Quand vient l'Automne (2024) de François Ozon

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Toujours aussi prolifique que régulier (quasi un film par an) depuis "Sitcom" (1998) le réalisateur François Ozon a voulu avant tout revenir à un scénario original ancré dans le réel après avoir signé plusieurs comédies et/ou adaptations littéraires, il explique : "On y retrouve les thèmes de la culpabilité et du meurtre, mais sur un autre ton, dans une atmosphère à la Simenon, que j'ai toujours beaucoup aimé." Pour imaginer son histoire  le cinéaste s'est rappelé une histoire personnelle, à savoir que quand il était enfant, une de ses tantes avait malencontreusement rendue malade sa famille lors d'un repas : "Pendant la nuit, tout le monde avait été très malade, sauf elle, qui n'en avait pas mangé. Cette histoire m'avait fasciné et je soupçonnais ma tante, si gentille et bienveillante, d'avoir voulu empoisonner toute la famille (ce qui était un peu mon désir profond) !" Le réalisateur-scénariste co-écrit son scénario avec Philippe Piazzo avec qui il a déjà collaboré sur "Frantz" (2016), "L'Amant Double" (2017) et "Mon Crime" (2023). Pour étoffer son histoire le cinéaste cité comme influence "Le Roman d'un Tricheur" (1936) de Sacha Guitry... Michelle, grand-mère bien sous tous rapports vit sa retraite dans un petit village de Bourgogne, non loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite pour lui déposer son fils Lucas pour les vacances. Mais un incident culinaire gâche la visite et va avoir des conséquences dramatiques... 

Michelle est incarnée par Hélène Vincent vue dernièrement dans "L'Astronaute" (2022) de te avec Nicolas Giraud et "Colocs de Choc" (2024) de Elodie Lélu, puis retrouve après "Grâce à Dieu" (2018) son réalisateur ainsi que ses partenaires Josiane Balasko vue récemment dans "Des Mains d'Or" (2023) de Isabelle Mergault et "Captives" (2023) de Arnaud des Pallières, puis Pierre Lottin vue entre autre dans "La Nuit du 12" (2022) de Dominik Moll, "Vivants" (2023) de Alix Delaporte ou "Un Homme en Fuite" (2024) de Baptiste Debraux. Citons ensuite Ludivine Sagnier qui avait déjà tourné sous la direction de Ozon à ses débuts avec "Huit Femmes" (2002), "Swimming Pool" (2003) et "Gouttes d'Eau sur Pierres Brûlantes" (2000) après lequel elle retrouve aussi Malik Zidi vu dans "Goutte d'Or" (2022) de Clément Cogitore ou "Le Mangeur d'Âmes" (2024) de Julien Maury et Alexandre Bustillo. Citons encore Sophie Guillemin qui confirme son retour après des années d'absences avec entre autre "L'Île Rouge" (2023) de Robin Campillo, "Boléro" (2024) de Anne Fontaine ou "Juliette au Printemps" (2024) de Blandine Lenoir, Paul Beaurepaire qui était dans "Mon Crime" (2023) et vue cette même année dans "Le Temps d'Aimer" (2023) de Katell Quillévéré et "La Vénus d'Argent" (2023) de Héléna Klotz, Sidiki Bakaba grand metteur en scène et comédien ivoirien aperçu dans "Le Professionnel" (1981) de Georges Lautner ou "Descente aux Enfers" (1986) de Francis Girod ou dans ses propres films comme "Les Guérisseurs" (1988) ou "Sur les Traces de Toussaint Louverture" (2008), Vincent Colombe apparu dans "Mon Roi" (2015) et "Jeanne du Barry" (2022) tous deux de Maïwenn, et n'oublions pas le jeune Garlan Erlos dans son premier rôle... La musique est signée de Evgueni Galperine, qui retrouve le réalisateur après "Grâce à Dieu" (2017) et qui a depuis signé les B.O. de films comme "L'Evénement" (2021) de Audrey Diwan, "La Dernière Reine" (2022) de Adila Bendimerad et Damien Ounouri ou encore "Une Affaire d'Honneur" (2023) de et avec Vincent Pérez... Si on aime beaucoup François Ozon, il a déjà signé des drames plus ou moins "chabroliens", des films assez lent et/ou contemplatifs, mais là il abuse de scénettes aussi ennuyantes qu'ennuyeuses tant on perçoit qu'elles existent en si grand nombre parce qu'il faut combler un scénario qui se suffit pour un moyen métrage. Ainsi on a droit à de longues minutes où mamie fait son potager, cuisine, fait le ménage... mais sans qu'aucun de ces passages ne servent le récit. Ce comblement amène aussi à des séquences peu crédibles, ou plutôt pas très cohérentes autour des chronologies, passé et présent autour des personnages... En effet, on nous fait comprendre que le petit-fils vient en vacances chez mamie régulièrement, qu'ils sont proches, que mamie vit dans ce village depuis des années loin de son passé parisien, et rappelons que la Bourgogne n'est pas loin de Paris... etc... plusieurs infos qui ne correspondent pas pourtant aux actions réactions des personnages sur plusieurs séquences. Il est étonnant de voir le petit-fils s'étonner devant le panorama du village qu'il connaît déjà, il est bizarre de voir leur retrouvaille comme si il ne s'était pas vu depuis longtemps, le pire sera à la fin... ATTENTION SPOILERS !... Le petit-fils est étudiant, et revient comme l'enfant prodigue parti loin et longtemps, heu... il a passé son adolescence dans le village semble-t-il, il n'est donc pas parti depuis si longtemps, et surtout Paris n'est pas loin on se doute qu'il rentrait régulièrement pour venir voir sa grand-mère qui n'est pas loin... FIN SPOILERS !...

Ce sont de petits détails, qui ne touchent pas réellement l'intrigue principale, mais ils sont si voyants, si bêtes qu'ils parasitent un chouïa le récit. Les acteurs sont excellents, surtout les actrices d'ailleurs et le duo Vincent-Balasko particulièrement touchant. On en dira pas autant de Pierre Lottin qui surjoue un peu trop le gars monolithique, tandis que Malik Zidi (quasi méconnaissable) reste en quasi caméo. Sinon pour faire court l'intrigue est plutôt bien mené et amené jouant sur les secrets d'une vie qui influent par ricochet certains choix de vie, juste un bémol sur le point de départ ; en effet, un gars qui sort de prison se mêle de la relation mère-fille dont il ne connaît pas grand chose, qui n'a pas vu la fille depuis longtemps et se décide à une visite de "courtoisie" ?! Pas très vraisemblable. Par contre le côté enquête laisse à désirer, déjà on se dit qu'en 2024 la qualité de la caméra surveillance et/ou des techniques vidéos auraient sans aucun doute des réponses, mais surtout l'enquêtrice pose finalement aucune vraies questions et ne poussent en rien les investigations (voisinage, sur un balcon à Paris aucun témoin ?!, pas de voiture il prend donc obligatoirement les transports en commun... etc...). Bref l'enquête ne tient pas la route alors finalement pourquoi revenir sur une décision surtout que l'autopsie n'a pas été réalisé et donc l'affaire a été classée. Comment une simple enquêtrice peut-elle rouvrir l'affaire ?! La mise en scène est élégante, les relations intra-familiales et amicales sont intéressantes mais le scénario est juste un vrai gruyère qui ne peut convaincre. On aura connu François Ozon plus inspiré, ou du moins plus appliqué. Dommage.

Note :  

13/20