trouve là sans aucun doute le rôle de la maturité. Ce qui amène d'autres projets avec "Chambre à Part" (1989) de Jacky Cukier avec Jacques Dutronc mais surtout il obtient son premier rôle dans un film étranger, à savoir la production britannique "Strike it Rich" (1990) de James Scott avec John Gielgud qu'il retrouve en suite dans "Prospero's Books" (1991) de Peter Greenway.
Entre temps il joue dans le drame "Uranus" (1990 - ci-dessous) de Claude Berri où il retrouve un casting prestigieux dont Depardieu, Jean-Pierre Marielle, Philippe Noiret ou Michel Galabru, enchaîne avec "Merci la Vie" (1991) de Bertrand Blier encore avec Depardieu ou jean Carmet, puis retrouve toute l'équipe du Splendid dans "Les Secrets Professionnels du Docteur Apfelglück" (1991) mis en scène par plusieurs réalisateurs dont Thierry Lhermitte avant de retrouver une production internationale avec "La Montre, la Croix et la Manière" (1991) de Ben Lewin avec Bob Hoskins ou Natasha Richardson.
Michel Blanc revient derrière la caméra avec la comédie caustique "Grosse Fatigue" (1994 - ci-dessous) où il joue un double rôle dont le sien aux côtés de tous ses potes du Splendid qui jouent tous leurs propres rôles ; le premier film avec l'intégralité du Splendid depuis "Papy fait de la Résistance" (1983). Le cinéaste gagne le Prix du meilleur scénario au Festival de Cannes, tandis que le film reçoit un accueil critique et public très chaleureux.
La même année il participe à "Prêt-à-Porter" (1994) de Robert Altman au casting international mené par Marcello Mastoianni et Sophia Loren, tourne avec "Le Monstre" (1994 - ci-dessous) de et avec Roberto Begnini avant de retrouver le plus grand trio du moment avec "Les Grands Ducs" (1996) de Patrice Leconte avec Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort et Philippe Noiret.
Il repasse à la réalisation avec la comédie chorale "Embrassez qui vous Voudrez" (2002) où il invite entre autre Charlotte Rampling, Jacques Dutronc et Carole Bouquet, un film qui reçoi un joli accueil aussi, puis ensuite il incarne un fermier qui se la joue "L'Amour est dans le Pré" dans "Je vous trouve très Beau" (2005 - ci-dessous avec sa réalisatrice et sa partenaire) de Isabelle Mergault, avant de retrouver toute sa troupe du Splendid pour une suite qu'on attendait plus... ou pas ! Ainsi ils se retrouvent tous plus de 25 ans après dans "Les Bronzés 3 : Amis pour la Vie" (2006) de Patrice Leconte, qui reçoit un accueil critique calamiteux mais qui explose le box-office avec plus de 10 millions d'entrées France ! Le film est une preuve concrète que le box-office ne reflète pas la qualité intrinsèque du film tant les critiques a posteriori reste très médiocres. Le Splendid l'avoue et émet de fortes réserves à un éventuel prochain projet ensemble...
L'acteur change ensuite de registre avec le drame "Les Témoins" (2007 - ci-dessous) de André Téchiné avec Emmanuelle Béart et Sami Bouajila, joue dans le polar "Le Deuxième Souffle" (2007) de Alain Corneau d'après un roman de José Giovanni déjà porté à l'écran avec le film éponyme "Le Deuxième Souffle" (1966) de Jean-Pierre Melville, reprenant ainsi le rôle qui était tenu par Jean-Paul Meurisse.
Citons ensuite le prof témoin des amours adolescentes dans "Nos 18 ans" (2008) de Frédéric Berthe, pusi retrouve Jugnot et Balasko dans le film choral "Musée Haut, Musée Bas" (2008) de Jean-Michel Ribes, retrouve le drame avec de fait divers de "La Fille du RER" (2009) de André Téchiné avec Emilie Dequenne et Catherine Deneuve, puis écrit le scénario et joue dans "Une Petite Zone de Turbulences" (2009 - ci-dessous) de Alfred Lot.
Il joue ensuite un père en relation conflictuelle avec sa fille Mélanie Laurent dans "Et Soudain, tout le Monde me Manque" (2011) de Jennifer Devoldère, il est le directeur de cabinet du ministre Olivier Gourmet dans l'excellent "L'Exercice de l'Etat" (2011 - ci-dessous) de Pierre Schoeller qui lui permet d'obtenir le César du meilleur second rôle, retrouve son amie dans "Demi-Soeur" (2013) de et avec Josiane Balasko, joue dans une production américaine avec "Les Recettes du Bonheur" (2014) de Lasse Hallström avec Helen Mirren et Charlotte Le Bon...
L'artiste commence alors a multiplié un peu plus les expériences en allant chez d'autres groupes, plus jeunes souvent et dans des univers différents. Il joue dans "Les Souvenirs" (2015) de et avec Jean-Paul Rouve qu'il retrouve aussitôt après dans la comédie à gros budget et au casting mené par la nouvelle star comique Kev Adams dans l'oubliable "Les Nouvelles Aventures d'Aladin" (2015) de Arthur Benzaquen, puis joue aux côtés de Romain Duris et Alice Belaïdi dans "Un Petit Boulot" (2016) de Pascal Chaumeil dont il écrit aussi le scénario, puis incarne le ministre dans "Raid Dingue" (2017 - ci-dessous) et de avec Dany Boon qui se voit contraint d'engager la fille du ministre jouée par Alice Pol. Il réalise ensuite son ultime film derrière la caméra, "Voyez comme on Danse" (2018) avec ses fidèles Carole Bouquet, Jean-Paul Rouve, Charlotte Rampling ou Jacques Dutronc.
Il joue ensuite le "Docteur ?" (2019) de Tristan Séguéla qui se trouve un remplaçant vite fait bien fait pour une nuit mouvementée, puis retrouve Jean-Paul Rouve coup sur coup dans la suite à succès "Les Tuche 4" (2020) de Olivier Baroux et "Les Cadors" (2023) de Julien Guetta, incarne ensuite un vieux qui retourne sur les bancs de l'école primaire dans le sympathique "Les Petites Victoires" (2023 - ci-dessous) de Mélanie Auffret avant d'aider à l'insu de son plein gré Louane Emera dans "Marie-Line et le Juge" (2023) de Jean-Pierre Améris.
Entre temps, n'oublions pas son prix anniversaire, réuni avec tous ses potes pour un César d'Honneur en 2021 largement mérité au vu de leur apport certain au cinéma français de ces 50 dernières années.
Son dernier film sera malheureusement posthume, "La Cache" (2025) de Lionel Baier adapté du roman éponyme (2015) de Christophe Boltanski, Prix Femina 2015.
Michel Blanc va rester éternellement un gars du Splendid, et même si le personnage de Jean-Claude Duss dans la trilogie "Les Bronzés" (1978-2006) lui colle à la peau il aura prouver maintes fois ses talents d'écriture et son jeu à la palette plus large et subtil que les plus grandes comédies des années 80 on pu montrer.
Michel Blanc est donc le premier Splendi a nous quitté. Il est mort ce jeudi 03 octobre 2024 à seulement 72 ans d'un malaise cardiaque suite choc anaphylactique à l'occasion d'un examen médical dans l'après-midi. Pour finir, on s'associe à son ami Gérard Jugnot et son mot de désolation sur les réseaux sociaux : "Putain, Michel... Qu'est-ce que tu nous a fait..."